En ski, Zorro s’appelle Alexis Pinturault. Il sauve à lui tout seul le bilan tricolore grâce à ses deux médailles décrochées devant le public de Courchevel (or en combiné, bronze en Super-G). "Ramener un titre et une médaille de bronze, surtout dans mon pays, dans ma station, je ne le revivrai pas. J’ai déjà fait des mondiaux qui étaient semblables avec plusieurs médailles. Jamais avec les émotions qu’on a pu vivre ici", souligne Alexis Pinturault.
Mais le soutien, à grands coups de décibels du public français, n’a pas suffi à transformer les autres espoirs de podium en médaille sonnante et trébuchante. Comme dimanche, lorsque le champion olympique de slalom, Clément Noel, a fini 4ème à 3 centièmes du bronze ou quand mercredi, la jeune Marie Lamure a pris la médaille en chocolat du parallèle.
"La France est là où elle doit être"
Pierre Mignerey est le directeur technique du ski français. "Je l’avais dit au début des championnats. On n’arrivait pas en favoris. On avait 3 ou 4 cartes principales à jouer. Alexis a très, très bien joué sa carte. Les autres sont vraiment très proches. Clément passe tout près du podium. Tessa [Worley] a fait le job. Il n’y a pas eu de miracles non plus. On est là où on doit être par rapport à notre niveau".
A titre de comparaison, lors des précédents mondiaux organisés en France, en 2009 à Val d’Isère, les skieurs tricolores avaient ramené 3 médailles mais aucun titre. A Courchevel et Méribel, la France termine 6ème nation, à égalité avec l’Allemagne. Le tableau des médailles est dominé par la Suisse suivie de la Norvège. A noter que l’Autriche n’a décroché aucun titre.
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Une météo splendide
"C'est conforme à la hiérarchie mondiale, aujourd'hui, a constaté Pierre Mignerey, directeur national technique de la Fédération française de ski. Alexis (Pinturault) a très bien joué sa carte, Clément (Noël) passe à rien (quatrième du slalom à trois centièmes du podium, ndlr), Tessa (Worley) aussi." "On a vu des jeunes qui pointaient le bout de leur nez", a-t-il ajouté, citant notamment Marie Lamure, quatrième du parallèle individuel.
Merci la météo ! Avec un temps splendide pendant deux semaines, aucune des onze courses n'a été retardée ou annulée, une réussite inédite pour des Championnats du monde de ski alpin. Les organisateurs ont aussi réussi leur pari d'une compétition tenue sur deux sites différents (Méribel pour les femmes, Courchevel pour les hommes), avec des pistes saluées par les sportifs, notamment l'Éclipse, créée spécialement pour l'évènement à Courchevel.
"C'est une réussite ; d'après les retours des fédérations et des athlètes, nous avons des résultats au-dessus des espérances de tout le monde", s'est réjoui le président du comité d'organisation Bernard Front.
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Un public "timide"
À part pour quelques courses très suivies (descente hommes, slalom hommes), la compétition a manqué de public, autour de la piste ou dans des tribunes rarement pleines. De nombreux vacanciers, sur ces sites très touristiques, découvraient avec une certaine indifférence la tenue de l'événement. L'organisation avance 120.000 spectateurs pendant la quinzaine, un chiffre à nuancer avec au moins un quart de ce total comprenant des spectateurs sans billet dénombrés par ses soins au bord des pistes ou dans les "fan zone".
"Sur quelques journées ç'a été plus timide, notamment en première semaine. Le ski n'a pas en France la place qu'il a en Suisse ou en Autriche, un sport national, a commenté la directrice de l'événement Perrine Pelen. Mais on peut se réjouir de la fréquentation et de l'enthousiasme des spectateurs." "On naviguait à vue suite à deux années de Covid. Ça joue dans la relance et la dynamique de grands événements", a ajouté le président de la Fédération française de ski (FFS) Fabien Saguez.
Shiffrin et Odermatt, reine et roi du ski alpin
Attendus, les deux champions ont vite effacé les légers doutes qui les escortaient à leur arrivée. Jeune prince du sport, Odermatt débarquait à Courchevel avec un palmarès déjà très fourni en Coupe du monde, mais sans médaille mondiale. Ses victoires éclatantes en descente, discipline qu'il n'avait jamais domptée, et lors du géant, l'ont couronné nouveau roi du ski alpin, à 25 ans, un an après son titre olympique en géant.
De deux ans son aînée, Mikaela Shiffrin trône sur le circuit féminin depuis plusieurs années mais restait sur le mauvais souvenir des Jeux olympiques à Pékin l'an dernier, conclus sans médaille ni gloire. Après un raté lors du combiné en ouverture des Mondiaux, elle a vite chassé ce cauchemar naissant, en prenant l'argent du super-G deux jours plus tard, avant l'or du géant puis une autre médaille d'argent à l'issue du slalom, portant son total à 14 médailles aux Mondiaux.
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Surprises sur les pistes
Derrière les deux monarques, plusieurs surprises se sont glissées sur les podiums. À commencer par la Canadienne Laurence Saint-Germain, médaillée d'or du slalom à 28 ans, alors qu'elle n'avait jamais fait mieux qu'une sixième place dans cette discipline en sept ans de carrière.
Et que dire de son compatriote James, dit "Jack", Crawford ? Ses trois podiums de Coupe du monde semblaient bien légers avant le super-G, devant les références Odermatt et Aleksander Aamodt Kilde. Mais c'est bien le skieur de 25 ans qui a glané l'or.
Dans la descente féminine, la Suissesse Jasmine Flury, autre skieuse davantage habituée à l'ombre des places d'honneur qu'à la lumière des podiums, a brillé en montant sur la plus haute marche.