L'opération "Sport féminin toujours", initiée par le CSA, le ministère du Sport et le secrétariat d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, doit mettre en lumière, tout le week-end, la pratique sportive au féminin. Et il se trouve qu’une discipline est en plein boom depuis quelques années, dans le sillage d'une équipe de France qui cartonne : le rugby féminin.
Une hausse des licenciées de... 500% ! Premier constat : le rugby féminin est encore petit, mais il grandit vite. Aujourd'hui, elles sont près de 19.000 Françaises licenciées, un record. Un chiffre en augmentation constante depuis plusieurs années : + 500% de hausse par rapport à 2004. Les raisons d'un tel succès sont multiples. D’abord, la fédération a su capter ce public féminin qui jouait déjà depuis longtemps en collège, lycée et surtout université. Ensuite, on constate depuis quelques années une tendance globale à la féminisation du sport. Enfin, des moyens ont été mis très tôt par la Fédération pour encourager la pratique.
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Certes, on est encore loin du nombre de licenciés masculins, environ 260.000 joueurs en club. Mais ce qu'il faut noter aussi, c'est que le rugby, globalement, perd des licenciés chaque année. Donc dans ce contexte, voir le rugby féminin continuer sa croissance est assez exceptionnel. Surtout, cela veut dire qu'on tient là une discipline d'avenir, à fort potentiel.
Des perspectives encourageantes qui s’expliquent aussi par les excellents résultats du XV de France. Car si vous voulez voir des Bleus qui gagnent, ce sont les femmes qu’il faudra aller voir, entre une victoire dans le VI Nations l'an passé et un premier succès historique face à la Nouvelle-Zélande en novembre.
"On est hyper hyper fières que des petites filles puissent s’identifier à nous". n'Diaye est capitaine des Bleus et cet engouement ne l’étonne même pas : "depuis 2014, cela va crescendo. On a la chance d’avoir un public, des gens qui nous soutiennent. On est hyper heureuses, hyper fières que des petites filles puissent s’identifier à nous. Ce n’était pas le cas quand j’ai commencé le rugby. On joue un jeu aéré, rapide, avec des passes. On joue debout et on se régale. Les gens retrouvent le côté 'rugby d’avant' et aiment beaucoup nous regarder".
La Fédération a d'ailleurs récemment mis sous contrat plusieurs joueuses internationales. Un contrat à mi-temps qui permet à ses championnes de vivre du rugby, de s'entrainer davantage. Un pas vers le professionnalisme.
"Des amatrices traitées comme des professionnelles"
Pour parler de ce rugby féminin qui émerge à une vitesse folle, Europe 1 a invité Georges Coudane, directeur sportif de la section féminine du Stade Français.
Vous avez créé en 2011 l'équipe féminine du stade français. Vous êtes parti de rien et aujourd'hui votre équipe est en 1ere division. Qui sont ces femmes qui viennent jouer au rugby ?
On a de tout, des étudiantes, des médecins, des architectes, des gendarmes. Le rugby féminin est construit différemment du rugby masculin, on n’est pas dans l’affrontement, on est dans la vitesse, l’évitement.
Aujourd'hui, les joueuses de rugby dans votre club en 1ere division sont-elles professionnelles ? Payées par le club ?
Absolument pas. Elles bénéficient de primes de match… quand elles les gagnent ! Pour certaines, on les aide un peu sur le logement, mais cela s’arrête là, il n’y a pas d’argent qui circule.
Et comment voyez-vous la suite ? Les Françaises peuvent-elles aller aussi loin que celles du foot ?
Oui, elles peuvent même aller plus loin ! Tout le travail fait par la fédération, en association avec les clubs de l’élite, pour leur aménager des espaces d’entraînement, de préparation, de repos, fait que ce sont des amatrices traitées comme des professionnelles".