Quelques mots prononcés par Noël Le Graët ce dimanche sur RMC auront suffi à embraser le monde du sport. De Kylian Mbappé à Franck Ribéry en passant par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, tous ont condamné les propos tenus par le boss de la Fédération française de football à l'encontre de Zinédine Zidane. Interrogé sur une possible prise de fonction de l'ancien numéro 10 des Bleus à la tête de la sélection brésilienne, le dirigeant de 81 ans a botté en touche et indiqué n'avoir "rien à secouer" du sujet. Il a même assuré qu'il n'aurait "même pas pris au téléphone" l'ancien entraîneur du Real Madrid s'il s'était manifesté pour remplacer Didier Deschamps, finalement prolongé jusqu'en 2026 à la tête des Bleus.
Depuis plusieurs mois, Noël Le Graët multiplie ce genre de sorties polémiques, au point que d'aucuns réclament avec insistance son départ de la FFF avec laquelle son mandat court jusqu'en 2024. Néanmoins, pour l'heure, l'horizon apparait plutôt dégagé pour "NLG" dont le poste à la tête de l'instance ne semble franchement pas menacé.
Le statut de la FFF empêche l'État d'intervenir
Si Amélie Oudéa-Castéra en a remis une couche ce lundi, assurant que "nos joueurs méritent mieux que ce qu'ils ont à la tête de la Fédération", elle n'a pas le pouvoir de destituer l'ancien maire de Guingamp de son fauteuil. La faute au statut même de la Fédération française de football qui fonctionne sur le modèle d'une association.
Ainsi, seuls les membres de ladite association peuvent se prononcer en faveur d'un départ de leur dirigeant. Dans ce cas précis, il faudrait alors que les membres du comité exécutif (Comex) de la FFF se réunissent au sein d'une assemblée générale extraordinaire afin d'entériner un vote de défiance. Le cas échéant, Philippe Diallo, vice-président de l'instance, assurerait l'intérim jusqu'à la fin du contrat de Noël Le Graët avant la tenue de nouvelles élections.
Par conséquent, le gouvernement, par le voix du ministère des Sports, se retrouve bien impuissant. Une situation qui rappelle fortement l'affaire Didier Gailhaguet, ancien président de la Fédération française de patinage artistique, accusé d'avoir caché sous le tapis divers scandales d'abus sexuels. A l'époque, Roxana Maracineanu, prédécesseure d'Amélie Oudéa-Castéra, avait simplement appelé l'intéressé à démissionner. "Le cas de monsieur Gailhaguet, c’est simplement un président bénévole d’une association à qui on demande de prendre ses responsabilités. En effet, la fédération est une association. Les statuts précisent que c’est l’instance de son conseil fédéral qui peut limoger son président", indiquait-elle alors.
La Fifa veille au grain
Plus récemment, le cas de Bernard Laporte a soulevé des problématiques similaires. Condamné à deux ans de prison avec sursis pour corruption, le président de la Fédération française de rugby - qui s'est, depuis, mis en retrait de l'instance - n'avait pas pu être directement destitué par le ministère des Sports qui avait dû se contenter de mettre sous pression l'ancien sélectionneur du XV de France.
S'agissant de Noël Le Graët, dans le cas où l'exécutif outrepasserait ses prérogatives en annonçant son licenciement, la FFF s'exposerait à des sanctions émanant de la Fifa qui punit toute ingérence politique au sein des Fédérations. Cela pourrait aller jusqu'à l'exclusion pure et simple des équipes de France de toute compétition internationale. En clair, seuls un vote de défiance émanant du Comex de la FFF ou une démission du principal intéressé sont en mesure d'entraîner du changement à la tête de la FFF.