Seul candidat à sa succession, Alexander Ceferin a été reconduit à la tête de l'UEFA pour un troisième mandat de quatre ans, se montrant particulièrement offensif pour brocarder une nouvelle fois le projet de Super Ligue qui a sérieusement ébranlé l'instance en 2021. C'est par acclamation que le Slovène de 55 ans a vu son bail étendu jusqu'en 2027 lors du Congrès de la Confédération européenne à Lisbonne, signe de la stature acquise par cet avocat de formation, pourtant inconnu du grand public et peu charismatique à son arrivée au sommet du football continental en 2016 à la place de Michel Platini.
L'ex-patron de la Fédération slovène (2011-2016) a su s'imposer en s'opposant notamment avec succès à son homologue de la Fifa Gianni Infantino, obligé finalement d'abandonner son projet controversé de Coupe du monde biennale. Mais c'est surtout la bataille menée en 2021 contre plusieurs grands clubs, lancés dans l'aventure d'une ligue fermée, qui a constitué le plus grand test pour ce spécialiste des questions juridiques.
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Décision de la CJUE attendue
Le projet initial a été délaissé par ses promoteurs mais la bataille n'est pas encore terminée pour l'UEFA et son président, suspendus à la décision tant attendue de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), saisie par le Real Madrid, le FC Barcelone et la Juventus Turin, qui dénoncent un présumé abus de position dominante de la part de l'instance.
L'avocat général de la CJUE, dont les conclusions sont fréquemment suivies par les juges, a émis mi-décembre un premier avis favorable à la Confédération européenne mais les promoteurs de la Super Ligue ne désarment pas et ont présenté début février une nouvelle mouture de leur projet, avec une compétition qui se veut plus "ouverte", comprenant "plusieurs divisions" et "comptant 60 à 80 équipes".
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"Pas de place pour les cartels"
Ceferin a donc profité de la tribune du Congrès pour lancer une violente charge contre les sécessionnistes. "Heureusement, la honte n'a jamais tué personne, a-t-il déclaré. En quelque mois, la Super Ligue s'est transformée en fable du petit chaperon rouge. C'est le loup qui se déguise en grand-mère pour mieux vous dévorer. Mais personne n'est dupe car ce sont deux visions du monde qui s'affrontent, le cynisme contre la morale, l'égoïsme contre la solidarité, l'avidité contre le partage, la course au profit contre la course aux trophées."
"Il n'y a pas de place pour les cartels sur le continent" a-t-il martelé, appelant à "l'unité". Il n'a d'ailleurs pas manqué de saluer l'ECA (l'Association européenne des clubs) et son président Nasser Al-Khelaifi, le patron du PSG, qui sont restés sourds aux appels du pied de la Super Ligue et ont "protégé" le "modèle" du football européen "reposant sur le mérite". "Il faut tordre le cou au mythe que la privatisation du football est inévitable, les championnats nationaux doivent rester la base du football, c'est le socle de notre modèle", a-t-il ajouté.
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Détente engagée
Avec Infantino, la détente est en revanche bel et bien engagée. "On n'a pas d'autres choix que la collaboration", a affirmé le Suisse, qui a dit vouloir désormais être "un partenaire authentique" de l'UEFA. Ceferin a maintenant les mains libres pour poursuivre ses deux gros chantiers du moment : la réforme du fair-play financier (avec l'introduction d'une sorte de plafond sur les salaires, les indemnités de transfert et les commissions versées aux agents) et la nouvelle formule de la Ligue des champions, qui passera de 32 à 36 équipes à partir de la saison 2024/25 avec une première phase organisée sous forme de mini-championnat. Les droits TV pour cette compétition ont déjà été attribués pour la somme record de 15 milliards d'euros sur trois ans (2024-2027).
Il a aussi évoqué récemment la possibilité de revoir les règles sur la multipropriété des clubs qui interdisent à des investisseurs de posséder plusieurs clubs participant à une même épreuve. Mais le Slovène a temporisé sur cette épineuse question mercredi. "On n'a pas encore pris de décision, a-t-il indiqué. C'était juste une discussion. On n'a pas de solutions pour le moment. C'est trop tôt pour en parler. Ce que je sais c'est que les règles doivent être strictes et ce qui nous anime c'est la durabilité des investissements."