L’arbitrage français peut respirer. Quatre ans après le fiasco du Mondial 2014, où aucun Tricolore n’avait été retenu, Clément Turpin a été sélectionné mercredi par la Fifa pour officier en Russie, l’été prochain. L'arbitre de 35 ans, bien connu des suiveurs de la Ligue 1, s’affirme comme le porte-étendard d’une corporation fortement critiquée et dont l’image a souffert ces dernières années, notamment après la polémique née du "tacle" de Tony Chapron sur un joueur, mi-janvier lors de Nantes-PSG.
"C’est une grande fierté individuelle mais aussi collective, à partager avec tous mes collègues de Ligue 1 et le staff de l’arbitrage français", s’est exclamé Clément Turpin, tout à sa joie, interrogé par Europe 1.
- Un talent précoce
Clément Turpin est annoncé depuis des années comme l'avenir de l’arbitrage français. Le Bourguignon, ancien milieu de terrain et défenseur central en jeunes, s’est reconverti à l’âge de 16 ans. "A cette époque, j'étais jeune éducateur dans mon club à Montceau les Mines en plus d'y être joueur. Or lors des plateaux de débutants il n'y a bien évidemment pas d'arbitre officiel. Donc je prenais le sifflet pour ces matches de débutants", a raconté Clément Turpin, sur le blog des arbitres de Bourgogne-France-Comté.
Rapidement, il s’affirme comme le plus solide espoir de sa génération. En 2008, il devient à 26 ans le plus jeune arbitre de l’histoire de la Ligue 1. Dès l’année suivante, il est désigné arbitre international par la Fifa, à seulement 27 ans, avant de devenir, en 2011, le premier arbitre de moins de 30 ans à diriger une finale de Coupe de France.
- Un habitué des grands matches…
Au début des années 2010, l’arbitrage français traverse une période délicate. Pour y remédier, la Direction technique de l’arbitrage est forcée de se réformer. Clément Turpin, identifié comme le futur de sa profession, est propulsé numéro 1 et commence alors à diriger des affiches prestigieuses, en France comme en Europe.
Il est alors désigné à plusieurs reprises pour arbitrer le toujours sulfureux "classique" entre le PSG et l’OM, deux finales de Coupe de France (2011 et 2016), et la finale de la Coupe de Ligue entre le PSG et Monaco, samedi soir. A seulement 35 ans, il peut également s’appuyer sur une solide expérience internationale, avec des matches de Ligue des champions, de l’Euro 2016 et de la Coupe des confédérations 2017 à son compteur.
- …pas épargné par les critiques
Malgré ce C.V. de petit prodige, Clément Turpin ne fait pas l’unanimité. En 2013, son arbitrage lors de son premier "classique", à Marseille, provoque un déchaînement médiatique après des décisions jugées trop sévères, notamment sur l’expulsion du Parisien Thiago Motta. S’il est loué pour son ouverture au dialogue, sa tendance à infliger beaucoup de cartons a souvent agacé les acteurs de la Ligue 1. Le passage obligé pour tout arbitre, en somme…
- Le leader d’une jeune génération d’arbitres prometteurs
Malgré les critiques, Clément Turpin reste, depuis des années, la valeur sûre de l’arbitrage français. Derrière lui, d’autres jeunes talents poussent et s’affirment en Ligue 1. "Clément Turpin est le porte-étendard. Nous avons d’autres très bons jeunes arbitres, comme François Letexier, 30 ans, Karim Abed, 31 ans, Jérôme Brisard, 32 ans, qui sont tous passés internationaux dernièrement. Le travail a fini par porter ses fruits", a mis en avant Eric Borghini, le président de la commission fédérale d’arbitrage, interrogé par Europe 1.
"On est souvent critiqués (les arbitres français). Aujourd’hui, c’est l’occasion de montrer qu’on a aussi des qualités", appuie Clément Turpin. "On n’est pas les meilleurs au monde, mais on n’est pas les moins bons."
Une sélection draconienne. La Fifa a officialisé mercredi la liste des 36 arbitres et 63 assistants retenus pour le Mondial. Cette sélection, très exigeante, est opérée par la commission des arbitres de la Fifa, à la fois sur des critères physiques et théoriques. "Le choix a été effectué sur la base de leurs compétences, de leur personnalité, de la qualité de leur compréhension du football ainsi que de leur capacité à lire le jeu et appréhender les approches tactiques des équipes", précise la Fifa.