Reine des -63 kg renversée en demie, Clarisse Agbegnenou, devenue mère en 2022, a sauvé avec expérience et courage une médaille de bronze à Paris, à défaut d'un nouveau titre olympique après ceux en individuel et par équipes à Tokyo. Face à la tour Eiffel, Clarisse Agbegnenou a embrassé cette médaille de bronze de consolation et le public français de l'Arena Champ-de-Mars, le remerciant d'un cœur avec ses doigts. Puis elle a pris sa fille Athéna, née en 2022, dans ses bras, avant de célébrer avec ses proches en tribunes.
La seule médaille olympique qu'il manquait à son palmarès
Le monument du judo français s'offre malgré tout la seule médaille olympique qui lui manquait. En argent à Rio en 2016 puis en or en 2021, le "Bulldozer" français a cette fois été stoppé avant la finale par la Slovène Andreja Leski, au grand dam de ses fans aux banderoles guerrières : "Mets les toutes à l'amende".
Sortie de la salle sous une standing ovation, la Française de 31 ans six fois championne du monde restait pourtant sur cinq victoires en autant de combats contre cette adversaire de 27 ans. Et elle semblait contrôler le match. Mais, à 15 secondes de la fin du combat de quatre minutes, la Française s'est faite retournée sur le flanc.
Victoire en petite finale sur ippon
L'action, d'abord pas arrêtée par l'arbitre, s'est poursuivie au sol et la Française, étranglée entre les jambes slovènes, semblait à deux doigts de taper pour abandonner. Elle a tenu, s'est remise debout difficilement, mais après arbitrage vidéo, l'attaque a valu waza-ari pour la Slovène. Dans les ultimes secondes, "Gnougnou" s'est jetée sur son adversaire mais n'a pas eu le temps d'inverser le score.
La Française a su se concentrer à nouveau pour empocher la récompense bronzée. Après avoir failli se faire surprendre dès la première action contre l'Autrichienne Lubjana Piovesana, elle a pris le dessus avec l'aide du public et a fini par faire ippon.
Un quart de finale expéditif
Depuis le premier tour, elle avait bien construit sa journée olympique, en montant en puissance. Elle avait commencé difficilement contre l'Israélienne Gili Sharir, écartée en 6 min 58, soit presque trois minutes de prolongation. Au deuxième, bien que dominante, elle a dû attendre les dernières secondes pour marquer un waza-ari (un point).
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En quart, elle avait passé la vitesse supérieure avec un ippon d'école magistral en seulement 34 secondes contre la Kosovare de 23 ans Laura Fazliu, qui l'avait battue à deux reprises et pour la dernière fois à l'Euro-2023. Pour celle qui est devenue, selon son expression, "une athlète totalement différente" après avoir donné naissance à sa fille, l'or était tout sauf illusoire après cette matinée solide.
Fracas et "colère"
Devenue mère, elle était revenue sur la scène internationale avec fracas en 2023, se coiffant d'une sixième couronne mondiale. Mais la suite avait été plus délicate, déjà. En novembre 2023 à Montpellier, elle avait perdu contre Laura Fazliu et avait ensuite fini à une inhabituelle septième place. Aux Mondiaux-2024, en mai à Abou Dhabi, elle avait certes fini médaillée de bronze. Mais elle ne s'habitue pas à ce métal. Alors "en colère contre (elle)-même", la Française avait promis, avec le sourire, l'enfer à ses adversaires: "il faut les atomiser dès le début".
"Forcément il y a des jeunes qui montent, elles ont envie de détrôner les plus anciennes", expliquait-elle encore jeudi, mais "ça permet de se dire qu'il ne faut pas se reposer sur ses lauriers". Ces précédents avertissements n'ont pas suffi. Et le judo a ça de cruel: en quelques minutes, voire secondes, tout un rêve peut s'effondrer. Il lui restera une autre occasion de ramener une médaille d'or, lors de la compétition par équipes mixtes samedi.