La mission d'inspection diligentée par le ministère des Sports touche à sa fin, et son verdict est déjà connu : Noël Le Graët n'a "plus la légitimité nécessaire pour administrer" le football français compte tenu de "son comportement envers les femmes, ses déclarations publiques et les défaillances de la gouvernance" au sein de la première fédération sportive de France.
Dans le pré-rapport du 30 janvier, les inspecteurs livrent un constat sévère envers le dirigeant de 81 ans, mais pas seulement. Le management "brutal" de la directrice générale Florence Hardouin et les "logiques claniques" sont épinglés. Quant à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, elle n'apparaît "ni efficace ni efficiente". Le fonctionnement du comité exécutif (Comex), parfois qualifié de "chambre d'enregistrement", est également pointé du doigt.
Ce "gouvernement" fédéral de 14 personnes (dont 12 votants), majoritairement des colistiers de Le Graët lors de sa réélection en 2021, avait jusqu'à lundi pour formuler des observations aux inspecteurs, au même titre que Hardouin et le président.
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Rapport "médiocre"
Auprès de l'AFP, un membre du Comex ayant requis l'anonymat juge le rapport "médiocre, plein de bla-bla, en bref politique". Les avocats de Le Graët, Mes Florence Bourg et Thierry Marembert, ont dénoncé de leur côté un document "aux allures de réquisitoire". Le dirigeant de 81 ans, en poste depuis 2011, ressent un "profond sentiment d'injustice" face à cette mission d'audit, soumise selon eux "à une pression politique et médiatique".
Les observations et contestations des différentes parties seront annexées au rapport qui, mercredi, deviendra définitif. Le Comex de la FFF a prévu de se réunir ensuite, probablement vendredi, pour tenter d'adopter une position commune. Avec, en toile de fond, la question de l'avenir de Le Graët.
Depuis mi-janvier, "NLG" est visé par une enquête pour harcèlement moral et sexuel, ouverte à la suite d'un signalement fait par les inspecteurs auprès de la procureure de la République de Paris. Ces derniers ont indiqué qu'ils transmettraient des éléments d'information supplémentaires à la justice.
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Démission et succession
"Peut-il se maintenir aux affaires comme si de rien n'était ?", se questionne faussement un membre du gouvernement fédéral, globalement séduit par l'intérim assuré par le vice-président Philippe Diallo. L'entourage de Le Graët assure que le dirigeant "n'est pas du tout dans l'idée de s'accrocher à son poste", "mais il s'inquiète de savoir comment va tourner la FFF après son départ", sachant que les candidats à sa succession fourbissent leurs armes.
"Au Comex, ils se regardent tous en chien de faïence", relève cette source. Diallo se présente en prétendant naturel, en fin connaisseur des arcanes du football et des ministères. Jamel Sandjak, l'actuel président de la Ligue de Paris Île-de-France, ne manque pas de soutiens également. Tous restent cependant suspendus à la décision de Le Graët.
Si le dirigeant breton ne démissionne pas, des membres du Comex pourraient eux-mêmes rendre leur tablier pour provoquer une nouvelle élection. Autre hypothèse: l'Assemblée fédérale, à la demande d'un quart de ses membres, peut se réunir pour mettre fin au mandat du Comex.
Indépendamment de ces développements potentiels, le Comex peut activer un autre levier pour faire partir le dirigeant: engager une procédure disciplinaire à son encontre en s'appuyant sur les textes fédéraux qui prévoient une possible "radiation" en cas de "comportement contraire à la morale, à l'éthique ou portant atteinte à l'honneur, à l'image ou à la considération de la FFF (...) ou, plus généralement, du football français".