Après quatre quarts de finale consécutifs entre 2013 et 2016, le PSG vient de connaître trois revers de rang en huitièmes de finale de la Ligue des champions, donnant l'idée d'une régression à l'échelon européen.
Si la "remontada" subie face au Barça avait quelque chose d'irrationnel en 2017 (4-0, 1-6) et si le Real Madrid avait paru bien trop fort la saison dernière (3-1, 2-1), l'élimination connue mercredi contre un petit Manchester United, quand bien même le scénario du match a encore été défavorable au club parisien, risque de faire mal au club. Et peut-être aussi quelques victimes.
Du changement attendu dans la direction sportive
À chaque échec majeur, il est le premier visé : l'entraîneur. "J'ai confiance dans le coach. En lui et en ses décisions. Ce n'est pas le moment de prendre une décision (sur de possibles changements), il faut le faire à tête froide", a expliqué le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, mercredi soir, à propos de Thomas Tuchel. "On veut analyser tout ça et voir ce que le coach veut aussi."
Le technicien allemand connaît une première saison pour le moins contrastée. Vanté pour son jeu offensif, ses coups tactiques et sa bonhomie, il est pourtant d'ores et déjà assuré de finir avec un moins bilan que son prédécesseur, l'Espagnol Unai Emery, qui avait conclu la deuxième de ses deux saisons à la tête de l'équipe avec quatre titres. Tuchel, vainqueur du Trophée des champions en début de saison, mais éliminé en Ligue des champions mais aussi en Coupe de la Ligue, ne peut déjà plus en gagner que deux autres : la Ligue 1 et la Coupe de France. Mercredi, ses choix de titulariser Thilo Kehrer et Gianluigi Buffon dans le but n'ont pas été payants. Il a aussi tardé à intervenir, ne procédant à son premier changement qu'à la 70e minute et ne faisant entrer qu'Edinson Cavani que dans le temps additionnel.
Pour autant, Tuchel, qui a bonne presse et qui a la confiance de ses joueurs, ne paraît pas le plus menacé. Le directeur sportif du club, le Portugais Antero Henrique, en revanche… Après plusieurs mercatos ratés dans la quête d'un milieu défensif de classe mondiale (arrivé l'hiver dernier, l'Argentin Leandro Paredes n'a toujours pas convaincu), et la gestion chaotique du cas Adrien Rabiot, banni du groupe parisien pour avoir refusé de prolonger (et aperçu mercredi soir en discothèque après l'élimination, bonjour l'ambiance…), le responsable du recrutement parisien fait figure de fusible idéal. D'autant que son entente avec Tuchel est loin d'être au beau fixe.
La contre-performance de mercredi soir peut-elle monter plus haut encore et inquiéter le président du club, Nasser al-Khelaïfi, présent depuis le début de l'aventure en 2011 ? Même si on le dit moins concerné ces derniers temps, ce proche de l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, présente un profil idéal pour le propriétaire qatarien. Francophone désormais, il a réussi à se faire une place au sein des instances dirigeantes du football européen et siège désormais au comité exécutif de l'ECA (European club association). Mais, sous sa présidence, le PSG a tout de même dépensé un milliard d'euros en transferts, pour des résultats européens guère flamboyants.
Une réflexion à mener sur les joueurs
Après la "remontada" subie face à Barcelone en 2017, le PSG s'était dans la foulée attaché les services de Neymar et de Kylan Mbappé. Mais difficile cette fois de répondre sur le marché des transferts. Avec le "Ney" et "Kyky", les deux "actifs" les plus porteurs - Lionel Messi et Cristiano Ronaldo sont trentenaires - sont désormais au club. Peut-être que le PSG va devoir mieux cibler ses choix - d'où l'importance d'un directeur sportif efficace, comme avait pu l'être, à son époque, Leonardo - et faire des paris, comme il l'avait fait avec Marco Verratti ou Marquinhos, des joueurs recrutés jeunes qui ont su donner une identité au club. Pour certains cadres, qui ont tout connu à Paris - et désormais de sacrés échecs -, comme Thiago Silva, l'heure du départ pourrait peut-être bientôt sonner.
Enfin, il va falloir éclaircir les choses à deux postes clés. Le turnover mis en place chez les gardiens avec Alphonse Areola et Gianluigi Buffon n'a finalement pas donné satisfaction : le premier a fait une bourde à Lyon, lors de la seule défaite concédée en Ligue 1, et le second est responsable sur le deuxième but mancunien mercredi soir. Quant au poste d'avant-centre, Edinson Cavani, 32 ans, n'a ni remplaçant convaincant - Mbappé a montré mercredi soir qu'il avait encore des progrès à faire à ce poste spécifique - ni successeur annoncé.
Le dossier Neymar rouvert
Mais le dossier le plus chaud de ce post-flop concerne bien évidemment Neymar. La star brésilienne est venue au PSG à l'été 2017 (contre une indemnité de transfert de 220 millions d'euros) pour sortir de l'ombre de Lionel Messi mais aussi pour y briller en Ligue des champions. Et voici que son équipe se fait sortir deux fois de suite dès les huitièmes de finale. Et sans lui. Il était blessé pour le match retour face au Real en 2018 et absent lors de la double confrontation face à Manchester cette saison. Cela a tous les atours d'un mauvais karma.
Alors que ses allers-retours au Brésil interrogent toujours autant sur son implication, il a même laissé planer un petit doute sur son avenir parisien, cette semaine, dans un entretien à la chaîne brésilienne Globo. "Le Real Madrid est l'une des plus grandes équipes du monde, tous les joueurs qui perçoivent un intérêt de ce club ont envie d'y jouer. Aujourd'hui, je suis très heureux à Paris, j'y suis bien, mais dans le futur, tout est possible", avait-il déclaré. Dans le futur, est-ce que c'est aussi dans quelques semaines, sachant que le Real a besoin lui aussi d'un sérieux coup de boost ? La question pourrait se poser aussi, mais dans une moindre mesure, pour Kylian Mbappé.
Un mauvais coup pour l'image et les finances
L'élimination subie mercredi soir a eu une première conséquence : l'image en a (encore) pris un sacré coup, le PSG étant devenu le premier club à être éliminé en Ligue des champions après avoir gagné 2-0 le match aller à l'extérieur, deux ans après être devenu le premier club à être sorti de la compétition après avoir gagné 4-0 le match aller à domicile, lors de la fameuse "remontada" du Barça. De là à dire que le club de la capitale va désormais devoir faire avec une image de loser…
La deuxième conséquence est financière : en étant éliminé en huitièmes de finale, le PSG a fait une croix sur 12 millions d'euros, au minimum, soit la somme supplémentaire promise pour les clubs quarts de finaliste. S'envolent aussi les recettes de billetterie du ou des matches qui auraient été disputés à domicile. En résumé : le PSG doit faire le deuil de plusieurs dizaines de millions d'euros. C'est évidemment une mauvaise nouvelle alors que le club reste sous la menace de l'UEFA concernant le fair-play financier, qui interdit aux clubs de dépenser plus d'argent qu'ils n'en génèrent par leur activité propre.
Certes, l'arrivée d'un nouveau sponsor maillot, "ALL" (groupe hôtelier Accor), va donner de l'air au club parisien avec plus de 50 millions d'euros par an sur les trois prochaines saisons. Et, par ailleurs, son partenariat avec la marque Jordan a boosté ses recettes commerciales avec près d'un million de maillots écoulés. Et le PSG doit encore finaliser le renouvellement à la hausse de son contrat avec son équipementier, Nike, pour les saisons à venir.
Mais avec la nécessité d'amortir les transferts pharaoniques de Neymar et de Kylian Mbappé (on parle de 150 millions d'euros à obtenir d'ici la fin de la saison), Paris sera peut-être contraint, pour éviter des sanctions, de vendre un ou plusieurs joueurs à la fin de saison. Et peut-être des joueurs importants…