Le chemin a été long, semé d'embûches, mais Marseille est arrivé à quai. Les Olympiens s'apprêtent à disputer face à l'Atlético de Madrid, mercredi au Groupama Stadium de Lyon, la cinquième finale européenne de leur histoire, près de huit mois après leur premier match de Ligue Europa cette saison. Une campagne pleine de rebondissements. Et d'émotions.
- 27 juillet : un triplé de Germain pour lancer la saison (troisième tour préliminaire)
Après une année de privation, l'OM retrouve les joutes européennes au Vélodrome ce 27 juillet 2017, face aux Belges d'Ostende. Ce n'est alors que le troisième tour préliminaire de la Ligue Europa. Mais pour Marseille, c'est surtout l'occasion de lancer officiellement sa saison, dix jours avant la reprise du championnat face à Dijon.
Toujours à la recherche de son "grand attaquant" - Mitroglou posera ses valises sur la Canebière quatre jours plus tard -, Rudi Garcia fait confiance à Valère Germain en pointe de l'attaque. L'ex-Monégasque le lui rend bien, en claquant un triplé. Et déjà l'OM fait preuve de caractère pour s'imposer 4-2 après s'être fait peur à 1-1 et 3-2. Un match nul, une semaine plus tard en Belgique (0-0), permet finalement aux Phocéens d'accéder tranquillement aux barrages, où ils éliminent les Slovènes de Domzale, avec encore deux buts de Germain (1-1, 3-0).
- 2 novembre : Patrice Evra pète les plombs
À la peine en championnat après deux défaites très douloureuses face à Monaco (6-1) et Rennes (1-3), l'OM débute sa phase de poules européenne par un succès contre les Turcs de Konyaspor, sur un but d'Adil Rami (1-0), avant de chuter en Autriche, face au RB Salzbourg (1-0). Lucas Ocampos et Maxime Lopez remettent le club sur les bons rails contre le Vitoria Guimarães (2-1). Mais le retour au Portugal vire au cauchemar.
Lors de l'échauffement, Patrice Evra assène un violent coup de pied au visage d'un supporter marseillais qui l'avait pris à partie. Exclu avant même le début de la rencontre, il sera licencié quelques jours plus tard. Sur le terrain, le jeune Boubacar Kamara est lui aussi expulsé. Ses coéquipiers, dominés (1-0), rentrent en France la tête baissée. Mais rien n'est encore perdu pour les Marseillais, qui peuvent encore se qualifier sur la pelouse de Konyaspor.
- 23 novembre : l'égalisation miraculeuse de Njie à Konyaspor
De Turquie, les Marseillais auraient encore pu garder un très mauvais souvenir. Sur la pelouse de Konyaspor, les joueurs de Rudi Garcia dominent, sans parvenir à marquer.
L'arbitre – le même que lors de la demi-finale retour contre Salzbourg - oublie deux penalties en leur faveur, mais ne loupe pas Jordan Amavi, coupable d'une faute stupide dans la surface. Carton rouge et penalty converti. On joue alors la 82e minute et l'OM n'a plus son destin entre les mains.
Mais comme souvent avec Marseille cette saison, le sauveur vient du banc. Au bout du temps additionnel, Clinton Njie, bien lancé sur la gauche par Adil Rami, pousse Moke à marquer contre son camp (90e+4). "Peut-être le moment le plus marquant cette saison", selon le directeur sportif de l'OM, Andoni Zubizarreta. D'autant que les Phocéens valident leur qualification pour les seizièmes de finale deux semaines après, à la faveur d'un nul contre Salzbourg, dans un Vélodrome clairsemé (0-0).
- 12 avril : Payet retourne Leipzig et enflamme le Vélodrome
En seizièmes, l'OM passe l'obstacle Braga sans trop de difficulté (3-0, 0-1), puis balaye l'Athletic Bilbao en huitièmes (3-1, 2-1). Mais les Marseillais sont surpris par Leipzig, lors du quart en Allemagne (1-0).
Dans un Vélodrome en fusion – 61.882 spectateurs -, ils entament le match retour avec le couteau entre les dents. Très vite, c'est la douche froide : l'équipe de Red Bull marque dès l'entame (2e). Les joueurs de Rudi Garcia doivent alors inscrire trois buts pour se qualifier. Un CSC d'Ilsanker (6e), puis deux réalisations de Bouna Sarr (9e) et Florian Thauvin (38e) ne suffisent pourtant pas à assurer une place en demie au peuple marseillais. L'ancien Parisien Jean-Kévin Augustin ramène en effet les équipes à 3-2 en seconde période (55e).
C'est le moment choisi par Dimitri Payet pour faire chavirer le Vél, sur une action de grande classe. Passement de jambes et frappe splendide de l'extérieur du droit dans la lucarne (60e) : l'histoire est en marche pour l'OM, qui conclut sa magnifique soirée par un but du Japonais Hiroki Sakai, le jour de ses 28 ans.
- 3 mai : un héros nommé Rolando
En demi-finale, Marseille retrouve Salzbourg, l'autre équipe de Red Bull. À l'aller, ce sont bien les Phocéens qui se sentent pousser des ailes. Grâce à Thauvin et Njie, ils l'emportent 2-0, dans un stade Vélodrome à nouveau plein à craquer. Le retour, en revanche, est particulièrement indécis.
Les Autrichiens mettent la pression sur les cages gardées par Yohann Pelé, qui craque à deux reprises face à Haidara (53e) puis sur un but contre son camp de Bouna Sarr (65e). Le gardien marseillais est en revanche décisif en prolongations, repoussant d'une parade magistrale sur sa ligne une tête de Duje Caleta-Car (99e). Rudi Garcia décide alors d'effectuer son dernier changement : Rolando remplace Morgan Sanson. Un quart d'heure plus tard, le Portugais délivre l'OM en reprenant du pied droit un corner de Dimitri Payet (2-1, 116e). Marseille se qualifie pour la cinquième finale européenne de son histoire, quatorze ans après. Le lendemain, le journal L'Équipe titre : "Rolando Ballon d'or".
Il y a huit mois, les Marseillais n'imaginaient sans doute pas disputer la finale de la Ligue Europa. Mercredi, face à l'Atlético de Madrid, ils tenteront d'écrire l'une des plus belles pages de leur histoire.