Avec Marcel Hirscher, les chiffres donnent le tournis. A 28 ans, l’Autrichien appartient déjà à la légende du ski alpin avec ses 55 succès en Coupe du monde, ce qui en fait le deuxième skieur le plus titré de tous temps, derrière le Suédois Ingemar Stenmark (86 succès), mais devant son idole Hermann Maier (54). Le sextuple lauréat du gros globe (le classement de la Coupe du monde) n’a jamais paru aussi fort avec déjà 10 victoires cette saison. Alors même qu'il a entamé cette campagne 2017-2018 plus tard que ses camarades de jeu, handicapé par une fracture de la malléole gauche depuis un entraînement en août 2017.
A Pyeongchang, Hirscher vise logiquement une razzia de quatre médailles, dont la première en combiné, dans la nuit de lundi à mardi, si la météo le permet. L’Autrichien, étonnamment jamais titré aux Jeux olympiques, a toutes les armes en mains pour connaître, enfin, la consécration en Corée du Sud.
Le maître des épreuves techniques
Marcel Hirscher n’est pas un spécialiste de la descente, l’épreuve reine du ski alpin, mais il est le roi des disciplines techniques. En slalom, en géant et en combiné, l’Autrichien à la technique érigée en modèle sur le Cirque blanc rafle tout sur son passage. Il compte quatre victoires et deux troisièmes places sur les six géants disputés cette saison. En slalom, Hirscher a fait encore plus fort, avec jusqu’ici six victoires sur huit courses cette saison. Sur le combiné, l’épreuve de prédilection du Français Alexis Pinturault, il brille également, avec un titre de champion du monde en 2015, et une médaille d’argent en 2017. A Pyeongchang, son principal rival sera bel et bien lui-même.
Un entourage dédié à son succès
Pour atteindre un tel niveau, Marcel Hirscher s’est émancipé de l’équipe d’Autriche, surnommée la “Wunderteam” (l’équipe merveilleuse). Depuis de nombreuses années, il s’entraîne au sein d’une structure privée, totalement dédiée à ses performances, en marge de sa fédération. Hirscher compte dans ses rangs un entraîneur, un physiothérapeute et un responsable presse personnels, en plus de l’apport logistique de gros sponsors, comme Red Bull, raconte L’Equipe.
Cette "solitude" ne l’empêche pas d’être défini, de l’avis de tous les suiveurs du ski alpin, comme un travailleur acharné. Des vertus enseignés par ses parents, tous deux moniteurs de ski. Hirscher, très proche de sa famille, est accompagné partout par son père, qui le couve depuis son plus jeune âge. "J’ai appris à skier avant de courir”, a assuré Hirscher. Le ski, chez lui, c’est dans le sang.
Zen et sûr de sa force
A 28 ans, l’Autrichien est actuellement au sommet de sa forme. Si sa technique et son physique impressionnent, sa force mentale est également saluée par tous. "Il a des nerfs incroyables", a dit de lui Ingemar Stenmark, le plus grand skieur de l’histoire, pourtant connu pour être avare de mots. Son côté zen le rend, en apparence, imperméable à la pression.
"Tous les skieurs qui vont aux Jeux veulent revenir avec une médaille, mais il ne faut pas se mettre martel en tête si ça ne marche pas. Ça ne va pas changer ma carrière fondamentalement que j'aie ou pas cette médaille d'or. Il faut être au top au jour J, ça dépend beaucoup des circonstances, donc j'y vais plutôt détendu", a assuré Hirscher, quelques semaines avant les Jeux de Pyeongchang. Jusqu’ici, il n’a pourtant jamais dompté la pression des JO. Même les plus grands ont leurs failles.