Le refus par plusieurs joueurs de porter un maillot au flocage arc-en-ciel en soutien aux LGBTQ+ en Ligue 1 ce week-end a crée une vaste polémique dans le monde sportif et s'est emparé de la sphère politique. Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a ainsi qualifié d'"anachronique" ce refus. Dans une lettre ouverte aux joueurs qui ont refusé de porter le maillot contre l'homophobie, le Conseil National de l'Éthique (CNE) a de son côté souligné la "gravité de leur comportement et l'erreur qui est la leur". Une situation qui divise toutefois. Sur le plateau d'Europe 1 Sport (tous les soirs de 20 heures à 23 heures en direct sur Europe 1), les avis étaient partagés.
Pour l'ancien dirigeant du Red Star Michel Moulin, "il faut laisser les gens avoir leurs convictions. Il ne faut pas mélanger la politique et le football. Il y a d'autre manières de le faire, il y a des lois, plutôt que de mettre un maillot comme ça." Une opinion tranchée qui ne fait pas l'unanimité comme l'a rappelé l'ancien footballeur Alain Roche : "On n'est pas en train d'être pour les homosexuels. On est là contre les discriminations", a rappelé ce dernier qui estime que "la tolérance passe par la symbolique comme porter ce maillot".
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Sanction financière
À l'occasion de la campagne annuelle "Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot", tous les joueurs de première et deuxième divisions étaient invités ce week-end à porter un maillot floqué des couleurs de l'arc-en-ciel, qui ornaient aussi les brassards des capitaines. La campagne a été respectée par l'immense majorité des joueurs, dont les maillots doivent être vendus aux enchères au profit des associations Foot Ensemble, PanamBoyz&Girlz United et SOS Homophobie. Mais des joueurs de Toulouse, Nantes ou Guingamp ont refusé de jouer, ravivant les polémiques suscitées l'an dernier déjà par le joueur du PSG Idrissa Gana Gueye. Mais pour le producteur de cinéma Norbert Saada, le problème dans cette affaire vient du manque de pédagogie de la FFF envers les clubs.
Lundi, le FC Nantes, qui lutte pour son maintien en Ligue 1, a annoncé dans un communiqué qu'il allait sanctionner "financièrement mais pas sportivement" son joueur Mostafa Mohamed, qui pourra donc jouer dès samedi contre Montpellier pour la 36e journée. "Qu'il soit sanctionné, c'est normal", a estimé l'ancien football Alain Roche dans Europe 1 Sport. Le FC Nantes ne précise pas le montant de la sanction financière qui sera infligée au joueur mais précise que "cet argent sera versé à l'association Sos Homophobie".
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"Complices des comportements homophobes"
Dans la nuit de dimanche à lundi, l'attaquant égyptien, de confession musulmane, avait expliqué son choix dans un message publié sur les réseaux sociaux. "Je ne souhaite pas du tout polémiquer mais je me dois de faire part de ma position (...) Je respecte toutes les différences. Je respecte toutes les croyances et toutes les convictions. Ce respect s'étend aux autres mais comprend également le respect de mes croyances personnelles", écrit-il. "Vu mes racines, ma culture, l'importance de mes convictions et croyances, il n'était pas possible pour moi de participer à cette campagne. J'espère que ma décision sera respectée", poursuit Mostafa Mohamed, qui aurait reçu des "menaces" émises à son encontre et celle de sa famille, explique par ailleurs son club.
Dimanche soir, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra avait estimé dans Stade 2 qu'il était "de la responsabilité des clubs, avec un dialogue avec leurs joueurs, de prendre des sanctions". Pour le Conseil national de l'éthique (CNE), "même s'ils n'en ont pas conscience, (ces joueurs) se rendent complices des comportements homophobes". Toutefois, "les comportements individuels de quelques-uns ne doivent pas occulter la réussite de cette initiative", est-il ajouté dans la lettre ouverte, concluant que les refus de quelques uns "démontrent à quel point elle est encore indispensable pour faire évoluer les mentalités".