En dix ans, le Paris Saint-Germain aura permis au Qatar de se faire une place de choix dans le football mondial. En s'offrant les services de la star argentine Lionel Messi contre un salaire annuel d'environ 40 millions d'euros, selon L'Équipe, les investisseurs qataris et Nasser Al-Khelaïfi, le président du club parisien, réalisent un coup sportif et diplomatique de premier plan avant la Coupe du monde organisée au Qatar, en décembre 2022. Après Zlatan Ibrahimovic, David Beckham ou encore Neymar, le sextuple Ballon d'or constitue le dernier bijou de la collection, et pas des moindres.
Messi, Neymar, Mbappé : trois vedettes attirées par le Qatar
L'objectif sportif est affiché : gagner la Ligue des champions, le Graal du football européen, qui se refuse toujours au PSG depuis l'arrivée de Qatar Sports Investments (QSI) en 2011. Mais l'enjeu diplomatique est tout aussi crucial pour l'émirat, qui cherche à reléguer les critiques sur l'organisation de la Coupe du monde 2022. "Je pense que c'est inespéré pour eux d'avoir ces joueurs (Messi, Neymar et Mbappé, ndlr), ces trois vedettes du football mondial réunies sous la bannière du Paris Saint-Germain et donc du Qatar", estime Jimmy Algérino, ancien défenseur du club de la capitale, auprès d'Europe 1.
"Les Qataris vont avoir la possibilité de gagner la Ligue des champions. Après, pour cette Coupe du monde, ils auront ces étendards qui vont rappeler qu'ils sont au PSG et que c'est le Qatar qui a réussi à les faire venir", poursuit l'ancien joueur français. Pour Jimmy Algérino, l'arrivée de l'un des meilleurs joueurs du monde est aussi une aubaine pour le président du club parisien, Nasser Al-Khelaïfi, qui a pris de l'influence en France et en Europe. En avril dernier, il a par exemple devenu président de l'Association européenne des clubs (ECA).
"Quand on voit ce qui s'est passé avec le foot français, il a œuvré avec la ligue, avec beIN Sports (pour les droits télévisuels, ndlr). Aussi, le fait de s'être mis un petit peu à travers par rapport au projet de Super League, et aujourd'hui de faire venir Messi au PSG…", énumère Algérino. "Avoir de l'argent et bien s'en servir, ça permet de faire des choses incroyables".
La rivalité entre le PSG et Manchester City
Le PSG permet aussi au Qatar de rivaliser avec l'émirat voisin d'Abou Dhabi, dont le cheikh Mansour détient le club anglais de Manchester City depuis 2008. La rivalité sportive entre les deux pays du Moyen-Orient a toujours tourné à l'avantage du second, en Ligue des champions. Les Cityzens avaient éliminé les Parisiens en quarts de finale en 2016, avant de rééditer cette performance en demi-finales la saison dernière. Pour autant, les deux clubs n'ont encore jamais remporté la compétition reine. Pour Luis Fernandez, ancien coach du PSG au début des années 2000, l'argent ne fait pas tout.
"Cela fait pas mal d'années que Manchester City investit. Mais cela n'a pas donné la victoire finale en Ligue des champions. Les moyens financiers ne font pas la différence. On peut en avoir, mais il faut éviter de se tromper le plus possible. Au PSG, le coach Thomas Tuchel est parti après six mois la saison dernière, puis il a gagné la Ligue des champions avec Chelsea et Thiago Silva, qui était à Paris pendant 6, 7 ans", détaille l'ancien entraîneur au micro d'Europe 1. Avec Lionel Messi, quadruple vainqueur de la coupe d'Europe, le Qatar fait un grand pas dans sa folle ambition sportive, et lustre sa vitrine avant le Mondial 2022. Sera-t-elle garnie du beau trophée européen ?