Comme quatre autres rencontres de l’Euro 2016, le match Angleterre-Russie qui a lieu samedi soir au Stade Vélodrome de Marseille, a été classé au niveau 3 sur 4, sur une échelle de risques liés au hooliganisme. Les matches Turquie-Croatie, Allemagne-Pologne, Angleterre-Pays de Galles et Ukraine-Pologne sont également concernées. Entre rivalités historiques, conflits géopolitiques et groupes de supporters traditionnellement violents, plusieurs motifs de risque ont poussé les autorités à renforcer leur vigilance sur ces rencontres.
- Des pays à "tradition hooligane"
Même si le hooliganisme concerne beaucoup plus les clubs que les équipes nationales, certains pays sont connus pour comporter quelques groupes de supporters violents. C’est le cas des pays de l’est comme la Russie, la Pologne ou l’Ukraine, dont les ultras les plus violents sont souvent proches de l’extrême droite. Certaines nations comme l'Angleterre, considérées comme précurseures du hooliganisme, restent également particulièrement surveillées. Il n’est donc pas étonnant de retrouver ces pays sur la liste des matches "à risque".
- Des rivalités historiques
Certaines oppositions qui dépassent le cadre sportif en raisons de rivalités historiques justifient aussi une attention particulière en termes de sécurité. Ce sera le cas pour les deux duels entre voisins qui auront lieu lors de cet Euro 2016 : Allemagne-Pologne et Angleterre-Pays de Galles. Le moins frontalier Turquie-Croatie inquiète également en raisons des tensions raciales et religieuses agitant les populations des deux pays. Leur opposition à l’Euro 2008 avait déjà entraîné quelques affrontements entre supporters. La Fédération croate avait été condamnée à verser une amende en raison de comportements et banderoles racistes observés dans le stade.
- Des lieux plus propices aux débordements
Certains stades et certaines villes connues pour leur propension aux débordements incitent les autorités à faire preuve de vigilance. Pour Angleterre-Russie, le fait que la rencontre se déroule à Marseille, où les fans sont réputés ppour leur animosité, ajoute à l’inquiétude, d’autant qu’un ancien hooligan anglais connu sous le nom de "Pig of Marseille" avait récemment indiqué vouloir s’allier avec les supporters russes "contre les musulmans" de la ville. Dans la nuit de jeudi à vendredi et de vendredi à samedi, des heurts entre supporters anglais et marseillais ont d’ailleurs déjà éclaté.
La position géographique de Lens, qui accueille le match Angleterre-Pays de Galles, est également propice aux débordements car sa proximité avec le Royaume-Uni peut permettre le déplacement de grandes délégations de supporters. Les autorités ont d’ailleurs mis en place une interdiction d’alcool dans le centre-ville pendant 24 heures autour de l’horaire de la rencontre.
- Des mauvais souvenirs
Les débordements passés sont également pris en compte par les autorités dans la détermination des matches à risque. Les violents affrontements entre Polonais et Russes à Varsovie lors de l'Euro 2012, qui avaient condamné la Russie à une pénalité de 6 points avec sursis, restent comme un événement marquant dans l’histoire des Championnats d’Europe.
En outre, lors du Mondial 1998 organisé en France, le gendarme mobile Daniel Nivel avait été grièvement blessé par des hooligans allemands à Lens en marge d’Allemagne-Yougoslavie, ce qui peut expliquer la vigilance accrue cette année pour les matches de l’Allemagne et de l’Ukraine.
Enfin, la venue des Anglais à Marseille pour affronter la Russie rappelle le terrible souvenir des affrontements survenus le week-end du match Angleterre-Tunisie lors du mondial 1998. Plus d’une centaine de personnes avaient été interpellées, pour autant de blessés.
La lutte contre le hooliganisme durant l'Euro 2016 en quelques chiffres
- près de 200 policiers de 23 pays mobilisés
- un centre de coopération policière internationale (CCPI) pour recueillir les renseignements sur les déplacements de supporters et l'évaluation du risque
- deux policiers étrangers pour chaque équipe y siégeront aux côtés des policiers français de la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), d'agents d'Interpol et d'Europol
- six agents physionomistes (les "spotters") par pays, présents à chaque rencontre de l'équipe, et chargés de repérer les supporters à risques