Déjà vice-champion olympique à Rio, Sofiane Oumiha ne rêvait que d'or pour les Jeux de Paris, mais il a dû une nouvelle fois se contenter de l'argent, mercredi à Roland-Garros, où Djamili-Dini Aboudou Moindze a récolté le bronze. Les deux hommes apportent à la France ses 50e et 51e médailles depuis le début des épreuves.
Malgré le soutien des 15.000 spectateurs du célèbre court Philippe-Chatrier, Oumiha s'est incliné aux points sur décision partagée (3-2) au terme d'un combat acharné contre le Cubain Erislandy Alvarez Borges. Le Français partait pourtant favori après avoir battu son adversaire l'an dernier en finale des Championnats du monde. Cette fois-ci, Alvarez a déployé sa ruse et son jeu de jambes pour remporter nettement le premier round. Le Toulousain de 29 ans s'est ensuite montré plus agressif, laissant la dernière reprise décider du vainqueur. Mais le Cubain, malgré la fatigue, n'a pas reculé, continuant à trouver des espaces.
"Ce qui nous a manqué un peu, c'est le premier round. Il était un peu sur la défensive, on a essayé de le secouer et ensuite c'était plutôt serré sur le deuxième", a analysé l'entraîneur d'Oumiha, Malik Bouziane. "Sur le troisième, je pense que Sofiane fait la différence mais (...), c'est comme ça, c'est la boxe." A l'annonce du verdict des juges, le Français s'est effondré la tête entre les mains, avant de se couvrir le visage avec son t-shirt. Le Cubain a lui célébré sa victoire par un saut périlleux et une succession de coups de poing en l'air.
Après trois titres de champion du monde et un or européen, Oumiha visait l'or olympique pour décrocher le seul titre qui manque à son palmarès en boxe amateur. "Honnêtement je le vis mal parce qu'en venant ici j'étais en quête de quelque chose de grand", a regretté "Soso". "Il faut aller de l'avant et puis apprendre à digérer, je ne peux pas être satisfait d'une médaille d'argent, en sachant que ce n'est pas ce que j'étais venu chercher ici", a-t-il poursuivi.
"tremplin"
Arrivé aux JO de Tokyo il y a trois ans avec un statut de favori, il était tombé de haut au Japon en étant éliminé dès son entrée en lice. Passé professionnel entre temps, Oumiha était revenu dans les rangs amateurs pour Paris, désireux d'effacer ce mauvais souvenir, "le pire" de sa carrière. "Je pense qu'une médaille d'argent, c'est quand même une belle performance, surtout qu'il est plutôt jeune maintenant", a tenu à souligner Malik Bouziane. "Je lui souhaite de poursuivre sa carrière professionnelle, et je pense que c'est également un tremplin pour lui. Je pense que ça va lui ouvrir des portes sur le plan professionnel."
Mais Oumiha avait du mal à se projeter après sa défaite: "Je n'ai pas pu assister à l'accouchement de mon premier enfant parce que je n'étais pas là. J'ai tant donné à la boxe et je me suis dit qu'elle allait me le rendre aujourd'hui, malheureusement non", a-t-il déploré. Quelques instants plus tôt, Djamili-Dini Aboudou Moindze avait apporté aux boxeurs français leur première médaille des Jeux en se parant de bronze chez les +92 kg.
Aboudou Moindze s'est incliné aux points par décision unanime contre l'Espagnol Ayoub Ghadfa Drissi El Aissaoui mais en boxe, les deux demi-finalistes battus décrochent le bronze.
"Je suis content d'avoir pu remporter cette médaille de bronze, pour moi, pour la population, pour la France, pour le public", a réagi le boxeur de 28 ans, qui participait à ses premiers JO après six titres de champion de France. "J'ai perdu le combat, malheureusement, mais je suis content de tout ce que j'ai fait depuis pas mal d'années." Le dernier espoir d'or pour le clan tricolore repose dans les gants de Billal Bennama, qui dispute la finale des -51 kg jeudi.