Ils nous avaient promis le grand soir. Les buts, la "remontada" bis, on allait voir ce qu'on allait voir. Mais, ce mercredi matin, c'est un fait, les supporters du PSG broient du noir. Non, leur club n'a pas réussi à se qualifier pour les quarts de finale de la Ligue des champions et à passer l'obstacle Real Madrid, qui avait remporté 3-1 le match aller. Le PSG a même perdu le match retour, sa première défaite de la saison à domicile (2-1). Pour la deuxième fois de suite, le club de la capitale est donc sorti de la Ligue des champions avant les quarts. Et pour la sixième fois de suite avant les demies. Et l'éternelle question de s'imposer encore à nous : qu'est-ce qui a manqué au PSG ? Attention, cette fois, la liste est très longue.
Neymar. Un seul joueur parisien était indisponible pour le match retour de mardi, mais pas n'importe lequel. Celui qui était censé faire franchir un palier au PSG et qui a été recruté l'été dernier pour 222 millions d'euros. Neymar n'était pas là, donc, et le PSG ne verra pas les quarts de finale. En aurait-il été autrement avec lui ? La question con, c'est sûr. Mais à voir le manque d'imagination des Parisiens à l'approche des 18 mètres mardi, on se dit que l'inventivité du Brésilien n'aurait pas été de trop. Bon, ceci étant, il était là lors du match aller, et cela n'avait pas empêché le PSG de flancher et de perdre 3-1.
De l'envie. Ça allait être le feu. Mais le feu, il n'a été que dans les tribunes, avec les dizaines et dizaines de fumigènes allumés par le virage Auteuil, en total soutien de son équipe (mais aussi en totale roue libre niveau réglementation). Sur la pelouse, le PSG n'a jamais exercé la pression attendue sur le Real Madrid. À tel point que le double champion d'Europe en titre a rapidement pris le contrôle du match, se créant les meilleures occasions en première période, avant d'ouvrir le score par Cristiano Ronaldo au début de la seconde. Le Real a pris un match que le PSG lui a rapidement laissé. Comme l'a joliment dit l'ancien entraîneur Arrigo Sacchi à la télévision italienne, on s'attendait à voir les Parisiens "le couteau entre les dents" et on surtout vu les Madrilènes "la cigarette au bec".
Une attaque à la hauteur. Avant ce match retour, on se rassurait côté parisien en se disant que le PSG avait été capable de très bien faire, la saison passée, sans Neymar. Et que là, avec Kylian Mbappé en plus, ça pouvait le faire. Mais Mbappé a été sur la lancée de ses dernières semaines : brouillon. Sur la plus belle action parisienne de la première période, il a ainsi fort mal joué le coup, oubliant Cavani au centre. Un Cavani qui n'aura touché que neuf malheureux ballons lors des 45 premières minutes… Quant au troisième larron de l'attaque parisienne, Angel Di Maria, attendu comme le messie, il a déçu, pas tant dans ses initiatives que dans leur réalisation, avec un déchet technique très élevé pour un joueur de son talent.
De l'éducation. Marco Verratti a définitivement enterré les derniers espoirs parisiens, mardi, en étant exclu après un deuxième carton jaune, mérité, pour contestation. N'y a-t-il pas quelqu'un au club susceptible de lui faire la leçon ? N'y a-t-il pas quelqu'un dans l'équipe pour lui dire de se calmer, quand il vient se plaindre auprès de l'arbitre constamment ? Verratti n'est plus un enfant. Il a 25 ans et son comportement de mardi interroge, forcément.
Des latéraux au niveau. C'est un mal chronique depuis de nombreuses saisons au PSG : les latéraux. Sans choix évident sur le côté gauche, Unai Emery avait titularisé Yuri Berchiche plutôt que Layvin Kurzawa. L'Espagnol a rendu une copie ni bonne ni mauvaise, comme d'habitude. Comme une triste habitude aussi. Côté droit, Daniel Alves a lui été dépassé, comme il l'avait été à Munich, face au Bayern (3-1). Il perd le ballon sur l'action qui débouche sur le premier but de Ronaldo, avec la petite humiliation ensuite d'une passe entre les jambes réalisée par Asensio. Recruté cet été pour son expérience (et sa complicité avec Neymar), le Brésilien, 34 printemps, a surtout étalé les limites dues à son âge, mardi.
Dix minutes au match aller. Ce fut le discours de certains Parisiens mardi soir. "Je pense que c'est surtout sur le premier match que l'on peut avoir des regrets", a ainsi confié Adrien Rabiot au micro de BeIn Sports. C'est vrai qu'avant d'encaisser deux buts en trois minutes à Madrid, le PSG avait plutôt bien tenu son match. Un nul 1-1 aurait été un bon résultat. Mais un match de football dure 90 minutes et une double confrontation européenne 180 au minimum.
Une bonne communication. Le PSG avait décidé de "surcommuniquer" pour ce match, en mobilisant les ultras (dont les nombreux fumigènes craqués mardi risquent de coûter cher) mais aussi et surtout en popularisant l'expression "Ensemble, on va le faire". Forcément, avec ce genre de phrase-là, quand on ne le fait pas, on s'expose à des moqueries, beaucoup de moqueries en retour. Et, dès la fin du match, cela n'a pas manqué sur les réseaux sociaux.
De la chance. En écrasant le Bayern Munich en septembre dernier (3-0), le PSG s'était offert le droit de terminer premier de son groupe, et d'affronter ainsi un deuxième, a priori une équipe plus faible donc. Dans le choix proposé, était-il possible de tomber sur plus difficile que le Real Madrid ? Non. On pourra ajouter au rayon malchance la blessure bête de Neymar, sur un mauvais appui, au très mauvais moment, à la fin d'un match qui était déjà gagné.
Un grand entraîneur ? C'est une difficulté avec tous les coaches du PSG. Comme juger un technicien à la tête d'une équipe qui a l'habitude de tout écraser ? Essentiellement sur les grands rendez-vous. Et là, les constatations ne plaident pas en faveur d'Unai Emery. Certes, son PSG avait écrasé le Barça 4-0 la saison passée mais au retour, il avait failli dans les grandes largeurs (1-6). Cette saison, c'est confronté à un premier échec qu'il n'a pas su réagir, s'adapter. Et on passe sur le titre de champion de France abandonné l'an dernier. Le sort d'Emery sur le banc du PSG semble aujourd'hui scellé. Mais qui doit-on y placer ?
Un grand président ? "On veut se calmer avant de savoir quoi changer, il nous reste du temps pour réfléchir." Et si le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, pensait un peu à lui ? Après tout, l'échec du PSG mardi soir est aussi un peu le sien. Il était aux manettes cet été d'un recrutement pharaonique, avec 400 millions d'euros misés sur deux joueurs, avec le risque que ça représente (On l'a vu avec la blessure de Neymar). Il est aussi le visage d'un club qui a semblé se faire dicter son comportement ces derniers jours par le père d'un joueur, tout père de Neymar qu'il est. Et ce n'est pas la première fois que l'institution PSG cafouille (souvenons-nous de l'affaire Serge Aurier, qui avait insulté son entraîneur avant d'être soutenu par son président). Pour s'imposer sur le terrain européen, le PSG doit sans doute chercher à se faire respecter, de ses adversaires mais aussi de ses propres joueurs.