L'histoire d'amour entre Luis Fernandez et l'équipe de France aura duré dix ans, de 1982 à 1992. Soixante sélections pour le milieu de terrain du Paris Saint-Germain, du Matra Racing, puis de l'AS Cannes, ponctuées de quelques faits d'armes, comme son tir au but victorieux en quart de finale de la Coupe du monde 1986 face au Brésil, ou le titre de champion d'Europe, le premier de l'histoire du football français, en 1984 au Parc des Princes.
>> FACE AUX AUDITEURS - Écoutez Luis Fernandez sur Europe 1, dimanche de 20h à 21h15
Traité de "Judas" par les Espagnols
C'est une finale pas comme les autres qu'a vécu Luis Fernandez, immigré espagnol, le 27 juin 1984 face à la sélection de son pays d'origine. Né à Tarifa, en Espagne, le 2 octobre 1959, Luis Fernandez a perdu son père dès l'age de six ans. "Ma maman avait alors le choix de repartir dans le sud de l'Espagne ou d'aller du côté de Lyon où vivait les deux sœurs de mon papa", explique-t-il au micro de Lionel Rosso. Finalement, la famille Fernandez prend la direction de Venissieux, en banlieue lyonnaise, où le jeune Luis a grandi. "Je me suis intégré à cette société française". Pas question donc pour le joueur du PSG à l'époque de tourner le dos à la France en revêtant le maillot de la Roja.
Un choix que les Espagnols vont tenter de lui faire regretter sur le terrain, lors de cette finale du Championnat d'Europe 1984. "C'était dur pendant le match. Ils me courraient derrière et n’arrêtaient pas de m'insulter" explique Luis Fernandez, que ses adversaires traitaient de "Judas". Mais il a su rester "fort dans sa tête, parce que celui "qui a chanté la Marseillaise fièrement" n'avait qu'une envie : "gagner".
"Je n'ai jamais créé de problème"
Auteur de six buts en Bleu, Luis Fernandez était membre du fameux carré magique, qu'il formait avec Jean Tigana, Alain Giresse et Michel Platini. Joueur le moins technique du quatuor, celui qui avoue "ne pas savoir dribbler", reste alors dans son registre et "se met au service" de ses coéquipiers pour les faire briller. "Je n'ai jamais créé de problème en équipe de France", explique Luis Fernandez. "Tout ce que l'on m'a demandé de faire, je l'ai fait".
Y compris, jouer à un poste qui n'est pas le sien. Face à la Belgique à l'Euro 84, ou contre le Brésil dans ce match de légende à la Coupe du Monde 86, Michel Hidalgo ou Henri Michel place le milieu de terrain au poste d'arrière droit. "Pas de problème, j'y vais" déclare Luis Fernandez, qui mesure alors la chance "d'être dans un groupe comme ça". "On m'aurait demandé d'aller choper quelqu'un sur le terrain, de me faire expulser, je l'aurais fait." Alors malgré ses origines espagnoles, Luis Fernandez est catégorique : "mon maillot à moi, c'est celui de l'équipe de France". Pour le milieu de terrain, naturalisé français, il était naturel de "défendre à mort" le maillot des Bleus.