Autour de la salle Sud de France Arena où se déroulent les Mondiaux de patinage artistique du 23 au 27 mars, Brigitte est un peu déçue. Elle qui arrive de Haute-Savoie suit depuis toute petite les épreuves de patinage artistique. Elle espérait voir les patineurs et patineuses russes. "Ce sont les meilleurs, ils font souvent les premières places", se désole-t-elle. L'invasion russe en Ukraine a ses conséquences : comme l'exclusion de nombreux sportifs russes des compétitions internationales.
Sans les Russes, est-ce une compétition au rabais ?
"J'espérais les voir et j'ai peur que ce soit un peu une compétition au rabais étant donné qu'ils ne sont pas là", poursuit Brigitte. "Ca va quand même gâcher un peu la compétition. C'est dommage, eux n'y sont pour rien."
Depuis plusieurs années, les patineurs russes multiplient les podiums aux mondiaux comme aux Jeux olympiques. C'est particulièrement le cas dans l'épreuve individuelle féminine. L'an dernier à Stockholm, Anna Chtcherbakova, Elizaveta Tuktamysheva et Alexandra Troussova, toutes trois russes, avaient trusté le podium mondial et aujourd'hui, les fans regrettent leur absence. "Ce sont vraiment les héroïnes de mes filles", précise Sarah, maman de deux jeunes patineuses venues spécialement de Washington pour assister à ces mondiaux.
"Je sais depuis quelques semaines qu'elles ne seront pas là", regrette la jeune Katherine. "Ca m'a rendu triste de l'apprendre", continue-t-elle.
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Pour autant, beaucoup comprennent la décision de l'Union internationale de patinage. "D'un point de vue sportif c'est frustrant, mais sur le plan politique c'est compréhensible", constate Richard, qui arrive du Canada avec sa fille. "Certains régimes ne séparent pas le sport de la politique et cela aurait été une situation intenable d'avoir des patineurs ukrainiens et russes sur la même glace. Franchement ça aurait même été insultant."
Le sport ne réunira pas ces deux peuples
Toutefois, certains auraient aimé voir le sport réunir ces deux peuples. "Dans le sport, il ne devrait pas y avoir de politique et ces sportifs russes ont travaillé dur pour être ici", regrette Jeanne. "C'est très émouvant de voir tous ces patineurs du monde entier. Ca fait du bien de les voir tous ensemble et ça aurait pu être un beau symbole. Un moment de fraternité", avance-t-elle.
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Pour l'ancienne championne française, Surya Bonaly, qui entraîne désormais des patineurs aux États-Unis, l'absence de ces athlètes russes devrait permettre à des sportifs d'autres nationalités de se révéler. "C'est vrai qu'on a toujours l'habitude de voir des Russes toujours au top", constate-t-elle. "Cela peut donner une opportunité à d'autres patineurs d'enfin trouver place. Des fois c'est démotivant quand vous voyez que les trois premières ce sont des Russes et qu'il ne reste que la quatrième place, 'la place du con', et c'est dur parce qu'on n'est pas reconnu dans le monde du patinage si on n'est pas dans le top 3", affirme-t-elle.
D'autres nationalités "méritent la première place"
Surya Bonaly ne pense pas que le niveau global de la compétition va baisser à cause de leur absence : "Les Russes sont bonnes mais il n'y a pas qu'elles non plus. Alors bien sûr, il n'y aura pas de quadruples sauts, mais même sans ça il y a des filles qui méritent la première place !"
Longtemps incertains, cinq athlètes ukrainiens devraient en revanche être présents. La Fédération française a prévu de les saluer par une minute d'applaudissements en soutien au peuple ukrainien et pour la paix.