Cela faisait quinze ans qu’un Français (Paul-Henri Mathieu à l’époque) n’avait pas remporté deux tournois consécutifs. Après Rotterdam la semaine dernière, Jo-Wilfried Tsonga a soulevé un nouveau trophée à Marseille dimanche, face à son compatriote Lucas Pouille (6-4, 6-4,), un titre qui lui a permis de se hisser à la 7ème place mondiale lundi. Depuis le début de l’année, libre de tout ennui physique, "Big Jo" a retrouvé son meilleur niveau. Bien dans son corps, il l’est aussi dans sa tête, et pour cause : il est sur le point de devenir papa pour la première fois.
Un départ canon. Les chiffres suffisent à donner du relief à son début de saison : 17 victoires en 20 matches, deux titres, un quart de finale à l’Open d’Australie et un total de 1.245 points à l'ATP. En 2017, seuls Roger Federer (2.000 points) et Grigor Dimitrov (1.310) ont fait mieux. En comparaison, l'an passé, le Sarthois ne comptait "que" 1.080 points en débarquant à Wimbledon… fin juin. "Je suis un peu en avance. Je ne pensais pas être aussi bon aussi vite", avoue-t-il lui-même devant la presse. Avec désormais quatorze titres à son actif, il égale Richard Gasquet et se rapproche - un peu - du détenteur du record national, Yannick Noah (23).
Comblé par ses performances, le N°1 français risque de l’être encore plus au mois d’avril, durant lequel sa compagne donnera naissance à son premier enfant. Ceci suffit-il à expliquer cela ? "Le côté personnel est ce qu’il y a de plus important pour moi. Sans ça je ne joue pas bien au tennis", reconnaît le joueur de 31 ans. "Je pense que c’est la maturité tout court."
Un déclic fin janvier. Après la déception du quart perdu en Australie face à Stan Wawrinka, fin janvier, Tsonga a aussi et surtout changé ses méthodes de travail. "Ça a été un petit révélateur de ce qu’il fallait changer pour être meilleur (…) Il s’est passé plein de choses. Je me suis fait opérer des sinus, j’ai changé mon service, j’ai entamé un travail de fond avec mon préparateur physique. J’ai également beaucoup travaillé sur moi-même, sur le relâchement, pour essayer d’économiser de l’énergie. C’est un travail global, un chantier qui ne date pas d’aujourd’hui. Ça n’arrive pas par magie", souligne le Sarthois, qui attend le prochain Grand Chelem "avec impatience".
L’Amérique ou la famille. Mais d’ici là, Jo-Wilfried Tsonga aura un "dilemme" à trancher. Fera-t-il, oui ou non, la tournée nord-américaine sur dur à Indian Wells et à Miami, qui commence dans dix jours ? "Je joue très bien et j’ai envie de jouer, évidemment. Je savais depuis la fin de l’année dernière qu’il faudrait que je fasse des choix cette saison. C’est le moment de prendre des décisions, d’où la réunion prochaine avec mon équipe. Et puis je vais sûrement en discuter avec ma chérie. La priorité reste la famille", explique-t-il.
Son nom fait partie des vingt inscrits sur la liste de joueurs obligatoirement à la disposition de la Fédération française de tennis pour la Coupe Davis et la Fed Cup, révélée lundi. Un refus de sélection et les sanctions pourraient aller jusqu'à cinq ans de suspension de tournoi, voire la radiation. Or, le quart de finale de Coupe Davis face à la Grande-Bretagne est prévu du 7 au 9 avril prochains. Mais pour tout dire, on voit mal comment Yannick Noah pourrait l’appeler alors que sa compagne vient d'accoucher...