Un conflit a éclaté entre la Fédération française de judo et la judokate Clarisse Agbegnenou à l'occasion du Grand Slam de Tel-Aviv (Israël) vendredi. La double championne olympique, sponsorisée par Mizuno, refuse de porter le kimono de l'équipe de France, partenaire d'Adidas. Une décision à laquelle la Fédération a répondu : cette dernière l'a privée de son entraîneur référent en équipe de France.
"Je suis vraiment dépassée par la situation. Je suis outrée du manque de respect qu'on m'octroie", a-t-elle déclaré à l'AFP. "Je suis une sportive, je veux défendre mes titres, revenir à la compétition, montrer que tout est possible. Et ce qui m'en empêche, c'est ma propre fédération. C'est très grave." Clarisse Agbegnenou, qui effectuait son retour en Grand Slam après son congé maternité, s'est présentée sur le tatami avec un kimono de son sponsor personnel, la marque Mizuno, alors que la Fédération française de judo a signé un partenariat avec Adidas.
>> LIRE AUSSI - En stage à Rio, Teddy Riner lance sa préparation olympique pour les JO de Paris 2024
Sponsor de la Fédération
La double championne olympique a justifié son choix en expliquant qu'elle n'avait plus combattu avec un kimono Adidas depuis plus de cinq ans et qu'elle préférait donc concourir avec un kimono qu'elle connaissait. Adidas a en effet succédé à Mizuno comme équipementier de la Fédération en 2021, juste avant le congé maternité de la judoka de 30 ans.
Mais "chaque année, les athlètes signent une convention avec la Fédération qui verse une somme conséquente, via le ministère des Sports, aux athlètes", rappelle Céline Géraud dans Europe 1 Sport. Les judokas sont donc tenus de porter le sponsor assigné par la Fédération.
Clarisse Agbegnenou se défend : "Ils auraient pu me dire : 'Ecoute Clarisse, c'est compliqué, ce n'est pas notre équipementier. On sait que tu ne connais pas le kimono donc on peut te le passer pour l'essayer et comme ça tu peux voir si tu peux combattre avec.' (Mais) ils ne m'ont apporté aucune solution", a-t-elle regretté.
>> LIRE ÉGALEMENT - Mondiaux de judo : faut-il s'inquiéter pour les Bleus à deux ans des JO de Paris ?
Sanction de la Fédération
Pour sanctionner le choix d'Agbegnenou de porter un kimono personnel, la Fédération avait décidé de la priver de son entraîneur fédéral pour la compétition. "Me dire la veille au soir que je serai privée de coach à cause de mon kimono, c'est enfantin. Je trouve ça vraiment dommage et je me dis qu'ils auraient pu être plus adulte", a-t-elle estimé.
"Ils auraient pu se dire, 'c'est qu'une compétition, c'est pas les Championnats du monde, c'est pas les Jeux olympiques, c'est son retour, on la laisse'", a-t-elle poursuivi. "Mettre le kimono d'un autre équipementier, ça nous met en porte-à-faux, je trouve que ce n'est pas respecter l'équipe de France", avait déclaré vendredi le président de la Fédération Stéphane Nomis.
"Ce que je lui ai dit c'est qu'on s'assoit, on écrit une convention, on te fait une proposition, tu reviens vers nous et on le fait proprement, calmement. Ça a été mon discours il y a une semaine, pas la veille. On ne l'a pas prise en otage", a-t-il ajouté, dénonçant "l'agressivité" de l'entourage de la judoka.
Clarisse Agbegnenou doit rencontrer la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra lundi prochain. Une rencontre qui pourrait débloquer la situation et qui remettrait la judokate sur de bons rails avant les championnats du monde qui auront lui à Doha du 7 au 14 mai prochain.