Qu'il est loin ce 4 juillet 2014. Qu'elles sont sèches les larmes d'Antoine Griezmann, encore hagard sur la pelouse du mythique stade Maracana après une défaite 1-0 face à l'Allemagne, en quart de finale de Coupe du monde. Depuis, l'équipe de France a eu l'occasion de prendre sa revanche, "Grizou" aussi. À l'Euro 2016 d'abord, puis mardi soir au Stade de France, en Ligue des nations (2-1), le numéro 7 tricolore s'est offert une performance majuscule, marquée à chaque fois par un doublé.
Une première période discrète. À Saint-Denis, le Mâconnais a été le premier à se mettre en situation, mais sa frappe du gauche des 25 mètres a fini sa course à plusieurs mètres des cages gardées par Manuel Neuer (4e). À l'image de toute l'équipe de France, il a cependant beaucoup subi en première période, face à une Allemagne qui passait devant à la 14e minute (1-0). Il s'est aussi beaucoup dépensé, comme sur ce retour salvateur pour enlever un centre de Leroy Sané (30e).
"C'est toujours difficile face à une équipe qui joue à trois défenseurs axiaux. Antoine n'aime pas ça. Les attaquants n'aiment pas trop ça", a analysé au micro de M6 son sélectionneur Didier Deschamps, bien inspiré pour rectifier les choses à la pause.
Un coup de casque pour égaliser. En seconde période, Griezmann a davantage occupé le couloir droit, ce qui a permis de rééquilibrer l'équipe. C'est pourtant de la gauche, et du pied de son partenaire à l'Atlético de Madrid, Lucas Hernandez, qu'est venu l'égalisation. La suite est racontée par le héros du soir : "Elle part bien car c'est un centre très fort de Lucas. J'essaie de mettre le front et ça va de l'autre côté. Tant mieux". On joue la 62e minute, et les Bleus égalisent à 1-1.
"Mister penalty" dans le top 10 des Bleus. Mais Antoine Griezmann n'a pas seulement vaincu le traumatisme de l'été 2014. Depuis un penalty raté en finale de Ligue des champions, en 2016, il est aussi devenu intraitable dans ce domaine. En demi-finales de l'Euro, face à la Mannschaft, il ne s'y était d'ailleurs pas loupé. Mardi non plus, après une (légère) faute obtenue par Blaise Matuidi (2-1, 80e). Un 26e but en 65 sélections, le septième depuis les 11 mètres (pour sept tentés !), soit plus que tout autre joueur dans l'histoire des Bleus.
Cette réalisation lui permet même d'intégrer le top 10 des meilleurs buteurs en équipe de France, à égalité avec Sylvain Wiltord, juste derrière Karim Benzema (27) et Youri Djorkaeff (28). Griezmann n'avait pourtant plus marqué depuis la finale de la Coupe du monde face à la Croatie... sur penalty, déjà.
Prétendant au Ballon d'Or. Côté palmarès, son année 2018 est en tous points remarquable, avec une Ligue Europa et une Coupe du monde à son actif. Prétendant autodéclaré au Ballon d'Or, il a même peut-être marqué quelques points mardi dans la course qui l'oppose, notamment, à son partenaire d'attaque Kylian Mbappé. La suprême distinction individuelle sera remise le 3 décembre prochain. "Ce serait une bonne chose que ce soit un Français" qui l'emporte, et "si c'est moi, encore mieux", a glissé Griezmann, dimanche au quotidien espagnol Marca. Un dernier sourire, décidément à des années-lumières de Rio.