Mille choses ont été dites sur la méthode Guy Roux à Auxerre. Son attachement à l'argent bien dépensé, son management jugé vieille école, sa relation très spéciale avec les joueurs, aussi. Sur le plateau de l'émission Face aux auditeurs, diffusée dimanche 29 décembre sur notre antenne, l'ancien technicien aujourd'hui retraité raconte quelques anecdotes du temps où il officiait sur le banc du club icaunais. Mais surtout, il explique pourquoi il pratiquait une véritable "police absolue" sur ses protégés.
Deux types de comportements
Pour Guy Roux, les joueurs auxerrois se devaient d'avoir une attitude irréprochable d'abord par respect pour les supporters : "Quand vous faites un match de foot dans un club comme Auxerre, dans un pays où il y a beaucoup plus de pauvres que de riches, que vous avez un copain qui est boucher et qui vous dit 'vous avez joué un match de coupe d'Europe dans la semaine, on n'a pas vendu de biftecks, il y a des familles qu'on n'a pas vues, elles ont mangé des pâtes toute la semaine pour pouvoir venir au match'", il y a deux types de comportements : "Vous avez en face de vous des joueurs qui feront tout ce qu'ils pourront pour rendre à ces gens ce qu'ils ont fait comme sacrifices pour les aimer ou bien ils se foutront d'eux en allant passer une nuit à Paris ou dans une discothèque de la région et en étant minable le lendemain."
>> LIRE AUSSI -Guy Roux, toujours omnipotent à Auxerre ? "Je ne suis presque pas présent, même au stade"
C'est ce qui explique que Guy Roux épiait sans cesse ces joueurs, allant jusqu'à demander aux DJ des boîtes de nuit locales de jouer une chanson particulière si des joueurs étaient présents. "J'étais en chasse constante", confie-t-il, rappelant également une anecdote sur… les compteurs de voitures. "J'ai commencé ma carrière en Division d'honneur et les voitures avaient des compteurs Geiger, vous pouviez lire le kilométrage", raconte-t-il. "Je passais à 20 heures, je notais le kilométrage, et je repassais à 8 heures du matin. S'il y avait 54 kilomètres, c'est qu'ils étaient allés au bal à Saint-Florentin, à 27 kilomètres. C'est mathématique."
Cissé, chassé "comme plein d'autres"
Comme d'autres, Djibril Cissé a fait l'objet de cette "chasse". Grand espoir du football français du début des années 2000, l'attaquant était couvé par Guy Roux, qui suivait alors ses moindres faits et gestes. Il en fera d'ailleurs les frais en septembre 2001, lorsque Guy Roux le surprendra lors d'un événement avec son équipementier à Paris alors que Cissé est censé être en soins à Auxerre après une entorse.
" Tous les conseils qu'il m'a donnés, ça a toujours tourné dans son sens "
"On ne pouvait rien lui cacher, il savait tout. J'ai essayé de jouer au malin, je me suis fait avoir, comme plein d'autres", reconnaît près de 20 ans plus tard l'un des plus grands joueurs de l'AJA, pour qui "Guy Roux est dans le vrai parce qu'on ne peut pas s'entraîner tous les jours au maximum et ne pas bien manger, ne pas bien dormir, aller faire la fête et être performant le lendemain. Tous les conseils qu'il m'a donnés, ça a toujours tourné dans son sens. Ce n'est pas le plus grand entraîneur français pour rien."