Devant la tribune nord du Stade de France, celle qui accueille les visiteurs, les food-trucks et buvettes font leur beurre. Pas de galettes-saucisses mais des sandwiches et des barquettes de frites, pour réchauffer des supporters rennais levés de bonne heure. "La journée va encore être longue", sourit Olivier. Parti à 8 heures de Rennes avec son fils Erwann, 7 ans, écharpe et casquette aux couleurs de l'équipe bretonne, le père de famille n'aurait raté ça pour rien au monde. Lorsqu'on lui rappelle le statut d'outsider de son équipe, qui doit défier l'ogre parisien à 21 heures, il sourit et assure simplement : "On va ramener la coupe à la maison !"
"Et après, on va dire que c'est chez nous qu'il pleut tout le temps"
Méthode Coué ou foi inébranlable dans les chances rennaises ? Un peu des deux. Il est à peine plus de 16 heures et les portes du Stade de France ne sont pas encore ouvertes. Alex, venu en voiture avec cinq copains, confie avec malice avoir parié sur la victoire de son équipe. "Bon, cinq euros seulement. Mais c'est parce que je suis étudiant, pas parce que c'est Paris, hein…" L'un de ses compères croit savoir que Kylian Mbappé "n'est pas à 100%". "Il a quitté l'entraînement avant la fin hier, et j'ai lu ce matin que ses tests n'étaient pas bons. Si c'est vrai, c'est bon à prendre. Sinon, on gagnera quand même. On va manger Neymar !"
Une averse rassemble les supporters en petits groupes, sous les auvents des stands qui entourent l'enceinte. "Il faisait beau quand on est partis ce matin, on arrive à Paris et il flotte", ironise un Breton. "Et après, on va dire que c'est chez nous qu'il pleut tout le temps…" Une écharpe parisienne traverse de temps en temps la masse rouge et noire, émaillée de quelques drapeaux bretons. Romain, venu avec son collègue Sébastien, le porte autour de la taille. Comme beaucoup de supporters, il ne veut retenir de la saison irrégulière de son équipe que ses exploits européens, face au Bétis Séville et à Arsenal : "Vous savez qu'on aime bien battre les grandes équipes ?"
"Changer le souvenir" des défaites passées
Un peu plus loin, le gérant d'un food-truck rappelle poliment que la réalité est un peu plus contrastée. Lorsque Lionel, venu de Saint-Malo, mise sur une victoire de Rennes 2-0 en évoquant, lui aussi, la performance bretonne face aux Gunners, le commerçant ironise : "Vous avez battu Arsenal comme on a battu Manchester, quoi…" Comprendre, au match aller, avant une désillusion et une élimination, en huitièmes de finale de la Ligue des Champions pour le PSG et de la Ligue Europa pour Rennes.
Qu'importe. Les yeux levés vers la tribune nord du Stade de France, Sébastien, la cinquantaine, et son gendre Arnaud, ne sont pas en terrain inconnu. "On était assis là en 2009", année de défaite rennaise en finale de la Coupe de France face à Guingamp. À l'époque, les deux hommes ne se connaissaient pas. Mais ils gardent le même souvenir douloureux d'une fête gâchée. "On veut changer ce souvenir, avec une fin différente", souffle le beau-fils. Quel que soit le scénario, tous deux reprendront la route ce soir, direction la Bretagne. "Mais on n'a pas pris d'engagement sur l'heure. Si on gagne…"