La double confrontation contre le Real Madrid était l'occasion rêvée de prouver qu'il était la bonne personne au bon endroit. Mais, comme l'an passé, Unai Emery n'a su guider le Paris Saint-Germain vers les quarts de finale de la Ligue des champions mardi. Alors qu'approche la fin de son contrat, l'entraîneur basque semble plus que jamais sur un siège éjectable.
Un nouvel échec retentissant. Sur le banc du PSG, c'est peu dire que le bilan de l'Espagnol est mitigé. Avec lui, le club de la capitale a connu trois échecs retentissants : la perte de la couronne de France la saison précédente, au bénéfice de Monaco, la terrible "remontada" contre Barcelone l'an passé, en huitièmes de finale de Ligue des champions (4-0, 1-6), et maintenant donc, l'élimination au même stade de la compétition contre le Real Madrid (1-3, 1-2). Un sentiment de recul même, là où, avant, les Parisiens cédaient en quarts. Et ce, malgré les sommes folles investies cet été pour se renforcer : plus de 400 millions pour attirer notamment Neymar et Kylian Mbappé.
Des choix critiqués. Certes, l'ancien coach de Séville a dû se passer mardi des services de son crack brésilien, blessé à la cheville et absent pour le match retour. Mais il n'a pas su créer un choc psychologique suffisant dans ses rangs, à un moment qui l'exigeait. Dans une biographie consacrée au technicien de 46 ans, l'actuel défenseur de l'OM Adil Rami, qui a joué sous ses ordres en Andalousie, vantait pourtant la force de ses discours d'avant-match, énormes sources de motivation. On n'en a pas eu l'illustration mardi soir, avec des Parisiens qui n'ont pas su mettre l'impact nécessaire pour se défaire des double tenants du titre madrilènes, ni même seulement d'ailleurs pour les faire douter.
À l'aller, les choix tactiques du Basque avaient été largement critiqués, notamment le remplacement de l'attaquant Edinson Cavani par le défenseur Thomas Meunier peu après l'heure de jeu, sa décision de ne pas faire entrer en jeu Angel Di Maria, pourtant en forme en ce début d'année, sans parler du camouflet infligé au capitaine Thiago Silva, écarté au dernier moment au profit de Presnel Kimpembe. Tant et si bien qu'Emery avait été sifflé par une partie des supporters parisiens trois jours plus tard, juste avant le match contre Strasbourg. Mardi soir, pour la manche retour, il n'a jamais trouvé la clé pour contrer le projet de jeu en 4-4-2 du Real Madrid de Zinédine Zidane.
Contesté en interne. Jamais vraiment convaincant aux yeux du public, Unai Emery suscite aussi visiblement quelques doutes au sein même du club. Plusieurs médias ont déjà révélé que le directeur sportif Antero Henrique, mais aussi Neymar, étaient dubitatifs à son sujet. L'affaire du "penaltygate" opposant "Ney" et Cavani en début de saison a aussi prouvé ses difficultés à gérer les ego au sein du vestiaire.
Remplacé en fin de saison ? Mardi, à la question "Est-ce que cet échec signe la fin de votre aventure au PSG ?", l'intéressé a répondu "Aujourd'hui, je ne pense pas à ça", sans ajouter le moindre mot. Reste qu'Unai Emery est en fin de contrat en juin prochain. L'option de reconduction automatique en cas de qualification pour les demi-finales de C1 vient en effet de voler en éclats. "Ce n'est pas le moment pour parler de changement, tout le monde est énervé. On veut se calmer avant de savoir quoi changer, il nous reste du temps pour réfléchir", a de son côté lâché le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi. Une chose est sûre : fort de ses trois Ligue Europa remportés avec Séville, Emery était venu pour faire passer un palier au club parisien sur la scène européenne. En deux ans, cela n'a pas été le cas. Et le titre de champion de France, qui semble promis à Paris cette saison, ne devrait pas être un argument suffisant pour lui éviter une nouvelle sortie de route. La sienne.