C’est sans aucune pression que la délégation française passera son grand oral pendant 25 minutes, devant 90 membres du CIO mercredi soir à Lima, au Pérou. La capitale française est assurée d’être désignée pour organise les Jeux olympiques en 2024. La route a été longue depuis novembre 2014, quand François Hollande annonçait sa volonté d'accueillir les Jeux, jusqu'au 31 juillet dernier, où Los Angeles acceptait de passer son tour en 2024 pour prendre 2028. Chronique en cinq étapes d’une candidature couronnée de succès.
Première étape : volonté présidentielle et candidature officielle
C’et François Hollande qui pose la première pierre du chantier olympique de Paris. Le 6 novembre 2014, sur TF1, le président de la République annonce sa volonté de voir les JO être organisés dans la capitale. "Je suis favorable à ce que la ville de Paris, si elle en décide, présente sa candidate aux Jeux Olympiques", lâche-t-il. Anne Hidalgo, dans un premier temps, est réticente. "Je ne suis pas pour les décisions hâtives, prises sous le coup de l’émotion. Il faut de la raison", réagit la maire de Paris. Mais face à l’activisme de Bernard Lapasset, président du comité de candidature - qui laissera peu à peu sa place à Tony Estanguet -, mais aussi avec la volonté de redonner du souffle et de l’espoir à la capitale après les attentats, l’édile se laisse convaincre.
Elle deviendra la plus fervente supportrice des JO 2024 à Paris. Et c’est une Anne Hidalgo enthousiaste qui lance officiellement la candidature de sa ville le 23 juin 2015. "On y va, c’est parti ! Paris sera au rendez-vous, on va construire une belle victoire pour Paris et notre pays", lance-t-elle au siège du Comité national olympique et sportif français. Tout reste encore à faire, d’autant que le souvenir des cuisants échecs de 2008 et 2012 sont encore dans toutes les mémoires.
Deuxième étape : un logo et un slogan
Qui dit candidature dit logo. Le 9 février 2016, à 20h24 précises, le comité de candidature révèle son log, en projection sur l’Arc de Triomphe. Il s’agit du chiffre 24 dessiné d’une telle façon qu’il rappelle la Tour Eiffel, symbole de la capitale par excellence. Pour accompagne ce logo, il fallait un slogan. Celui-ci sera dévoilé près d’un an plus tard, le 3 février 2017, via une projection sur la Tour Eiffel, cette fois. Le comité a choisi "Made for sharing", "fait pour être projeté", en français. Le choix d’une phrase en anglais, plus à même de séduire les membres du CIO, fait l’objet d’une courte polémique.
Ces deux temps forts montrent en tout cas la volonté de la candidature parisienne d’utiliser les symboles de la capitale française, avec deux monuments célèbres dans le monde entier.
Troisième étape : les concurrentes jettent l’éponge
Les planètes se sont parfaitement alignées pour Paris. La ville de Hambourg se retire ainsi le 29 novembre 2015 suite à un référendum hostile. Le 11 octobre 2016, c’est Rome, l’une des plus sérieuses candidates, qui jette l’éponge, quelques jours après la victoire lors des municipales du mouvement 5 étoiles, réfractaire aux JO. Enfin le 22 février 2017, c’est Budapest qui abandonne la course, là encore après une mobilisation populaire défavorable. Ne restent alors dans la course que Los Angeles et Paris.
Quatrième tape : Opération séduction du CIO
C’est sans doute l’opération la plus importante, et la plus délicate, du processus. Pour l’emporter, il faut séduire le Comité international olympique et ses membres. L’opération séduction se fait en plusieurs temps. Le 17 février 2016, le comité de candidature remet le premier volet du dossier au CIO par le biais d’une clé USB. Début octobre 2016, Thomas Bach, président de l’institution, se rend à Paris. Il repart emballé, sans que cela soit forcément significatif, car il s’était montré quelques jours plus tôt tout aussi élogieux avec la candidature de Los Angeles.
La candidature de Paris peut aussi compter sur l’activisme d’Emmanuel Macron, qui jette toutes ses forces dans la bataille. Le 22 juin 2017, il participe activement aux journées olympiques dans la capitale, dont le faste impressionne. La piste d’athlétisme installé sur la Seine fait notamment forte impression. Le 10 juillet 2017, le président français se rend en personne en Lausanne pour défendre la candidature parisienne. Dans le même temps, Donald Trump est tenu à l’écart par les défenseurs de Los Angeles 2024, qui estime que la personnalité du nouveau président américain ne fait pas une bonne publicité.
Cinquième étape : double attribution et accord avec Los Angeles
Pendant plusieurs mois, l’hypothèse s’échafaude. Et si à Lima, le 13 septembre, le CIO décidait d’une double attribution, à la fois 2024 et 2028 ? L’instance donne plusieurs indices dans ce sens et finalement, le 11 juillet 2017, à Lausanne, l’information est officialisée. Avec une condition de taille : les deux villes finalistes doivent se mettre d’accord pour se partager les éditions.
Bien qu’assurée d’organiser les JO en 2024 ou en 2028, Paris se montre inflexible. Pour la capitale française, c’est 2024 ou rien. Los Angeles est moins catégorique. Et le 31 juillet 2017, la bonne nouvelle tombe : un accord entre les deux villes a été trouvé. Plus aucun obstacle ne se dresse sur la route de Paris. Ne reste que l’officialisation par le CIO. Ce sera fait dans la soirée.