Son parcours est à son image : fulgurant. À seulement 19 ans, Dika Mem a disputé mardi face à la Russie (35-24) ses toutes premières minutes dans un grand tournoi, aux côtés des expérimentés Nikola Karabatic, Daniel Narcisse et autres Michaël Guigou. L’ascension éclair du joueur du FC Barcelone ne doit pourtant rien au hasard…. Quoique.
Rencontre fortuite avec le handball. Enfant, Dika Mem n’est pas vraiment attiré par le handball. Son truc, c’est le foot. Ses deux grands frères, Lens et Jordan Aboudou, sont quant à eux basketteurs (l’un à La Charité-sur-Loire, l’autre à Monaco, actuel leader de Pro A). Rien ne le destine donc au hand. Jusqu’à ce qu’un beau matin, il accompagne l’un de ses amis à une session de détection dans le Val-d’Oise. Dika a 13 ans et s’essaye pour la première fois ballon en main. "Il n’était même pas licencié", se souvient Fabrice Le Roy, cadre technique de la Fédération française de hand et ancien coach de Sannois-Saint-Gratien. "On a tout de suite vu qu’il avait des qualités extraordinaires. La nature l’a doté de force, d’explosivité, d’une grande taille. Mais qu’il devienne si vite un athlète, on pouvait difficilement l’imaginer quand même...".
" On a tout de suite vu qu’il avait des qualités extraordinaires. "
De la Nationale 1 à Barcelone en trois ans. À partir de là, tout s’enchaîne. Le jeune Val-d’Oisien franchit les étapes les unes après les autres, avec une facilité déconcertante. Il entre au pôle Espoirs d’Eaubonne avec un an d’avance, est titulaire en Nationale 1 à seulement 16 ans avec Sannois-Saint-Gratien, avant de signer son premier contrat pro en D1, à Tremblay-en-France. Comme à chaque fois, Dika devient rapidement un joueur essentiel de l’effectif. Son talent crève l’écran. À tel point qu’il s’engage l’été dernier dans l’un des plus grands clubs d’Europe, le FC Barcelone, où il rejoint ses compatriotes Cédric Sorhaindo et Timothé N'Guessan.
"Dika, c’est une éponge". Entretemps, l’arrière droit ajoute deux belles lignes à son palmarès en devenant champion d’Europe avec l’équipe de France des moins de 18 ans (2014) et champion du monde des jeunes en 2015. Ce parcours fulgurant, Dika Mem le doit bien sûr à ses qualités physiques (1,94m, 90 kilos), mais aussi à son éducation, selon Fabrice Le Roy. "Il a une grande humilité. Il a été élevé par sa grand-mère, qui lui a transmis des valeurs comme le travail, l’écoute et le respect. Il écoutait beaucoup aux entraînements. Dika, c’est une éponge", loue son ancien entraîneur, avec qui il s’entretient régulièrement. "Un joueur, comme ça, on en voit tous les dix ou quinze ans", s’enthousiasme-t-il.
Débuts chez les grands. Convoqué avec les "Experts" pour préparer le Mondial en décembre, Dika Mem n’avait finalement pas été retenu dans le groupe final. Mais après la blessure et le forfait de Luka Karabatic lors du deuxième match face au Japon, les sélectionneurs Didier Dinart et Guillaume Gille n’ont pas hésité à faire appel à la jeune pépite, mardi. Le néophyte a même eu l’occasion de se montrer, le soir même face à la Russie, en inscrivant deux buts en fin de match. "L’ambiance était énorme. Je n’ai jamais joué dans une salle aussi pleine avec autant de bruit. Ce n’est que du bonheur", a-t-il confié après la rencontre.
" Et dire que c’était un enfant il y a encore deux ou trois ans… "
"Tout le Val-d’Oise est en feu". Son bonheur, Dika ne le vit pas tout seul, loin de là. "Tout le Val-d’Oise est en feu", assure Fabrice Le Roy. "Moi, j’étais comme un fou devant la télé. On est tous fiers. Et dire que c’était un enfant il y a encore deux ou trois ans…". "Dikson" - son surnom - devrait encore avoir du temps de jeu jeudi face à la Pologne (17h45), alors que la France est déjà assurée de finir première de son groupe. Mais son ancien coach voit déjà plus loin. "S’il ne se blesse pas, il ne quittera plus jamais l’équipe de France. Il peut avoir un parcours à la Luc Abalo (217 sélections)", ose-t-il. "Si j’ai un conseil à lui donner, c’est de ne pas oublier d’où il vient". Pour l’instant, Dika Mem n’a pas à puiser bien loin dans ses souvenirs...