Il est le dernier obstacle à franchir pour l'OM, qui espère retrouver l'ivresse d'une finale européenne, quatorze après celle de la Coupe de l'UEFA perdue contre le Valence CF (2-0). Jeudi soir, le club phocéen reçoit les Autrichiens de Salzbourg, en demi-finales aller de la Ligue Europa. Invité surprise du dernier carré, le Red Bull Salzbourg, large leader de son championnat national, reste peu connu dans l'Hexagone, mais a signé plusieurs exploits cette saison lors de son parcours.
Un club dominateur en Autriche. Entraîné par l'Allemand Marco Rose, le club de Salzbourg domine son championnat de la tête et des épaules et ce, depuis de nombreuses années, avec huit championnats remportés depuis son rachat par Red Bull en 2005. Cette année encore, les Salzbourgeois ont 9 points d'avance sur leur dauphin Sturm Graz, après 31 journées. Avec encore cinq matches à disputer, ils devraient en toute logique s'arroger leur cinquième championnat de suite.
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L'une des deux écuries européennes de Red Bull. Acquis en 2005 par la marque de boissons énergisantes Red Bull après le rachat de la licence du SV Austria Salzbourg, le club est au cœur de la stratégie appliquée par le groupe dans le monde sportif. Après l'acquisition en Formule 1 des écuries Red Bull Racing et Toro Rosso, Red Bull a également créé à partir de rien le club allemand du RB Leipzig, éliminé en quarts de finale de cette Ligue Europa...par l'OM.
Mais cette cohabitation entre deux clubs au même propriétaire fait grincer des dents en Europe, au point que l'UEFA, dont le règlement interdit à deux clubs d'un même groupe de disputer une même compétition continentale, a un temps pensé à sanctionner le club, rappelle Le Figaro. Une sanction évitée "à la suite d'une longue enquête et après des modifications dans la structure de gouvernance des deux clubs". Dans les faits, le club autrichien a dû changer son nom, et s'affiche désormais en Ligue Europa sous le nom de Salzbourg FC, et a également modifié son logo. Les deux taureaux de la marque de boissons ont été remplacés par un seul animal. Enfin, Red Bull a quitté ses fonctions dirigeantes au sein du club.
.@redbull (Salzburg) have changed their logo for the #UCL to show that they are not related to @redbull (Leipzig).
— Matt Ford (@matt_4d) 30 juin 2017
Glad that's cleared up. pic.twitter.com/1PORHEX6yg
La stratégie du club : détection et revente. "Les revenus issus des transferts sont essentiels au budget", reconnaissait le directeur général du club Stephan Reiter lors de la présentation des résultats 2017. Et pour cause, sur un chiffre d'affaires total de 107 millions d'euros, les transferts ont rapporté 70 millions d'euros. Arrivé d'Istres en 2014 pour 1,5 millions d'euros, le Guinéen Naby Keita a ensuite rejoint Leipzig pour 15 millions d'euros. Devenu l'un des meilleurs joueurs de Bundesliga, il a d'ores et déjà signé à Liverpool pour la saison prochaine, pour une transaction avoisinant les 70 millions d'euros. À Leipzig, il évolue notamment avec le Français Dayot Upamecano, arrivé en Autriche pour 2,2 millions d'euros et vendu 10 millions au club allemand.
Pour assurer un tel fonctionnement de reventes, le club mise sur un important réseau de détection, forme ses joueurs dans un centre de formation ultra moderne et assume de constituer son équipe quasiment uniquement de jeunes joueurs à fort potentiels. La moyenne d'âge de l'effectif actuel est d'ailleurs de 23,8 ans selon Transfermarkt.
"Nous donnons la possibilité à des joueurs de 17, 18 ans de se confronter à des sportifs accomplis", explique le directeur sportif Christoph Freund à l'AFP. Une stratégie qui s'avère payante sportivement, au moins chez les jeunes, Salzbourg ayant notamment remporté l'an dernier la Youth League, l'équivalent de la Ligue des champions pour les moins de 19 ans.
Le centre de formation de Leipzig. À l'instar de Keita ou de Upamecano, nombreux sont les joueurs à s'être révélés à Salzbourg avant de rejoindre l'autre écurie Red Bull. Dans l'équipe actuelle de Leipzig, les milieux Marcel Sabitzer, Konrad Laimer, Stephan Ilsanker, ou encore le gardien Peter Gulasci ont également été repérés et couvés par le club autrichien. De quoi donner au club les airs d'une simple filiale de Leipzig. Des critiques balayées dans L'Équipe par Christoph Freund, directeur sportif du club. "L'objectif du club est de gagner autant de titres que possible et d'émerger à l'international. Nous sommes en demi-finales de Coupe d'Europe, un club formateur ne peut pas faire ça", s'agace-t-il. Sur la proximité des deux clubs, le dirigeant assure également que "les clubs sont complètement différents". Et d'ajouter : "Ils sont soutenus par Red Bull, c'est vrai, mais les régions où nous détectons et achetons nos joueurs sont différentes, nos Championnats sont différents, nos environnements sont différents. Les deux clubs n'ont rien à voir."
Des supporters agacés. Reste que cette drôle de configuration semble avoir fini par lasser les supporters de Salzbourg, alors que le club autrichien, jusqu'à cette année, peinait à briller sur la scène européenne, handicapé par les départs précoces de ses meilleurs joueurs. Salzbourg a notamment échoué dix fois de suite en barrages de la Ligue des Champions. Et certains supporters agacés ont même fini par qualifier leur propre club de "self-service de Leipzig". Alors que le club possède une belle enceinte de 30.000 places, la fréquentation s'est considérablement réduite ces dernières années : de 15.000 spectateurs en moyenne lors de la saison 2006-07, elle est passée à 7.000. Mais la magie des exploits européens a remobilisé la ville, et le match retour face à Marseille se jouera à guichets fermés.