1:32
  • Copié
Romain Rouillard et Martin Lange / Crédit photo : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP , modifié à
À la mi-avril, le président Emmanuel Macron a réitéré son objectif fixé depuis plusieurs mois pour les Jeux olympiques de Paris 2024 : intégrer le "top 5" du classement des médailles. Une performance que la délégation tricolore n'a plus réalisée depuis les Jeux d'Atlanta en 1996. Un projet ambitieux, mais loin d'être irréaliste.

Organiser les Jeux olympiques sur son sol, c'est bien, y briller, c'est encore mieux. Voilà sans doute la pensée qui a traversé l'esprit d'Emmanuel Macron au moment de fixer l'objectif de la délégation tricolore. Le chef de l'État veut voir la France intégrer le top 5 du classement des médailles au terme des JO de Paris (26 juillet-11 août) et réaliser ainsi une performance jamais vue depuis près de 30 ans et les Jeux d'Atlanta en 1996. 

Pour y parvenir, si l'on se fie au classement des dernières olympiades, organisées à Tokyo en 2021, la France devra doubler le nombre de titres obtenus il y a trois ans. Au Japon, la délégation tricolore avait glané 10 médailles d'or - aussi bien qu'à Rio en 2016 - pour un total de 33 breloques et une 8e place au classement. La Russie, qui concourrait sous bannière neutre en raison de manquements aux règles antidopages, occupait justement cette 5e place, forte d'un total de... 20 breloques dorées. Car c'est bien le nombre de médailles d'or qui détermine le classement final. 

Le podium accessible ?

Le mardi 23 janvier, lors de ses vœux olympiques et paralympiques à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, Emmanuel Macron vantait notamment "certaines projections" qui indiquent que la France "pourrait connaître ses meilleurs Jeux depuis 1900". L'institut britannique Gracenote Nielsen, qui s'appuie sur les résultats individuels et collectifs acquis lors des derniers JO, championnats et coupes du monde précédents, voit en effet la France grimper sur la troisième marche du podium et faire donc encore mieux que l'ambition présidentielle. 

Un pronostic selon lequel la France glanerait pas moins de 27 médailles d'or pour un total de 52 breloques. Seuls les intouchables chinois et américains feraient mieux. "Au cours de ce siècle, la France a remporté des succès olympiques dans 15 à 19 sports différents à chaque édition des Jeux olympiques, mais des médailles sont désormais prévues dans 24 sports différents, ce qui constitue un nouveau record pour la France", fait valoir l'institut. 

Il faut dire que les Bleus auront l'avantage d'évoluer devant un public entièrement acquis à leur cause. Ce qui, à de rares exceptions près, a toujours profité à la nation organisatrice. Dernier exemple en date : le Japon, 6e du classement à Rio avec 41 médailles dont 12 en or et 3e à Tokyo en 2021, avec 58 breloques et 27 titres. Un atout dont seuls la Finlande (1952) et les États-Unis (1996) n'avaient pas profité au cours du siècle dernier. 

Une délégation fournie

L'objectif fixé n'a donc rien d'utopique. "Au regard du classement officieux des médailles d’or olympiques, il est non seulement tenable mais sera probablement dépassé. Derrière les intouchables USA et Chine, et en l’absence de la Russie, la France devrait désormais rivaliser avec la Grande-Bretagne et se placer en 3ème ou 4ème position", pronostique Thierry Terret, historien du sport et délégué ministériel aux Jeux olympiques et paralympiques entre 2018 et 2022.

Pour y parvenir, les Bleus pourront compter sur une délégation plus fournie qu'à l'accoutumée. "C'est la première fois qu'on est sélectionné dans toutes les disciplines. Tous les sports, toutes les fédérations sont représentées et pas uniquement grâce aux quotas du pays hôte. Ce sont des qualifications qui se sont jouées sur le plan sportif. Si l'on prend l'exemple de l'escrime, c'est la première fois que l'on a six disciplines représentées en individuel et par équipes.", précise Astrid Guyart, ancienne escrimeuse médaillée olympique et secrétaire générale du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). 

Des athlètes bichonnés

Cette année, les forces en présence dans le camp tricolore nous fournissent de bonnes raisons d'y croire. Notamment en judo, valeur sûre de la performance tricolore aux Jeux, où les Bleus, emmenés par Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou, visent une jolie moisson. Romain Cannone, champion olympique en titre et la numéro 1 mondiale Sara Balzer seront nos têtes de gondole en escrime, tandis que Léon Marchand et Florent Manaudou, en natation, ou encore Félix Lebrun en tennis de table feront partie des attractions du camp tricolore. Sans compter les sports collectifs - volley, handball et pourquoi pas basketball avec le phénomène Victor Wembanyama - toujours grands pourvoyeurs de médailles aux Jeux.

Quoi qu'il en soit, la France met tout en œuvre pour faire de cet objectif une réalité. À l'image de la Maison de la Performance, située à quelques encablures du village olympique. "C'est un projet ambitieux qui vise à fournir un environnement optimal pour nos athlètes, en leur offrant accès à des espaces d'entraînement complémentaires, une salle de musculation, un espace de récupération, un espace médical ou des salles de debriefing", expose Frédéric Sanaur, directeur général de l'Agence nationale du sport.

Du côté du CNOSF aussi, on s'emploie à mettre les athlètes dans les meilleures conditions. "On aura des carrés de supporters dans les stades, dans les gymnases pour booster nos athlètes français", explique Astrid Guyart, ajoutant que "deux-tiers des acheteurs sur la billetterie officielle sont français". De quoi offrir aux athlètes tricolores tous les ingrédients nécessaires pour une quinzaine historique.