Pas de suspense à Troyes, le Paris Saint-Germain s'est donné de l'air en disposant d'une équipe virtuellement reléguée (3-1) pour reprendre six points d'avance sur Lens à quatre journées de la fin de la Ligue 1 et s'approche un peu plus du titre. Il n'y a pas eu d'histoire incroyable comme en raconte parfois le foot, le petit n'a pas du tout dérangé le gros. Kylian Mbappé a très vite marqué (8), imité par Vitinha (59) et Fabian Ruiz (86). Seul un relâchement trop souvent vu cette saison a permis à Xavier Chavalerin de réduire le score (83).
Cette victoire fait du bien au PSG, qui lutte depuis plusieurs semaines contre les départs de feu, l'escapade saoudienne de Lionel Messi, suspendu par son club, le siège des ultras devant le domicile de Neymar… Le onzième titre, nouveau record de France, n'est plus très loin, et Mbappé est revenu à la hauteur d'Alexandre Lacazette (24 buts), auteur d'un quadruplé contre Montpellier (5-4), dans la quête de son cinquième titre de rang de meilleur canonnier de Ligue 1. Le niveau de jeu du PSG n'a pas atteint des sommets, et l'Estac était trop faible pour représenter un vrai test, mais les joueurs de Christophe Galtier ont combiné et se sont créé des occasions.
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Paris a faibli
Même dans ce confort, Paris a sacrifié à sa vieille habitude de faiblir et a laissé des balles de but aux Aubois Ike Ugbo (43) ou Mama Baldé (45), jusqu'au but sur une mésentente entre Gianluigi Donnarumma et Danilo Pereira. Mais avec l'écart de niveau des deux équipes et le manque criant de confiance de l'Estac, qui n'a plus gagné depuis le 2 janvier, le PSG n'a pas été poussé dans ses retranchements.
Le toujours prometteur Warren Zaïre-Emery (17 ans) a bien tenu son rôle inhabituel de latéral droit. En pointe, Hugo Ekitike n'a pas profité de sa titularisation à la place de Messi pour restaurer un peu de son crédit. Chahuté par le kop troyen, qui lui reproche de venir de chez "l'ennemi" rémois, il a rarement été dangereux, et est sorti blessé (80).
Bref, le spectacle était plus dans les tribunes que sur la pelouse. Dans les gradins, il manquait une partie des acteurs parisiens. Sur leurs 900 billets, le PSG en a annulés 450, ceux du CUP (Collectif ultras Paris), pour sanctionner la participation de certains d'entre eux à la manifestation devant chez Neymar, condamnée par le club comme par la direction du CUP.
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Troyes se voit en Ligue 2
Beaucoup ont quand même effectué le déplacement, certains cars ont été bloqués au péage, ont tweeté des membres du CUP, et 150 sont parvenus jusqu'aux abords du stade de l'Aube, entourés par la police, a constaté l'AFP. Les 450 qui ont conservé leur billets ont plusieurs fois chanté "liberté pour les ultras". Le kop aubois a également entonné cet air en solidarité. Mais il a surtout manifesté son amertume après cette saison où son équipe n'a remporté qu'une seule victoire au stade de l'Aube, contre le dernier Angers (3-1) lors de la 4e journée.
L'Estac n'a plus gagné depuis le 2 janvier, à Strasbourg (3-2), douze défaites et quatre nuls, et n'a récolté que quatre succès dans la saison. Si Paris file vers un titre qui ne le consolera guère de sa saison globalement ratée, Troyes est presque condamné, avec ses douze longueurs de retard sur Auxerre, soit le nombre de points qu'il reste à prendre… Le stade de l'Aube, son public et même son speaker avaient d'ailleurs entériné la relégation dès avant le coup d'envoi.
Le chauffeur de stade a étonnamment déjà parlé de "saluer la Ligue 1 de la meilleure des manières", deux ans après être remonté. Taquins, les ultras troyens ont chanté ironiquement : "La Ligue 2 elle nous manquait" et ont aussi entraîné une brève interruption du match au quart d'heure de jeu en lançant des fumigènes dans la surface de réparation de leur gardien, Gauthier Gallon, qui avait reconnu dans la semaine que c'était fichu pour le maintien. La guerre de Troyes est déjà perdue