Un soir vraiment pas comme les autres pour Zinédine Zidane. Le coach du Real Madrid revient mardi pour la première fois de sa carrière d’entraîneur à Turin, pour le huitième aller de la Ligue des champions, sur la pelouse de la Juventus, où il a joué à la fin des années 1990. "En cinq ans (1996-2001, j'ai beaucoup appris à la Juve. Je venais de quitter la France, cela m'a changé", a déclaré Zizou, interrogé lundi soir en conférence de presse.
De grand espoir à meneur de jeu de classe mondial. Son passage en Italie l’a effectivement considérablement influencé. Arrivé à l’été 1996 de Bordeaux comme un grand espoir, il sera transféré en 2001 au Real Madrid avec un statut d’icône mondial (et contre 75 millions d'euros, le plus gros transfert de l'histoire à ce moment là). Entre temps, Zidane s’est transformé en bête de compétition, confronté à l’ultra exigence de la Juventus et de la Serie A, à l’époque le plus grand championnat au monde.
Les premiers temps sont difficiles, mais son talent en fait au bout de quelques mois le meneur de jeu d’une équipe constellée de stars, avec notamment Didier Deschamps, Alessandro Del Piero ou encore Filippo Inzaghi. Là-bas, il apprend la fameuse "culture de la gagne" et remporte deux fois de suite la Serie A (1997-1998). Surtout, il devient une star mondiale, vainqueur de la Coupe du monde et du Ballon d’Or en 1998. "Je suis devenu un homme à Turin", avait joliment résumé Zizou, interrogé l’an dernier avant la finale de Ligue des champions, remportée avec le Real contre... la Juve.
Zidane lors de la finale de la Ligue des champions 1998, perdue avec la Juve face... au Real. @PATRICK KOVARIK / AFP
Une histoire contrariée mais pleine d’enseignements. Zidane est devenu un homme à Turin, mais son histoire avec la "Vieille Dame" n’a pas été parfaite. Avec la Juve, il connaît l’immense déception de perdre deux finales de Ligue des champions de suite (1997-1998), dont une face au Real (décidément...), et a été cité dans le scandale de dopage qui a touché le club au début des années 2000. Les tifosi ne l’ont par ailleurs jamais considéré comme une idole, au contraire de Michel Platini, Alessandro Del Piero ou même David Trezeguet.
Malgré tout, Zidane a énormément donné et reçu à la Juve. A Turin, il a côtoyé deux immenses entraîneurs, Marcello Lippi (champion du monde 2006 avec l’Italie) et Carlo Ancelotti (dont il a été l'adjoint sur le banc du Real), qui influenceront considérablement sa future carrière d’entraîneur. "Il aura toute sa vie un peu d'Italie en lui. Il s'y est perfectionné, il y a affiné sa façon de comprendre le foot. Il a progressé en tout", a assuré Marcello Lippi, interrogé par l’AFP. Car si Zizou a beaucoup appris à Turin, il a donné la pleine mesure de son talent de joueur, puis de coach, en s’exilant à Madrid. Au Real, son vrai club de cœur.