La ministre des Sports, Roxana Maracineanu s'est dite choquée par les insultes proférées par certains supporters dans les stades de football, au micro d'Europe 1 dimanche. "On ne peut pas se dire qu'on va emmener nos enfants au stade et entendre de telles choses, c'est inadmissible".
Mais la présidente de la Ligue professionnelle de football, Nathalie Boy de la Tour, évoque avant tout du "folklore", dans une interview du Parisien. Avant de parler de sanctions, elle insiste sur les actions de prévention et de pédagogie à mettre en place auprès des supporters.
Les chants homophobes, "le folklore du foot", selon Nathalie Boy de la Tour
Quand Roxana Maracineanu dénonce des "insanités", la présidente de la Ligue professionnelle évoque, plusieurs fois, "le folklore, le folklore du foot…", auprès du Parisien. "Ce sont des propos qu’on entend régulièrement. Ça ne veut pas dire qu’ils sont acceptables, mais ils font partie de l’expression d’une ferveur populaire qu'il faut prendre comme telle."
Des propos qui n'ont pas de portée pour les supporters
Pour Nathalie Boy de la Tour, ces propos sont circonscrits aux limites des stades. "Le propos pris hors contexte n'est pas acceptable. Maintenant, dans le stade, il n’est pas acceptable en tant que tel, mais il fait partie du folklore." Selon elle, "la majorité des supporters n’ont pas l’impression de blesser."
C'est pourquoi, plutôt que des sanctions - comme l'a réclamé la ministre des Sports en marge des Trophées de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) au Sénat - elle souhaite privilégier la pédagogie pour "montrer que derrière les mots, on peut faire souffrir quelqu'un qui se sent attaqué."
"Mais l'homophobie ne relève pas du folklore des stades", s'insurge le chroniqueur d'Europe 1 David Abiker dans sa revue de presse mardi matin. "C'est une sale habitude, comme les insultes racistes. L'homophobie n'est pas plus un folklore que le harcèlement scolaire n'appartient au folklore éducatif ou dégazer en plein mer au folklore maritime. Madame la présidente, on sait que vous faites ce que vous pouvez mais ne laissez pas l'insulte homophobie, qui n'a rien de folklorique, polluer le sport."
Des actions de sensibilisation plutôt que des sanctions
Pour Nathalie Boy de la Tour, il faut y aller "par étapes. Ce qui est important pour nous avant tout, c’est l’éducation et la prévention", assure la présidente de la Ligue. Bien que des sanctions soient déjà appliquées dans les stades pour l'utilisation de fumigènes, Nathalie Boy de la Tour assure que l'effet de groupe rend l'identification des auteurs difficile. "On ne supprimera pas du jour au lendemain les chants qui ne nous plaisent pas dans les stades. Ce n’est pas possible", assure-t-elle.
Néanmoins, la Ligue professionnelle a signé un pacte avec la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) pour établir un état des lieux. "C’est tout un 'process' qui va être mis en place, par des photos, des captages vidéos ou audios", prévoit-elle. Des actions et des ateliers de sensibilisation vont également être menés avec des groupes de supporters volontaires. Quant au soutien des membres du conseil d'administration de la Ligue pour des sanctions, Nathalie Boy de la Tour ne se prononce.