Les transports publics seront-ils pleinement opérationnels pour les Jeux olympiques de Paris 2024 ? Anne Hidalgo en a douté fortement, déclenchant un contre-feu immédiat du ministère des Transports qui a tenté de rassurer à huit mois de l'échéance. "On est quand même dans une difficulté, déjà, dans les transports du quotidien, et on n'arrive pas à rattraper le niveau (...) de ponctualité, de confort pour les Parisiennes et les Parisiens", a souligné la maire de Paris, mercredi soir, sur le plateau de Quotidien. "On ne va pas être prêt", a-t-elle même affirmé, au sujet de cette question cruciale pour la réussite des Jeux de Paris.
Ces assertions ont aussitôt suscité les réactions indignées de Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France et d'Ile-de-France Mobilités (IDFM), mais aussi de Clément Beaune, le ministre délégué aux Transports. "Merci à elle de résoudre le problème des embouteillages dans Paris pour permettre la circulation des bus !", a ironisé Valérie Pécresse. "Madame Hidalgo n'est pas là, ne participe pas aux réunions de travail mais a un avis pour les autres. Quel sens du sérieux et du respect pour nos agents publics et pour les Parisiens !", a réagi de son côté Clément Beaune. Pourtant, le ministre lui-même avait affirmé le 14 novembre qu'il serait "compliqué de circuler dans Paris" les jours de compétition.
Adapter ses déplacements
D'ici début décembre, les plans de circulation arrêtés par la préfecture de police pour les automobilistes dans Paris seront connus. "Je ne vous cache pas que ces plans de circulation, (...) ils seront +hardcore+", avait prévenu Clément Beaune mi-novembre. "Chacun devra faire un effort sur sa manière de se déplacer pendant les Jeux. Il y aura une grande campagne qui sera menée", a insisté jeudi le ministère des Transports, rappelant qu'il faudra certainement, pour les usagers du quotidien, adapter ses déplacements, voir même privilégier le télétravail quand ce sera possible afin d'éviter de surcharger les transports.
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Pour autant, du côté d'IDFM, l'autorité organisatrice des transports, on assure que tout est en ordre de marche. "Le plan de transport a été validé par le CIO (Comité international olympique) qui n'a émis aucune alerte", a-t-elle souligné. L'augmentation de l'offre de transport de 15% pendant la période des Jeux par rapport à l'offre habituelle en plein été a été votée. Il subsiste quelques inquiétudes sur la desserte de certains sites de l'Ouest parisien comme le Parc des Princes et Roland-Garros mais "on est en train de les traiter", a promis IDFM.
Autre incertitude : la cérémonie d'ouverture. "Les travaux se poursuivent et effectivement, les plans de transport ne sont pas encore totalement stabilisés", a reconnu le ministère des Transports. La jauge n'est toujours pas définitivement arrêtée et IDFM a toujours dit qu'elle ne devrait pas atteindre 600.000 spectateurs comme envisagé jusqu'ici, pour permettre de transporter les personnes dans de bonnes conditions.
Absence d'Hidalgo
Le ministère des Transports et celui des Sports se réunissent tous les mois en présence des opérateurs de transport franciliens et d'IDFM pour évaluer l'avancement des opérations lors de comités stratégiques des mobilités. Or, Anne Hidalgo n'a jamais assisté à ces réunions, "on a eu pour l'instant un désintérêt complet de la maire de Paris sur cette question", a déploré le ministère des Transports.
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L'édile a malgré tout reçu le soutien des membres de sa majorité comme Jacques Beaudrier (PCF), adjoint au maire et administrateur d'IDFM. "Je trouve qu'elle a mille fois raison, parce qu'elle prend ses responsabilités", a salué l'élu. "On a les JO une fois tous les 100 ans. Et on en profite pour dézinguer la SNCF et la RATP, juste cette année-là", a-t-il cinglé en visant Valérie Pécresse, qui soutient l'ouverture à la concurrence du réseau de bus de la RATP à Paris et en petite couronne. La concurrence doit entrer en vigueur entre fin 2024 et fin 2026, faisant craindre de possibles mouvements sociaux pendant la compétition.