Pas évident pour les béotiens du grand cirque blanc de s’y retrouver dans les différentes disciplines du ski alpin. Europe 1 vous propose de retourner aux bases pour suivre avec un œil expert - ou du moins avisé - les six (oui, six) épreuves du sport roi des Jeux Olympiques du Pyeongchang à partir du 11 février, avec la descente hommes jusqu’au 24 février, date de l’épreuve par équipes.
La descente
C’est l’épreuve reine, la plus spectaculaire, la plus rapide, celle réservée aux mastodontes de l’alpin. A ceux qui n’ont pas froid aux yeux aussi. En descente, les virages sont rares, place à la glisse et à la vitesse pure. Les skieurs flirtent allègrement avec les 130 kilomètres heures. Le 19 janvier 2013, le Français Johan Clarey a même été enregistré à la vitesse ahurissante de 161,9 km/h - record du genre - à Wengen. L’objectif est simple : couper la ligne d’arrivée le plus rapidement possible, suivant un tracé matérialisé par des portes successivement bleues et rouges.
Depuis plusieurs années, des lignes bleues ont fait leur apparition de chaque côté du tracé. Le bénéfice est double : pour les téléspectateurs, puisque cela apporte à la visibilité et à la compréhension de la course. Pour les skieurs aussi, qui peuvent mieux anticiper leur virage et surtout les changements de relief, dont les sauts, souvent annoncés par deux ou trois lignes.
Le Super G
C’est une épreuve relativement récente, puisqu’elle n’a fait son apparition qu’en 1982. Elle répond à un impératif : créer une course intermédiaire entre la descente et le géant, dont les différences devenaient trop importantes. Comptant au départ pour la Coupe du monde de géant, le Super G devient une discipline à part entière en 1986. Elle est pour la première fois au programme des championnats du monde en 1987, et aux Jeux olympiques en 1988 à Calgary. L’histoire retiendra que c’est un Français, Franck Piccard, qui a le premier décroché l’or du Super G.
Plus tournante que la descente, avec des portes plus rapprochées, le Super G est tout de même considéré comme l’autre discipline de vitesse. Elle se dispute d’ailleurs elle aussi sur une seule manche. Différence de taille : les skieurs ne peuvent pas s’entraîner à pleine vitesse sur un parcours de Super G. Ils n’ont droit qu’à une reconnaissance à faible vitesse, avec leur entraîneur, afin d’anticiper la ligne qu’ils prendront en course. Il n’est ainsi pas rare de voir les premiers dossards tomber dans les pièges tendus par les traceurs. Avant que les informations ne remontent jusqu’au portillon de départ.
Le géant
Mieux vaut avoir les cuisses solides pour se lancer à l’assaut d’un slalom géant. Car pour cette discipline dite technique, la vitesse reste importante et les virages serrés. Voir les skieurs se tenir les jambes dans l’aire d’arrivée est donc un spectacle courant. Le tout après avoir pris des angles improbables en course, parfois en posant la main sur la neige.
Contrairement aux disciplines de vitesse - et comme au slalom - le géant se dispute en deux manches. Les 30 skieurs les plus rapides sont qualifiés pour la seconde manche. Lors du deuxième tracé, ils partent dans l’ordre inverse, du moins rapide ou plus rapide. L’occasion pour certains d’opérer des remontées spectaculaires, en profitant d’une piste moins dégradée, et pour d’autres de craquer sous la pression.
>> Regardez le géant de Pinturault qui est monté sur le podium début janvier à Adelboden, en Suisse :
Le slalom
Ça ne saute pas forcément aux yeux, mais en slalom comme dans les autres disciplines, la base, c’est de passer entre des portes matérialisées par des piquets. Mais pour la plus technique des épreuves, les bâtons sont placés parfois si proches l’une de l’autre qu’il est facile de s’y perdre d’autant que parfois, les portes ne sont pas perpendiculaires à la pente, mais plus ou moins inclinées. Il arrive donc que les skieurs enchaînent très rapidement deux, trois, voire quatre virages, (les portes dites "double", "triple" ou "quadruple") ou au contraire prolongent un appui lors des "bananes" placées par les organisateurs pour casser le rythme ou décaler un tracé vers une autre ligne de pente. C’est souvent sur ces passages cruciaux que l’attention des skieurs se porte lors des reconnaissances.
La spécificité du slalom, c’est que les coureurs tapent dans les piquets, volontairement montée sur des montants flexibles, pour gagner un maximum de temps. D’où un équipement spécifique impressionnant : des protections autour des poignées de bâton dont les slalomeurs se servent pour écarter le piquet, des protège-tibias, qui parfois frappent en premier, mais aussi des protections au niveau de la bouche pour parer à d’éventuelles retour de bâton.
Le système de course est le même qu’en géant : les 30 premiers de la première manche qualifiés, puis départ inversé en seconde manche.
>> Regardez le slalom de Jean-Baptiste Grange qui décroche l'or aux Mondiaux de Beaver Creek en 2015 :
Le super combiné
Ça pourrait - devrait ? - être l’épreuve reine, puisqu’elle sacre les skieurs les plus polyvalents. Mais le super combiné a tendance à tomber peu à peu en désuétude. Seules deux épreuves de coupe du monde étaient ainsi au programme cette année. Ceci dit, la discipline délivre toujours des médailles aux Jeux, autant s’y intéresser, donc. D’autant que les Français figurent parmi les meilleurs.
Le principe du combiné est simple. Les skieurs disputent d’abord une manche de descente, puis, dans l’ordre inversé des trente premiers, une manche de slalom. Le classement est obtenu en additionnant les deux chronos. Ce qui fait le sel de la course, c’est de voir des techniciens s’essayer à la vitesse, et inversement. Il n’est donc pas rare de voir des colosses galérer entre les piquets et perdre plusieurs secondes. Retournement de situation et spectacle garantis.
L’épreuve par équipes
Le ski alpin est une discipline individuelle par essence. Mais les responsables des compétitions ont imaginé une épreuve à même de mettre en avant un collectif. Sur la ligne de départ, 16 nations, qui se disputent lors de confrontation à élimination directe, des huitièmes de finale à la finale.
Lors des manches, une équipe est constituée de quatre membres, deux hommes et deux femmes. Avec au programme quatre duels, disputés sur des parcours courts et le plus souvent techniques. C’est naturellement l’équipe qui en remporte le plus qui se qualifie pour la manche suivante. En cas d’égalité, c’est l’addition des temps de chaque concurrent qui est pris en compte.
> Regardez la manche de Mathieu Faivre qui offre le titre mondial à la France en 2017 :