Ceux qui ont parié sur une qualification de l’AS Rome contre le FC Barcelone ont soit eu du nez, soit tenté un coup de poker. Après la large victoire des Catalans en quarts de finale aller (4-1), il y a une semaine, qui pouvait raisonnablement imaginer une qualification des Italiens au retour ? Les Romains ont pourtant réalisé l’impensable en renversant le Barça, mardi soir au Stadio Olimpico (3-0).
Les Barcelonais, invaincus en Liga et qui n’avaient pas connu la défaite en Ligue des champions jusqu’ici, subissent une élimination inattendue, un an après la "remontada" infligée au PSG en huitièmes de finale. Circonstance aggravante, les Catalans échouent à rallier les demi-finales de la Ligue des champions pour la troisième saison d’affilée.
Une saison quasi parfaite jusqu’ici. Pourtant, aucun signe n’annonçait un tel crash. Le Barça n’avait, avant mardi, perdu qu’un seul match toutes compétitions confondues, lors du quart de finale aller de la Coupe d'Espagne sur la pelouse de l’Espanyol Barcelone (1-0, avant une victoire 2-0 et une qualification au retour). En Liga, les Catalans survolent les débats, avec aucune défaite en 31 rencontres dans l’un des championnats les plus difficiles au monde. A sept journées de la fin, les Blaugrana comptent 11 points d’avance sur l’Atlético de Madrid, deuxième, et devraient, sauf cataclysme, être sacrés champions d’Espagne.
En Ligue des champions, tous les feux étaient également au vert. Le Barça n’avait là aussi pas connu la défaite, avec 6 victoires et 3 matches nuls. "C'est une défaite douloureuse, qui fait mal. On en reste là, c'est inattendu pour nous tous. On voulait avancer, continuer. Maintenant on doit panser les blessures. Il y a d'autres compétitions et on doit essayer de les gagner parce qu'on n'a rien gagné pour l'instant", a réagi Ernesto Valverde, le coach catalan, interrogé après la rencontre.
Des failles révélées au grand jour. Depuis l’arrivée de Valverde cet été, le jeu du Barça n’est pourtant plus aussi flamboyant qu’avant. Cette saison, les Blaugrana s’appuient davantage sur leur rigueur (deuxième meilleure défense de Liga avec seulement 16 buts encaissés) et les exploits de leurs individualités (Messi, Suarez, Rakitic, Iniesta…) que sur le jeu léché qui a fait leur réputation. Mardi soir, leurs lacunes collectives ont été révélées au grand jour. La défense, tout d’abord, est totalement passée au travers. Samuel Umtiti, trop lent sur le premier but, et Gerard Piqué, coupable de la faute entraînant le penalty sur le deuxième, ont été aux abois.
L’arrière-garde n’est pas la seule responsable de ce fiasco. Les Catalans ont été dominés dans tous les compartiments du jeu, et particulièrement dans l’engagement. Ils ont également été très nerveux, avec de nombreuses fautes et trois cartons jaunes. Le coaching de Valverde ne les a pas non plus beaucoup aidés, puisqu'il a attendu la 81e minute pour effectuer son premier changement. "C'est moi le responsable, celui qui fait l'équipe, qui la prépare. C'est le cas qu'on gagne ou qu'on perde", s’est désolé Valverde.
Messi ne peut pas tout faire. Finalement, seul un exploit de Lionel Messi aurait pu permettre au Barça de se qualifier. L’Argentin avait déjà sauvé ses coéquipiers à de nombreuses reprises cette saison, notamment dans les matches importants, masquant les lacunes de son équipe.
Lors du clasico contre le Real, en décembre à Santiago Bernabeu, les Barcelonais avaient été nettement dominés une bonne partie de la rencontre, mais avaient réussi à gagner grâce à une prestation exceptionnelle de l’Argentin (victoire 3-0). Idem contre Chelsea lors du huitième de finale retour, avec un doublé de Messi (là aussi victoire 3-0). Mardi soir, il a été parfaitement muselé et n’a jamais pu se créer d’occasions franches. Plus que jamais, le Barça a été dépendant de sa star. Mais même Lionel Messi ne peut pas tout résoudre.