C'est un véritable séisme qui secoue depuis dimanche le football européen, et ses répercussions sont loin d'être connues. Lundi, douze grands clubs du continent ont en effet officialisé le lancement d'une nouvelle compétition privée, censée supplanter la mythique Ligue des champions : la "Super Ligue". Une annonce qui sonne comme une déclaration de guerre à l'UEFA et qui a provoqué une avalanche de réactions. Participants, format, mais aussi réaction des instances du football... Europe 1 fait le point sur cette crise.
Qui sont les participants ?
Prestigieux, le casting donne le tournis. Dans un communiqué diffusé par les site internet de plusieurs d'entre eux, l'AC Milan, Arsenal, l'Atlético Madrid, Chelsea, le FC Barcelone, l'Inter Milan, la Juventus, Liverpool, Manchester City, Manchester United, le Real Madrid et Tottenham annoncent "avoir conclu un accord pour la création d'une nouvelle compétition, 'The Super Ligue', gouvernée par ses clubs fondateurs. On retrouve donc à l'affiche de cette potentielle nouvelle ligue six clubs anglais majeurs, les trois clubs espagnols les plus titrés ces dernières années, et trois des plus grands clubs italiens. Au total, pas moins de 99 titres européens ont été glanés par ces équipes.
Mais d'autres participants pourraient bientôt venir se greffer au projet. Trois autres clubs seront amenés à intégrer ce cercle restreint, selon un communiqué de la nouvelle organisation présidée par Florentino Pérez, le patron du Real Madrid.
Pour l'instant, on ne trouve parmi les fondateurs aucun club français ou allemand. En effet, le Bayern Munich et PSG n'ont pas donné suite. Reste que selon une source proche des clubs à l'origine du projet, "au minimum deux clubs français" disputeront cette "Super League" chaque saison.
20 clubs au total seront engagés chaque saison. Car en plus des 15 formations fondatrices, cinq clubs "qualifiés" s'ajouteront chaque année. Le système de sélection de ces équipes reste toutefois à préciser.
Comment ça va marcher ?
Chaque saison, les vingt clubs seront répartis en deux groupes de dix et disputeront, à partir d'août, des matches aller-retour, soit 18 dates pour la première phase. Les trois premiers de chaque groupe seront ensuite qualifiés pour les quarts de finale, les deux derniers tickets étant distribués aux vainqueurs des barrages entre 4e et 5e de chaque groupe. Ensuite viendra la phase finale, suivant un format de rencontres aller-retour, sauf la finale. Les matches auront lieu en semaine.
Si aucun calendrier n'a pour l'instant été rendu public, la première édition de la compétition "démarrera aussitôt que possible", indique la Super League.
Comment la compétition va-t-elle se financer ?
La Super Ligue a d'ores et déjà promis des ressources supplémentaires à ses clubs fondateurs. Ainsi, un pactole de 3,5 milliards d'euros sera distribué aux quinze clubs fondateurs, le tout financé par la banque américaine JPMorgan. "Je peux confirmer que nous finançons l'opération", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la banque, ajoutant n'avoir pas d'autre commentaire à ce stade. Et la Super Ligue n'hésite pas à s'avancer et à assurer qu'à long terme, les revenus "dépasse(ront) 10 milliards d'euros" sur la période d'engagement des clubs dans la compétition".
Reste désormais à savoir ce qu'il adviendra des montants promis par les futurs éventuels diffuseurs. Pour l'instant, les organisateurs n'ont mentionné aucun accord de diffusion.
Comment réagissent les instances du football ?
Sans surprise, cette annonce a suscité une importante levée de boucliers, aussi bien parmi les supporters que du côté des instances. Les autres clubs ont eux aussi fait part de leur désapprobation. L'Association européenne des clubs (ECA), dont font partie tous les cadors du football européen, a déclaré dimanche soir être "fortement opposée à un modèle de Superligue fermée". Parmi eux, le Bayern Munich et Dortmund, se sont clairement prononcés contre le projet, affirme lundi le patron du Borussia Dortmund Hans-Joachim Watzke.
L'UEFA s'est évidemment insurgée face à ce putsch. "C'est une proposition honteuse" de quelques clubs "guidés par l'avidité", a réagi lundi le président de l'UEFA Aleksander Ceferin. L'instance européenne a également officialisé lundi après-midi la réforme de sa Ligue des champions à l'horizon 2024, impliquant le passage de 32 à 36 clubs. Cette nouvelle formule implique notamment la mise en place d'un mini-championnat à la place de la phase de poules. Mais verra-t-elle le jour ? La question se pose clairement désormais.
Quid d'éventuelles sanctions ?
Le syndicat des footballeurs Fifpro a annoncé lundi qu'il "s'opposerait" à d'éventuelles mesures privatives pour les joueurs amenés à disputer la future Super Ligue. L'UEFA avait en effet prévenu dès dimanche que tout club dissident serait exclu des compétitions nationales et internationales, et que leurs joueurs ne pourraient plus jouer en équipe nationale, par exemple à l'Euro ou à la Coupe du monde.
Il faudra voir si sa menace est conforme au droit européen de la concurrence, ce qui laisse présager une éventuelle bataille juridique. D'autant que dans un courrier adressé à Fifa et UEFA et obtenu par l'AFP, les promoteurs de la Super Ligue ont annoncé avoir lancé préventivement "une procédure devant les juridictions compétentes pour assurer l'instauration et le fonctionnement sans accroc de la compétition".