Mais qu’ont-ils tous à hurler pendant l’effort sportif ? Au tennis, en haltérophilie, et même en escalade, les sportifs sont nombreux à crier aux moments cruciaux. Alors que les épreuves d'athlétisme des Jeux olympiques de Rio débutent vendredi, les hurlements proviendront plutôt des aires de lancer. En effet, les lanceurs de marteau, de poids, de javelot et de disque sont des spécialistes du "cri sportif". Mais à quoi cela sert-il ?
"Vider cette énergie." Psychologiquement, d’abord, l’efficacité du hurlement est quasiment établie. Crier pendant l’effort, c’est une manière comme une autre d’évacuer la tension. "Il y a parfois tellement d’enjeu, tellement de pression, qu’il faut trouver un moyen de vider toute cette énergie", explique Stéphanie Falzon, multiple championne de France du lancer du marteau, qui a fréquenté de nombreuses "hurleuses" durant sa carrière.
" Quelque chose qui vient du bide "
Pourtant, crier n’a jamais été dans les habitudes de la Girondine. Non pas parce qu’elle n’en a jamais eu envie, mais parce que cela ne lui est jamais venu. "C’est quelque chose qui vient du bide, quelque chose de très personnel", détaille-t-elle. "Mon truc à moi pour évacuer la frustration, c’était d’hurler des gros mots après un mauvais lancer. Mais ce sont des choses inexplicables, chacun a sa manière propre."
Un effet sur l’adversaire. Pendant le lancer, durant le final du jet, ou seulement après avoir entièrement terminé le geste, les façons de crier sont nombreuses. Mais toutes ont un point commun, selon Stéphanie Falzon : leur impact psychologique sur l’adversaire. "Quand le hurlement d’une concurrente était puissant, je savais que sa performance était belle. Cela peut faire cogiter", se souvient la Tricolore de 33 ans.
Une aide à la performance ? Au-delà de ses effets psychologiques, le cri peut aussi s’avérer utile pour la performance. Une étude scientifique britannique effectuée sur des joueuses de tennis a en effet montré que le service d’une joueuse gagnait en vitesse lorsque celle-ci effectuait le geste en hurlant, avec une moyenne d’environ 6 km/h supplémentaire par rapport à un service plus "calme". Mais attention, cela ne marche pas à tous les coups, et surtout pas dans tous les sports. Le Dr Victor Thompson, psychologue du sport et spécialiste du triathlon, expliquait au Telegraph que le hurlement peut très vite devenir problématique pour le souffle. "Faire un effort suffisant n’est possible qu’en inspirant suffisamment d’air. En triathlon par exemple, hurler viendrait interrompre le cycle respiratoire normal."
Plus de puissance. Conséquence : il faut réserver ses cris pour les sports où l’effort est aussi ponctuel que brutal. Les lancers, par exemple, sont les disciplines idéales pour donner de la voix avec efficacité. "Si une expiration puissante intervient au même moment que l’engagement musculaire abdominal, cela peut donner plus de puissance", confirmait le Dr Thompson, qui s’avouait favorable aux hurlements en javelot et en poids. Une théorie appuyée par l’étude britannique sur le tennis, qui précise que la réponse de la poitrine et des muscles abdominaux était "significativement renforcée" lors d’un coup frappé en criant. "Ça ne m’étonne pas", confirme Stéphanie Falzon, consciente que le cri "n’est qu’une contraction des abdominaux et ne peut être que positif."
Finalement, les arts martiaux ancestraux avaient peut-être trouvé la réponse avant tout le monde. En karaté, le fameux "kiai" désigne justement le cri poussé par les combattants au moment exact du mouvement d’attaque. Bien contrôlé, il permettrait une contraction parfaite de l’abdomen, et donc une efficacité augmentée. En résumé : hurler n’est pas gagner, mais c’est peut-être bien l’une des recettes du succès.