La triathlète Cassandre Beaugrand a marché sur l'eau mercredi pour offrir à la France sa sixième médaille d'or des Jeux olympiques de Paris, où le suspense a duré jusqu'au bout sur la tenue de l'épreuve en raison de la qualité de l'eau de la Seine. Les Françaises prenaient leur petit-déjeuner, aux alentours de 4 heures du matin, lorsque les organisateurs et l'instance internationale World Triathlon ont donné leur feu vert pour la course.
Celle des hommes, la veille, avait été repoussée d'une journée en raison de la pollution de la Seine, un feuilleton qui aura longtemps entretenu le doute. C'est finalement le Britannique Alex Yee qui s'est imposé au nez et à la barbe du Néo-Zélandais Hayden Wilde, le Français Léo Bergère complétant le podium avec la troisième place, et une 20e médaille pour la délégation tricolore.
De la nervosité avant la course
L'incertitude n'a visiblement pas perturbé Beaugrand outre-mesure, même si la triathlète de 27 ans a vomi juste avant le départ, pour d'autres raisons. "C'était nerveux", en a-t-elle souri après coup. "Ca ne m'est jamais arrivé. Je me suis dit 'oh la honte devant les autres athlètes'. Tout le monde savait que j'étais stressée et ce n'est pas ce qu'on a envie de montrer aux autres concurrentes".
À domicile, la native de Livry-Gargan a parfaitement maîtrisé son stress et sa course pour devancer la surprenante Suissesse Julie Derron, l'autre favorite, la Britannique Beth Potter, et sa compatriote Emma Lombardi, au pied du podium. Elle offre au triathlon français sa première médaille depuis l'intégration de la discipline au programme olympique, en 2000 à Sydney, et efface sa déception de Tokyo, où elle avait abandonné alors qu'elle était déjà très attendue.
"Je suis contente d'avoir pris ma revanche sur le passé. Le mental a été mon point positif aujourd'hui", s'est félicitée la nouvelle championne olympique. "C'est la médaille de tous ceux qui ont toujours cru en moi, qui m'ont toujours dit que je pouvais le faire et qui m'ont toujours poussée et relevée, surtout quand j'étais au plus bas".
Léonie Périault n'a pas réussi à intégrer le top 5, comme à Tokyo
La pluie s'est arrêtée à 8 heures pile, au moment où les concurrentes ont plongé dans la Seine sous les yeux du président du CIO Thomas Bach, du président du Cojo Tony Estanguet, de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra et de la maire de Paris Anne Hidalgo. Auteure à Tokyo il y a trois ans du meilleur résultat individuel d'une Française aux JO jusque-là (5e place), Léonie Périault, le jour de ses 30 ans, a eu du mal à maîtriser les courants du fleuve et perdu tout espoir dès la natation, avec un retard rédhibitoire de plus de deux minutes.
Un groupe d'une dizaine de favorites a fait la course devant à vélo, sur une route glissante, ponctuée de plusieurs secteurs pavés, qui a provoqué plusieurs chutes. Quatre filles se sont rapidement détachées à pied : Potter, championne du monde 2023, Beaugrand et Lombardi, et Derron, pas forcément attendue à pareille fête.
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Décor de carte postale
Dans un décor de carte postale, autour du pont Alexandre-III et de ses statues dorées, Beaugrand, partie s'installer en Angleterre aux côtés de son petit ami, spécialiste de nage en eau libre, a placé une accélération décisive dans le dernier tour. Malgré le soutien d'un public très dense tout le long du parcours, Lombardi a elle craqué dans l'emballage mais pris rendez-vous pour l'avenir, à seulement 22 ans.
"Je suis forcément un peu déçue de louper la médaille pour si peu", a-t-elle réagi. "Ca reste quand même une course exceptionnelle, avec un public de dingue. J'ai quand même rempli mes objectifs pour mes premiers Jeux". Et sans doute gagné sa place pour le relais mixte, lundi, dont les Français, avec une telle densité, compteront forcément parmi les grands favoris pour l'or.