Il est maintenant trop tard, mais la France du football a manqué de peu de voir un coach à bonnet sur le banc de l'équipe de France. Et pas n'importe lequel : Guy Roux, technicien incontournable de l'AJ Auxerre, à qui l'on a proposé deux fois d'enfiler le costume (ou la doudoune) de sélectionneur des Bleus dans les années 1990. Mais à chaque fois, un obstacle a empêché le Bourguignon d'entraîner l'équipe de France de Zinédine Zidane et consorts, explique-t-il sur le plateau de Face aux auditeurs sur Europe 1, dimanche 29 décembre.
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"La première fois", raconte Guy Roux, "c'est après le France-Bulgarie" de 1993, l'un des plus gros échecs de l'histoire des Bleus. Ce soir de novembre, les coéquipiers d'Eric Cantona et David Ginola encaissent un but d'Emil Kostadinov dans les derniers instants de la rencontre, les privant de Coupe du monde aux États-Unis l'année suivante.
Roux a "soufflé le nom de Jacquet"
Le sélectionneur Gérard Houllier est limogé et Guy Roux se retrouve courtisé pour tenter de relever l'équipe de France. "Un haut-dirigeant m'a appelé un vendredi soir, une veille de match de championnat : 'Les dirigeants de première division et nous-mêmes souhaitons que vous preniez l'équipe de France, parce qu'elle a échoué à la Coupe du monde, nous sommes obligés de changer. Qu'est-ce que vous en pensez ?' Je sais pourquoi ils me choisissaient : presque tous les ans, nous jouions une coupe d'Europe. Les présidents de clubs se disaient : 'Si on élimine Guy Roux, on va peut-être éliminer Auxerre, ça fera un concurrent de moins'."
" Je n'aurais pas fait mieux qu'Aimé Jacquet, en tout cas, donc ça m'a enlevé tous mes regrets "
La balle est donc dans le camp de Guy Roux… qui décline l'offre, considérée comme la plus prestigieuse pour un entraîneur en France. "J'avais un vivier de moins de 17 ans. Dedans, il y avait des joueurs avec qui je savais que j'allais faire quelque chose de grand, je voulais être champion de France au moins une fois." Mais ce n'est pas tout : "J'ai refusé, et je peux même dire que j'ai soufflé le nom d'Aimé Jacquet (nommé en décembre 1993, NDLR). Je n'aurais pas fait mieux que lui, en tout cas, donc ça m'a enlevé tous mes regrets."
En 1998, il veut le poste, mais...
"La deuxième fois, c'était après le titre d'Aimé Jacquet, en 1998", poursuit Guy Roux. La France vient d'être championne du monde, et Aimé Jacquet décide de prendre sa retraite à 57 ans. L'entraîneur d'Auxerre se voit de nouveau proposer de s'asseoir sur le banc des Bleus. "J'avais fait le doublé avec le titre de champion de France et la Coupe de France (en 1996, NDLR). J'avançais en âge et ma première réponse, c'est oui."
Pourtant, l'opération va capoter : "Je vais en parler à mon président qui me dit que j'ai un contrat et que je dois le respecter. Il y avait un membre du comité d'Auxerre qui voit le président de la Fédération et lui dit qu'il ne peut pas me proposer un contrat parce que j'en ai déjà un avec Auxerre. C'était clair, je ne pouvais même pas me rebeller. Là, j'étais prêt, mais je ne regrette pas de ne pas y avoir été car la suite a été brillante." Il remportera notamment la Coupe de France à deux reprises avec une jeune génération emmenée par Djibril Cissé et Bonaventure Kalou, avant de quitter le banc du club de l'Yonne en 2005.