Pour les Bleus, les campagnes de qualification à une grande compétition Euro ou Coupe du monde, ont rarement relevé du long fleuve tranquille. L’histoire (relativement) récente de l’équipe de France a même été émaillée d’échecs retentissants et parfois traumatisants. Alors mardi en Biélorussie, la bande à Deschamps a tout intérêt à démarrer aux mieux ces éliminatoires pour la Coupe du monde 2018, au risque de transformer l’exercice en chemin de croix. Comme tant d’autres fois.
- Les traumatismes
Mondial 1994
Dans le groupe A, celui de la France, se trouve un pays qui donne encore des cauchemars aux supporters de l’équipe de France : la Bulgarie. Du moins ceux en âge de se souvenir de ce 17 novembre 1993. Ce soir-là, au Parc des Princes, les Bleus n’ont besoin que d’un but pour se qualifier pour le Mondial américain, prévu l’année suivante. A 1-1 à la 90ème minute, les hommes de Gérard Houllier se voient déjà de l’autre côté de l’Atlantique. Mais dans le coin droit de la Bulgarie, Ginola envoie un missile… nulle part. En trois passes, Kostadinov (un nom que personne n’a oublié) se retrouve avec le cuir dans la surface des Bleus. Dans un angle impossible, il crucifie Lama et toute l’équipe de France, au moment même où le chronomètre affiche la 90e minute. C’en est fini. Déjà absent en 1990, les Bleus regarderont une nouvelle fois la Coupe du monde devant leur poste.
Si ce France-Bulgarie est resté dans les mémoires, il convient cependant de ne pas oublier le match précédent, contre Israël, là encore à domicile. E là encore, les Bleus n’ont besoin que du match nul. Les Ginola, Cantona, Papin, Desailly, Blanc, Deschamps et autre Sauzée (ça avait de la gueule, quand même) mènent 2-1 à la 83e minute. Billet pour les Etats-Unis en poche ? Que nenni ! Car Rosenthal d’abord, puis Atar, dans les arrêts de jeu, gâchent la fête. Le début de la fin pour les Bleus.
Mondial 1990
Troisième de la Coupe du monde 1986 mais absent à l’Euro 1988, les Bleus sont confiants au moment d’aborder les qualifications, avec comme adversaires la Yougoslavie, l’Ecosse, la Norvège et surtout la très faiblarde Chypre. Le 22 octobre 1988, les partenaires de Jean-Pierre Papin se déplacent sur la petite île de Méditerranée avec la quasi-certitude d’en ramener les trois points. Las, après l’une des plus insipides prestations de l’histoire de l’équipe de France, c’est le point du match nul (1-1) que les Français ramènent dans leurs valises. Le sélectionneur Henri Michel, l’ami de Cantona, (qui l’avait traité de "sac à m…"), est limogé, mais le mal est fait : la France termine troisième de son groupe, et est éliminée. Chypre, elle termine avec… un petit point. Merci les Bleus.
La période 1968-1976
Il ne faisait pas bon être supporter des Bleus à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Pas une qualification à se mettre sous la dent en effet entre la Coupe du monde 1966 et celle de 1978. Avec à la clé des défaites retentissantes. Notamment ce revers (1-0) face aux amateurs norvégiens, en novembre 1968, ou ce naufrage à Wembley (5-0) en mars 1969. Adios le Mexique et le Mondial de 1970. Citons aussi une double confrontation face à la modeste République d’Irlande (3-1, 1-1) pour la qualification de la Coupe du monde 1974. Il faut en fait attendre les éliminatoires du Mondial 1978 pour voir la France renaître de ses cendres. Les Bleus se qualifient dans un groupe à trois équipes (!), devant la Bulgarie et l’Irlande.
- Les chemins de croix
Mondial 2010
Son Euro 2008 a été ô combien piteux, mais la France est tout de même favorite de son groupe de qualification, qui compte la Serbie, l’Autriche, la Lituanie, la Roumanie et les Iles Féroé. Mais une défaite inaugurale face à l’Autriche (3-1) complique d’entrée la tâche des hommes de Raymond Domenech. Malgré un parcours sans défaite par la suite, voilà les Bleus contraints de passer par un hasardeux barrage face à l’Irlande. Une victoire à Dublin laisse augurer du meilleur, mais le retour au Stade de France est une purge. Et il faut une main restée célèbre de Thierry Henry pour que la France se qualifie à la Coupe du monde 2010. Et quand on connaît la suite (le bus de la honte, les insultes d’Anelka, tout ça…), on aurait presque préféré une élimination.
Thierry Henry, sa main contre l'Irlandepar football-fr
Mondial 2014
Malgré un quart de finale à l’Euro 2012, le spectre de Knysna est encore présent dans toutes les têtes au moment d’entamer la campagne de qualification pour la Coupe du monde au Brésil. Seule la première place est directement qualificative, et l’Espagne, championne du monde et d’Europe en titre, et dans le groupe des Bleus. Logiquement donc, les hommes du nouveau sélectionneur Didier Deschamps terminent deuxièmes, malgré un match superbe en Espagne (1-1). Il faut donc, quatre ans après, repasser par les barrages. Ce sera face à l’Ukraine. Le match aller est cauchemardesque (0-2), mais le match retour, dans un stade de France en fusion, touche à la perfection (3-0). Les Bleus partent au Brésil et, surtout, ils sont enfin réconciliés avec leur public.
- Les (presque) formalités
Si on étudie l’histoire récente des Bleus, on remarque que la qualification à un Euro est quand même plus aisée que celle à une Coupe du monde. Pour les éditions 1996, 2000, 2008 et 2012 du championnat d’Europe, la France s’est à la fois qualifiée directement. Tout, à chaque fois, ne fut pas simple, avec même quelques résultats douloureux (match nul en Islande en 1998, double défaite contre l’Ecosse en 2007, défaite contre la… Biélorussie en 2011), mais dans l’ensemble, la qualification fut assez aisée.
- Les parcours parfaits
Euro 1992
Après le fiasco des éliminatoires au Mondial 1990, l’équipe de France se présente pour la campagne 1992 avec à sa tête une légende : Michel Platini, nommé dès 1988 mais qui n’a pas pu redresser la barre. Le triple Ballon d’or (1983, 1984, 1985) n’a jamais entraîné, mais le coup d’essai est un coup de maître. Dans un groupe assez relevé, avec notamment la Tchécoslovaquie et l’Espagne, les Bleus d’Amoros, Boli, Papin, Cantona (mais aussi Casoni, Durand, Vahirua), remportent huit victoires en huit matches. Cela n’est pas gage de réussite, toutefois. Car en Suède, les Bleus ne passent pas le premier tour, avec un nul et deux défaites. Fin de la parenthèse Platini, début de l’ère Houllier. Et des années noires.
Euro 2004
Jacques Santini sélectionneur de l’équipe de France… Rappelez-vous, ce phrasé ultra-rapide, ce verbe haut, ce charisme détonnant… En place entre 2002 et 2004, l’homme n’a pas marqué les mémoires, pourtant le parcours de ses troupes a été remarquable. Huit matches, huit victoires, tout simplement. Certes, en face, ce n’était pas forcément des foudres de guerre (Slovénie, Israël, Chypre, Malte), mais quand même, le fait est assez rare pour être souligné. Si les Bleus version 2016-2018 voulaient imiter leurs devanciers, on ne cracherait pas dessus. Cela passe forcément pas une victoire mardi en Biélorussie.