Après un exploit historique sur la piste mythique de Kitzbühel, le skieur français Cyprien Sarrazin est, sans conteste, la révélation de cette nouvelle saison de ski alpin. Né en 1994, le natif de Gap s'est longtemps cherché, même lorsqu’il avalait les descentes du Dévoluy au côté de son père, à l’âge de six ans.
Très vite, malgré son DUT Technique et commercialisation, le jeune garçon comprend qu’il est tombé amoureux de la vitesse et des descentes vertigineuses. Son adolescence est marquée par quelques victoires, mais surtout par des blessures à répétition. Quand il débarque en Coupe du monde à 22 ans, il remporte à la surprise générale le géant parallèle d'Alta Badia (Italie), sa septième course seulement sur le circuit mondial.
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Nombreuses blessures
Mais les mauvais souvenirs reviennent à la surface et les saisons suivantes sont marquées par des blessures, trop nombreuses, très graves. En janvier 2018, il chute à l'entraînement à Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), ce qui lui vaut un traumatisme crânien sévère. Il est d’ailleurs placé en soins intensifs. La convalescence est un moment terrible, traumatisant. "Il fallait zéro écran, il ne fallait pas que je lise, il fallait que je fasse 10 jours sans téléphone, sans rien du tout", expliquait-il à l'AFP en octobre 2018.
Onze mois plus tard, il renfile quelques dossards, mais une fracture au genou droit l'écarte une nouvelle fois des pistes pour le reste de l'hiver. Le sort s’acharne, mais le Gapençais a la tête dure et les os solides. Conscient que sa carrière ne prend pas la tournure qu’il espérait, le skieur du Dévoluy prend une décision forte pour la suite de sa carrière : direction les épreuves de vitesse. Le Français marque vite les esprits avec ses prises de risques extrêmes qui lui valent quelques sorties de piste spectaculaires et une réputation de tête brûlée.
Une décision qui change une vie
Heureux dans sa tête, performant sur les skis. Depuis plusieurs mois, Cyprien Sarrazin voit un psychologue pour "effectuer un travail sur soi-même". Après son premier succès de la saison, lors de la descente de Bormio (Italie), le Tricolore avait tenu des propos similaires : "Je suis enfin moi à 29 ans, je me suis trouvé en tant qu'homme et ça se voit sur les skis". Il est aussi accompagné par un préparateur mental et une "coach énergétique".
Un déclic mental qui a fini par payer. "Avant Bormio, je me suis dit pendant trois jours que j'avais le droit de gagner, je ne m'étais jamais autorisé à gagner, j'avais une sorte de syndrome de l'imposteur". Un "imposteur" actuellement 2ᵉ du classement général de la Coupe du monde.