L'Allemagne et les Pays-Bas : voilà les deux adversaires que le tirage au sort effectué mercredi à Lausanne, en Suisse, a désignés pour la France lors de la prochaine Ligue des nations. Si le nom vous rappelle celui de Ligue des champions, c'est normal, cette nouvelle compétition a été mise en place par l'UEFA, qui organise déjà la plus prestigieuse compétition de clubs.
Le principe de cette nouvelle Ligue des nations, organisée tous les deux ans (les années impaires, celles sans Mondial ni Euro), avait été adopté en 2014 par l'UEFA. À l'origine de ce projet, un certain Michel Platini, alors président de l'instance et désireux de relancer l'intérêt pour les matches des équipes nationales. "Les amicaux n'intéressent plus personne, ni les journalistes ni le public, les fédérations ont demandé une compétition", avait alors insisté "Platoche".
Quatre ligues, quatre groupes, un trophée. Ne croyez pas les on-dit : non, la Ligue des nations, ce n'est pas (si) compliqué. Les 55 équipes nationales du continent européen ont été réparties dans quatre ligues (A, B, C et D) en fonction de leur coefficient UEFA, avec les sélections les plus fortes dans la ligue A et les plus faibles dans la D.
Les ligues sont elles-mêmes divisées en poules de trois ou quatre équipes qui vont s'affronter pendant une phase de groupes, de septembre à novembre 2018. À l'issue de ces rencontres, les quatre premiers de chaque groupe auront droit à une promotion dans la ligue supérieure (sauf ceux de la Ligue A) et les quatre derniers seront relégués dans la ligue inférieure (sauf ceux de la Ligue D). Les quatre vainqueurs des groupes de la Ligue A disputeront un "final four", un tournoi final organisé du 5 au 9 juin 2019, pour tenter de décrocher le titre de cette nouvelle compétition.
"Il fallait une carotte sportive pour que ce soit intéressant. Il y avait les espaces des matches amicaux qu'il fallait remplir", relève notre consultant Raymond Domenech, ancien sélectionneur de l'équipe de France entre 2004 et 2010, qui insiste sur le fait que cette Ligue des nations ne va pas prendre de places supplémentaires dans le calendrier. Les clubs, qui rémunèrent les joueurs, l'auraient mal pris. "C'est la moins mauvaise formule pour se substituer aux matches amicaux et faire en sorte que les équipes nationales continuent d'exister tout au long de l'année", souligne-t-il. "Parce que les clubs prennent de plus en plus de place et là, c'est un moyen d’équilibrer un petit peu le rapport de forces, avec une vraie compétition qui va durer toute l'année." L'actuel sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps, s'est lui aussi dit enthousiaste après le tirage au sort. "C'est un groupe relevé (avec l'Allemagne et les Pays-Bas, ndlr) mais c'est le principe de cette Ligue des nations : avoir des matches de prestige avec un intérêt sportif", a estimé "DD" sur la chaîne L'Équipe. "La concentration et l'adrénaline seront un peu plus naturelles. C'est mieux pour les joueurs, les médias, le public."
Quatre places pour l'Euro. Pour les équipes se trouvant dans les ligues B à D, l'intérêt sportif ne peut être celui de remporter l'épreuve, possibilité offerte seulement aux équipes de la ligue A en fin de saison. Mais l'UEFA a prévu une autre "carotte sportive" que le titre de vainqueur de la Ligue des nations : un ticket pour l'Euro. C'est là où ça se complique (un peu).
Dans un premier temps, les traditionnels éliminatoires, disputés de mars à novembre 2019, offriront 20 billets pour l'Euro 2020, dans un système de qualification similaire aux éditions précédentes. Puis, dans un second temps, fin mars 2020, il y aura une phase de barrages, qui remplacera les matches aller-retour qui opposaient les 3èmes des groupes de qualification. Seize équipes, pas encore qualifiées pour l'Euro, y participeront, avec quatre tickets pour l'Euro au bout. Il s'agira des seize vainqueurs des groupes de la Ligue des nations, répartis en quatre poules de quatre, ou - s'ils sont déjà qualifiés - des équipes suivantes de chaque groupe (le deuxième ou s'il est déjà qualifié, le troisième, etc.). Il est d'ailleurs possible, voire probable, que la totalité des équipes de la ligue A (comprenant les douze meilleures équipes européennes au classement UEFA) soient déjà qualifiées par la voie classique et qu'elles donnent à des équipes de la ligue B leurs places en barrages.
Intérêt sportif mais aussi logistique et économique. En résumé, la Ligue des nations va permettre à des grosses équipes de se disputer un trophée, éventuellement de sauver leur peau si elles ratent la qualification pour l'Euro suivant par la voie classique et à des nations plus modestes d'obtenir leur billet. "Tout le monde y a trouvé un intérêt", résume Raymond Domenech, qui pointe également l'intérêt logistique et économique de l'épreuve. "Quand on essaie d'organiser des matches amicaux, qu'il faut prévoir ça des mois et des mois à l'avance, qu'il faut trouver une équipe, prendre contact avec une fédération pour savoir s'ils sont disponibles, c'est jamais simple. Ensuite, il y avait à chaque match amical des droits à discuter parce qu'il y avait des pays qui avaient signé des accords avec des entreprises qui récupéraient une partie des droits de diffusion. Là, tout est globalisé, centralisé et réparti (par l'UEFA). C'est plus simple et, à mon avis, c'est mieux comme ça."
Et "c'est mieux comme ça", notamment pour les petites fédérations, qui peinent souvent à trouver des adversaires et qui auront là l'occasion de disputer des matches chapeautés par l'UEFA. Et pour les "grosses", l'UEFA leur a garanti "les mêmes revenus qu'auparavant", d'après Florence Hardouin, directrice générale de la Fédération française de football (FFF), citée par L'Équipe. L'instance a même prévu de compenser le "moins-perçu" des matches organisés auparavant à domicile et qui le seront désormais sur terrain neutre, pour ce qui est de la phase finale à quatre et des barrages.
Le seul hic dans cette Ligue des nations, c'est que les affiches intercontinentales de type France-Brésil ou France-Tunisie seront désormais circonscrites aux compétitions organisées par la Fifa, la Coupe des confédérations et la Coupe du monde. À moins que… L'Équipe se fait l'écho mercredi d'un projet d'ouverture de la Ligue des nations à d'autres confédérations pour son final. Cette formule de la Ligue des nations 2018-19 ne pourrait donc être celle que d'une seule édition…
Le programme de la Ligue des nations :
LIGUE A
Groupe 1 : Allemagne, France, Pays-Bas
Groupe 2 : Belgique, Suisse, Islande
Groupe 3 : Portugal, Italie, Pologne
Groupe 4 : Espagne, Angleterre, Croatie
LIGUE B
Groupe 1 : Slovaquie, Ukraine, République tchèque
Groupe 2 : Russie, Suède, Turquie
Groupe 3 : Autriche, Bosnie, Irlande du Nord
Groupe 4 : Pays de Galles, République d'Irlande, Danemark
LIGUE C
Groupe 1 : Écossse, Albanie, Israël
Groupe 2 : Hongrie, Grèce, Finlande, Estonie
Groupe 3 : Slovénie, Norvège, Bulgarie, Chypre
Groupe 4 : Roumanie, Serbie, Monténégro, Lituanie
LIGUE D
Groupe 1 : Géorgie, Lettonie, Kazakhstan, Andorre
Groupe 2 : Biélorussie, Luxembourg, Moldavie, Saint-Marin
Groupe 3 : Azerbaïdjan, Îles Féroé, Malte, Kosovo
Groupe 4 : Macédoine, Arménie, Liechtenstein, Gibraltar
Calendrier
Journée 1 : 6-8 septembre 2018
Journée 2 : 9-11 septembre 2018
Journée 3 : 11-13 octobre 2018
Journée 4 : 14-16 octobre 2018
Journée 5 : 15-17 novembre 2018
Journée 6 : 18-20 novembre 2018
Tournoi final réservé aux vainqueurs de groupe de la Ligue A : 5-9 juin 2019
Barrages pour l'Euro 2020, issus de la Ligue des nations, parmi les équipes non qualifiées directement : 26-31 mars 2020