Peut-être aviez-vous choisi mardi soir de fêter la Saint-Valentin avec votre moitié. Peut-être découvrez-vous avec un peu de retard le score du PSG face au Barça, mardi soir, en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions. 4-0. Oui, 4-0, un score incroyable, sur lequel personne ou presque n'aurait misé avant la rencontre. Et pourtant, au fil des minutes, ce tableau d'affichage, réservé d'habitude aux "affaires courantes" de la phase de poules, n'a rien eu de surprenant. Retour sur les éléments qui ont permis au PSG de réaliser l'une des plus grandes sensations de l'histoire de la Ligue des champions.
- L'engagement : des Parisiens remontés, des Catalans déboussolés
Le Barça aurait dû se douter. Unai Emery, ancien coach du Séville FC, avec lequel il a gagné à trois reprises la Ligue Europa, continue de suivre le championnat espagnol, la Liga. C'est là sans doute qu'il a vu les Blaugrana sévèrement "bougés" cette saison par des équipes supposées plus faibles, mais agressives, exerçant un pressing très haut et mettant une intensité folle dans les duels. C'est exactement la recette que le PSG a reprise mardi soir. Bien qu'handicapant, le carton jaune pris très vite par Adrien Rabiot sur une percée de Neymar a donné le ton : des Parisiens morts de faim face à des Catalans bien trop tendres.
- La tactique : du tout bon pour Emery, du tout flou pour Luis Enrique
Le coach espagnol du PSG, Unai Emery, a eu tout bon dans sa composition d'équipe : il avait aligné un milieu de terrain accrocheur et "ratisseur" composé d'Adrien Rabiot, Marco Verratti et Blaise Matuidi. Il a fait la loi (quel match de Rabiot !), le PSG interceptant le double de ballons (17 contre 9). Pour les latéraux, il avait préféré Thomas Meunier et Layvin Kurzawa à Serge Aurier et Maxwell. Le duo franco-belge a profité de la défense laxiste de la "MSN" pour se projeter très vite vers l'avant. Car si au PSG, le trio d'attaque n'a pas donné sa part au chien pour défendre, côté catalan, le trio Messi-Neymar-Suarez a beaucoup erré, sans réussir à peser. Suarez a pesté, surtout, Neymar ne s'est jamais vraiment remis de son coup reçu en début de match et Messi n'a été que l'ombre de lui-même. Quant au "pari" de titulariser André Gomes en lieu et place d'Ivan Rakitic au milieu du terrain, il n'a pas été payant pour Luis Enrique, qui n'a pu que constater, l'air hagard, qu'Edinson Cavani, même après plus d'une heure d'efforts, savait lui toujours régler la mire (lire plus bas).
- L'efficacité : moins de possession, mais plus d'actions
Face au Barça, le PSG n'a eu le ballon que 43% du temps. C'est peu. Mais il a tiré près de trois fois plus souvent au but. C'est beaucoup (16 tirs à 6). Mais surtout, il a cadré dix fois contre… une seule fois au Barça. C'est énorme.
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C'est sans doute là l'une des manifestations les plus visibles de la patte Emery. Cet entraîneur-là se fiche de la possession. Il veut de l'efficacité et du réalisme. Le PSG les a eus, mardi soir, jusqu'à satiété. Emery a (maintenant) aussi les hommes pour mettre en place sa tactique. Il y a eu l'apport des latéraux (quel déboulé de Meunier sur le quatrième but) mais aussi celui des ailiers, Angel Di Maria, (enfin) décisif, et Julian Draxler, (encore) brillant. Ces deux-là ont donné le tournis à une défense en papier mâché, où des latéraux noyés n'ont été d'aucun recours à une charnière centrale Piqué-Umtiti dépassée.
- Un soupçon de réussite : oui, quand même
Certes, la victoire du PSG ne se discute pas, mais quand même. Le match aurait pu être tout autre si le club de la capitale n'avait pas eu ce soupçon de réussite qui survient quand tout va bien. Le score n'était encore que de 1 à 0 quand André Gomes a faussé compagnie à la défense parisienne pour aller défier Kevin Trapp en un-contre-un. Le joueur du Barça a tiré entre les jambes du portier allemand qui, un brin chanceux, a dévié le cuir au ras de son montant (27e). Et, en fin de rencontre, le PSG a sauvé son "clean sheet" - et écarté la possibilité d'un retour bouillant - grâce au poteau droit salvateur de Trapp sur une tête de Samuel Umtiti. À 1-4, le Barça aurait été qualifié en gagnant 3-0 au Camp Nou, le 8 mars prochain. Là, il lui faudra gagner 5-0 (ou espérer éventuellement l'emporter aux tirs au but après un 4-0). Vous conviendrez que ce n'est pas exactement la même chose.
- Une ambiance : le Parc des grands soirs
"Jouez comme des guerriers, vos soldats sont derrière vous." Voilà le message que les joueurs du PSG ont pu apercevoir en début de soirée dans la tribune Auteuil, qui revêt un peu plus à chaque match les atours du défunt Virage Auteuil. Ambiance, soutien, des torses nus et des gorges déployées : pour un peu, on se serait cru quelques années (décennies ?) en arrière, quand le célèbre virage, opposé (pas toujours qu'au sens géographique d'ailleurs) au Kop de Boulogne, mettait une ambiance du tonnerre.
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Ce fut le cas mardi soir, tout au long d'un scénario magique, entamé par un tifo splendide qui disait "Ensemble, nous sommes invincibles". Invincibles et capables de battre le Barça 4-0.