En colère samedi, combatif dimanche : au lendemain des injures racistes dont il a été victime durant un match de Championnat d'Italie, le gardien de but de l'AC Milan et de l'équipe de France Mike Maignan a appelé dimanche "tout un système à prendre ses responsabilités". Les injures racistes et cris de singe qui l'ont visé sur la pelouse de l'Udinese continuent de soulever une vague d'indignation dans le monde du football et au-delà. "Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Et je ne suis pas le premier à qui ça arrive. On a fait des communiqués, des campagnes de publicité, des protocoles et rien n'a changé", a constaté Maignan sur son compte X (anciennement Twitter).
"Aujourd'hui, c'est tout un système qui doit prendre ses responsabilités", a-t-il asséné en s'adressant aux auteurs des injures racistes, ainsi qu'aux spectateurs "qui étaient dans la tribune, qui ont tout vu, qui ont tout entendu mais qui ont choisi de se taire". Il a exhorté "les instances" à réagir : "Avec tout ce qu'il se passe, si vous ne faites rien, VOUS SEREZ VOUS AUSSI COMPLICES", a-t-il martelé. "C'est un combat difficile, qui va demander du temps et du courage. Mais c'est un combat qu'on gagnera", a assuré le portier des Bleus.
Ce n’est pas le joueur qui a été attaqué. C’est l’homme. C’est le père de famille. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Et je ne suis pas le premier à qui ça arrive.
— Magic Mike Maignan (@mmseize) January 21, 2024
On a fait des communiqués, des campagnes de publicité, des protocoles et rien n’a changé.… pic.twitter.com/47tfcW4oNo
Samedi soir lors du match opposant l'Udinese à l'AC Milan comptant pour la 21e journée du Championnat d'Italie, des spectateurs ont proféré des cris de singe et insultes racistes dans sa direction.
"Trop c'est trop"
Après avoir alerté l'arbitre de la rencontre dans un premier temps, il a quitté ensuite le terrain à la 34e minute, imité par ses coéquipiers, avant de reprendre le match cinq minutes plus tard. Ce geste fort du gardien né en Guyane, formé au Paris SG et passé par Lille a été salué par ses coéquipiers en équipe de France et l'AC Milan. "Tu es très loin d'être seul Mike Maignan. On est tous avec toi", a ainsi écrit Kylian Mbappé, la superstar du Paris SG et capitaine de l'équipe de France, sur X. "Toujours les mêmes problèmes et toujours AUCUNE solution. Trop c'est trop", s'est-il inquiété.
Tu es très loin d’être seul Mike Maignan.
— Kylian Mbappé (@KMbappe) January 20, 2024
On est tous avec toi.
Toujours les mêmes problèmes et toujours AUCUNE solution.
Trop c’est trop !!!!!!!!!!!!
NON AU RACISME. ⛔️✊ pic.twitter.com/uqlCLMr00x
"Tu as tout notre soutien Mike Maignan", a ajouté la Fédération française de football sur le compte X de l'équipe de France, alors que Marcus Thuram et Antoine Griezmann avaient dès samedi soir apporté leur soutien à leur coéquipier. "C'est encore plus beau de gagner comme ça, non au racisme", s'est réjoui son coéquipier portugais Rafael Leao après la victoire 3 à 2 du Milan.
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Ce n'est pas la première fois que Maignan est la cible d'injures racistes venues des tribunes depuis qu'il a rejoint l'AC Milan en 2021. Il a dénoncé le comportement de tifosi de la Juve en septembre 2021, puis de ceux de Cagliari en mars 2022, mais ce qui s'est passé au Bluenergy Stadium "n'a pas sa place dans un stade" selon son entraîneur Stefano Pioli.
La ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé a décrit Maignan comme "le visage de la dignité". D'autres clubs de Serie A ont apporté leur soutien au gardien français comme le grand rival, l'Inter : "Nous sommes frères, contre toute forme de discrimination et à tes côtés".
Match à huis clos avec sursis
"Nous soutenons Maignan et condamnons avec fermeté ce qu'il s'est passé à Udine", a souligné de son côté le président de la Fédération italienne de football, Gabriele Gravina, qui a salué la décision de l'arbitre d'interrompre le match. Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a lui appelé à bannir de tous les stades les auteurs d'insultes racistes, ainsi qu'à instaurer une sanction "forfait automatique" pour les clubs dont les fans commettent ces méfaits.
Alors qu'elle est régulièrement confrontée au fléau du racisme dans les stades, comme l'ont vécu l'Ivoirien Marc-André Zoro en 2005, le Ghanéen Kevin-Prince Boateng en 2013 ou cette saison le Belge Romelu Lukaku, l'Italie est encore loin d'une telle fermeté.
La Fiorentina n'a ainsi été sanctionnée en novembre que d'un match à huis clos avec sursis pour des chants racistes de ses supporters. "Comment est-ce possible qu'en 2024 on entende encore des chants racistes dans un stade ? Le problème selon moi est culturel", a accusé Arrigo Sacchi, l'ancien sélectionneur italien dans une tribune publiée par la Gazzetta dello Sport qui titre en Une sur "La honte d'Udine".
La Fédération italienne devrait sanctionner dès ce mardi l'Udinese, sanction qui va de l'amende jusqu'à l'exclusion du championnat en passant par la fermeture de tribunes ou une suspension du stade pour un ou plusieurs matches.