Pour la cité carioca et le Brésil, le défi des JO était immense, tant la situation politique et économique du pays était défavorable à l'organisation d'un événement planétaire. 16 jours de compétition plus tard, la ville peut pousser un énorme ouf de soulagement : les Jeux olympiques 2016 ont été menés jusqu'au bout sans couac majeur. Une édition, certes réussie, mais qui n'aura tout de même pas échappé à des aspects plus négatifs.
Les points positifs
- Une sécurité assurée
Accueillir 10.500 athlètes pendant plus de deux semaines dans une ville particulièrement touchée par des problèmes d'insécurité, sur fond de risque terroriste indéniable, le défi était de taille pour Rio. Le bilan ne peut être que positif : les Jeux n'ont pas connu de catastrophe sécuritaire majeure, et c'est là le principal soulagement du comité d'organisation, qui avait dépêché plus de 85.000 unités de forces de l'ordre pour parvenir à ce bilan. Si quelques agressions ont été déplorées - un ministre portugais menacé à l'arme blanche, un judoka belge agressé - , aucun incident grave n'a touché les délégations d'athlètes.
- Un très beau bilan sportif
Sur le plan sportif, les Jeux de Rio ont été un véritable succès. On attendait Usain Bolt et Michael Phelps, on n'a pas été déçu. Le premier a réussi son triple triplé historique, médaillé d'or sur 100 m, 200 m et au relais 4x100 m, comme aux JO de Pékin en 2008 puis Londres en 2012. Le second a décroché six nouvelles médailles, dont cinq en or, pour un total ahurissant de 28 podiums et 23 titres olympiques dans sa carrière. À côté de ces deux monstres, la gymnaste Simone Biles est rentrée dans l'histoire avec quatre médailles d'or, tout comme les nombreux sportifs qui sont parvenus à battre des records du monde, dont certains paraissaient inespérés. Enfin, des images exceptionnelles ont marqué Rio jour après jour, comme celles, nombreuses, de ces couples de sportifs qui ont fait de ces Jeux une édition placée sous le signe de l'amour.
Les points négatifs
- Des infrastructures désertes
Dans un pays où la culture sportive se résume un peu trop souvent au simple "futebol" et au populaire volley-ball - épreuves que le Brésil a d'ailleurs brillamment remportées -, difficile de faire le plein dans les stades. Et avec la précarité sociale qui touche actuellement le Brésil, autant dire que les Cariocas avaient la tête ailleurs. Résultat, des tribunes pour le moins clairsemées dans la plupart des infrastructures de compétition, et ce, malgré l'annonce du responsable des ventes du Comité Rio 2016 qui assurait le 8 août, que 84% du total des billets avaient été vendus. Une indifférence qui n'a pas concerné que les "petits" sports. Exemple le plus frappant : les gradins vides du stade olympique d'athlétisme, qui n'a quasiment jamais fait le plein, sauf les quelques soirs où Usain Bolt était de sortie.
- Un public parfois "limite"
Et lorsqu'il se déplaçait, le public brésilien a fait parler de lui… pour ses sifflets et autres manifestations bruyantes. Peu habitué à la culture sportive olympique, les fans brésiliens qui se sont retrouvés dans les gradins du stade d'athlétisme ou du court central de tennis ont parfois un peu maladroitement conservé leur routine de supporter de foot. Renaud Lavillenie en a terriblement fait les frais, sifflé pendant le concours de la perche, puis de nouveau sur le podium, sûrement victime de sa comparaison déplacée avec le sprinteur noir-américain Jessie Owens, hué par le public de l'Allemagne nazie lors des JO de 1936. Le tennisman Juan Manuel del Potro, auquel le public brésilien trouvait un grave défaut - sa nationalité argentine -, a lui subi la bronca sans broncher, alors même que des gens se sont battus pendant un de ses matches.
- Des petits couacs d'organisation
Rio a échappé au couac majeur, mais pas aux petits soucis d'organisation, quasiment inévitables lors d'un tel événement. D'abord, deux polémiques plutôt importantes ont touché les JO. La première, c'est celle de l'exclusion de certains arbitres et juges des compétitions de boxe, après plusieurs décisions très controversées. La seconde, c'est le cas de l'Irlandais Patrick Hickey, membre du CIO et président du comité olympique irlandais, soupçonné d'avoir trempé dans un réseau de revente illégale de billets, avec à la clef un bénéfice estimé d'au moins 10 millions de reais, soit 2,8 millions d'euros. L'homme de 71 ans a été écroué dans une prison de haute sécurité et doit être entendu par un juge mardi.
L'organisation est également passée tout près d'une véritable catastrophe lundi 15 août, lorsqu'une grosse caméra officielle a chuté de 20 mètres au Parc olympique, faisant sept blessés sans gravité.
Mais le couac mythique de ces JO restera sans aucun doute la couleur de l'eau du bassin olympique des compétitions de plongeon, qui a subitement viré du bleu clair au vert en raison d'une pénurie de produits chimiques. Pas de risque pour les athlètes, mais un joli buzz médiatique !
Ermmm...what happened?! pic.twitter.com/pdta7EpP2k
— Tom Daley (@TomDaley1994) 9 août 2016
- L'ombre du dopage
Autre zone d'ombre qui a plané sur ces JO, le dossier du dopage d'Etat russe, qui a occupé tout l'espace, jusqu'à la cérémonie d'ouverture, et même durant les Jeux. Seule parmi les 68 athlètes russes finalement autorisée à concourir sur le tartan bleu du stade olympique, Darya Klishina a ainsi obtenu le feu vert du Tribunal arbitral du sport (TAS) le 15 août, alors que les JO avaient commencé depuis plus d'une semaine ! Au total, la Russie a été privée de 113 des sportifs qu'elle avait initialement engagés, dont sa "tsarine" de la perche, Yelena Isinbayeva. Mais le dopage n'existe pas que chez les Russes. Douze concurrents sont tombés durant les JO, rattrapés par la patrouille. Et parmi eux, deux médaillés, dont l'haltérophile kirghize Izzat Artykov, qui a d'ailleurs accusé son concurrent français Bernardin Kingue Matam de l'avoir dopé à son insu. Mais pas de gros scandale, en tout cas pour le moment.
De quoi justifier les mots du président du CIO Thomas Bach, qui s'est félicité de refermer "des Jeux merveilleux dans la ville merveilleuse" ?