Une centaine de salariés de l'écurie de Formule 1 Alpine (ex-Renault-Sport) ont manifesté jeudi devant le siège du groupe Renault à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) contre l'arrêt annoncé de la fabrication de son moteur en France, a constaté un journaliste de l'AFP. "On veut défendre ce savoir-faire unique", a souligné Clément Gamberoni, élu du comité social et économique (CSE) et porte-parole des salariés, qui s'était déjà mobilisé lors du Grand Prix d'Italie fin août.
"On n'est pas dans un bras de fer, on a envie que M. de Meo ait tous les arguments avant de prendre sa décision"
Renault, qui conçoit et fabrique ses propres moteurs de F1 sur son site de Viry-Châtillon (Essonne) depuis 47 ans, a informé fin juillet les représentants du personnel de son souhait de transformer cette usine. L'idée serait d'acheter à partir de 2026 un moteur pour les monoplaces Alpine de F1, probablement à Mercedes selon les salariés, plutôt que de continuer à le fabriquer au sein de l'entreprise. Cette décision toucherait 360 salariés, mais aussi de nombreux sous-traitants d'Alpine.
L'économie serait de 120 millions d'euros par an, le coût d'achat d'un autre moteur étant limité à 17 millions d'euros, selon la direction de Renault. Un nouveau moteur Alpine est pourtant prêt, prometteur et en cours de test, a relevé le porte-parole des salariés. La direction d'Alpine a indiqué à l'AFP que la décision finale n'avait pas été prise et qu'un rapport d'expertise devait encore être rendu au CSE, le 30 septembre. Mais même un avis défavorable du CSE ne bloquerait pas le projet.
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Tous les salariés concernés se verraient proposer un poste dans les autres activités d'Alpine, dans la préparation de voitures pour des clients, les disciplines de la Formule E ou du Dakar, par exemple, a précisé la direction de la marque. "On n'est pas dans un bras de fer, on a envie que M. (Luca) de Meo (directeur général du groupe Renault, NDLR) ait tous les arguments avant de prendre sa décision", a déclaré M. Gamberoni sous les fenêtres du bureau de Luca de Meo. "Même si on sait que quand ça arrive à ce niveau-là, la décision a pu être déjà prise."
Des militants CGT d'autres sites du groupe Renault étaient venus soutenir les manifestants jeudi à Boulogne-Billancourt. "La F1 est une vitrine technologique et marketing exceptionnelle à laquelle il est difficile de renoncer", avait noté Karine Dubreucq, déléguée syndicale CGT chez Alpine, lors d'une conférence de presse début septembre. "C'est un coup de poignard dans le dos. On avait réussi à développer un moteur en 18 mois, on demande à Luca de Meo de reconsidérer son projet, et donner une chance à ce moteur", avait alors ajouté Karine Dubreucq.