Il n'est pas justifié d'interdire en bloc tous les implants mammaires texturés, type de prothèses soupçonné de favoriser une forme rare de cancer, a estimé vendredi le comité d'experts mis sur pied par l'Agence du médicament (ANSM).
Ce comité demande en revanche l'interdiction du principal modèle mis en cause dans la survenue de lymphomes anaplasiques à grandes cellules (LAGC), les Biocell de la société Allergan.
Une décision à venir dans les prochaines semaines. "Sur la base de cet avis, l'ANSM prendra une décision dans les prochaines semaines", a indiqué l'agence du médicament.
Pas indispensable cependant. Dans le cadre de la chirurgie reconstructrice (après un cancer du sein), "l'utilisation des implants texturés n'est pas indispensable mais demeure indiquée dans un certain nombre de situations", a estimé le comité dans un avis rendu public par l'ANSM. "Dans le cadre de la chirurgie esthétique, l'utilisation des implants texturés n'est pas indispensable mais peut rester une option parmi d'autres dans un certain nombre de situations", a ajouté le comité.
En faveur d'une interdiction du modèle d'Allergan. En revanche, "il convient d'interdire le recours à la texture Biocell d'Allergan", a-t-il jugé, sans pour autant recommander de retrait préventif pour les femmes qui en portent déjà. Dans les faits, les Biocell d'Allergan ne sont déjà plus disponibles. Le fabricant américain a dû les retirer du marché mi-décembre après avoir perdu le marquage CE qui permet de les vendre en Europe. Le laboratoire n'avait pas présenté les données additionnelles demandées par l'organisme certificateur dans les délais impartis.
Le comité estime nécessaire "une information rigoureuse et complète des patientes sur ces dispositifs médicaux dont l'utilisation n'est pas anodine" et "sur le suivi annuel (au minimum clinique et échographique) auquel leur pose doit donner lieu".
Pour un recensement des prothèses en France. Par ailleurs, il appelle de ses voeux la création d'un "registre national des implants mammaires" pour recenser toutes les prothèses implantées et retirées en France. Depuis 2011, cinquante-six cas de LAGC ont été recensés chez des femmes porteuses d'implants mammaires. Trois en sont décédées.
Mercredi et jeudi, trois femmes portant des implants Allergan, l'un des principaux acteurs de ce segment de marché, ont déposé plainte contre X, à Paris et Marseille, pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".