Les premières offres pour le rachat du club anglais de Manchester United sont arrivées. Parmi elles, celle du Qatar. Une nouvelle qui plaît aux supporters mancuniens, actuellement en froid avec les dirigeants. Jugée responsable du déclin sportif des Red Devils, la famille américaine Glazer, qui contrôle le club depuis 2005, n'est plus en odeur de sainteté du côté d'Old Trafford, où les supporters ont de nouveau exprimé leur colère dimanche en marge de la réception de Leicester en Premier League.
"Lève-toi si tu hais les Glazer", ont entonné les tribunes, malgré la victoire 3-0 des Red Devils. Les Glazer ont annoncé fin novembre qu'ils étaient près à vendre le club si une offre leur convenait. Deux candidats se sont déclarés depuis vendredi : le président de la Qatar Islamic Bank (QIB), le cheikh Jassim ben Hamad al-Thani, et le milliardaire britannique Jim Ratcliffe, fondateur du groupe de pétrochimie Ineos.
"Les deux me conviendraient du moment que les Glazer dégagent. Je pense que c'est tout ce que veulent la plupart des supporters de United", a assuré à l'AFP Steven Storrinot, 58 ans, venu de Coventry. D'autres offres pourraient arriver, mais entre les deux candidats officiellement déclarés, les supporters mancuniens, déchirés entre le coeur et le portefeuille, ont bien du mal à choisir.
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"Minot" contre milliards
"J'aime le fait que Jim Ratcliffe soit de Manchester, il est né et a grandi à Manchester, mais les Qataris apporteraient beaucoup d'argent et d'investissement", a estimé Darren O'Donough, 44 ans et informaticien, interrogé par l'AFP. "Ratcliffe était supporter de United quand il était minot, donc je le préfère à tous ceux qui sont dans la course pour le moment", a, quant à lui, assumé Dick Morden, un retraité de 65 ans, venu de Leicester.
Sur le plan financier, le propriétaire du groupe Ineos et des clubs de Nice (Ligue 1 française) et de Lausanne (Suisse) ne semble pas faire le poids, malgré une fortune personnelle estimée récemment à plus de 14 milliards d'euros par Forbes. Car la simple évocation du Qatar fait briller les yeux de certains, convaincus que derrière le patron de la QIB, c'est toute la fortune de l'émirat ou presque qui sera au service des Red Devils.
"Pour être vraiment au sommet du football européen, la quantité d'argent nécessaire ne fait que grimper et très peu de gens peuvent se le permettre", a souligné Ross Ingles, 30 ans, directeur de projet, venu de Glasgow. "La famille régnante du Qatar est probablement l'un des rares investisseurs capables d'amener United à un autre niveau, avec la modernisation du stade et les investissements qui seront nécessaires dans l'équipe. C'est pour ça que je préfère (cette offre)", a-t-il ajouté.
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Le Qatar fait rêver et inquiète
Si la QIB est bien une filiale du fonds souverain du Qatar (QIA), qui gère quelques 430 milliards d'euros d'actifs, il n'est pas du tout certain que Jassim ben Hamad al-Thani y puise à volonté. L'exemple de Manchester City est dans tous les esprits. Le club rival, racheté en 2008 par les Emirats arabes unis, a remporté quatre des cinq derniers titres de champion d'Angleterre, quand le dernier de United remonte à dix ans.
Mais il fait aussi office d'avertissement, après les accusations de fraude massive portées récemment contre les Sky Blue par la Premier League. "Si c'est pour se retrouver comme Man City où soudainement plein de choses ressortent parce que tout ne semble pas avoir été fait de façon légale, est-ce que ça pourrait nous arriver à l'avenir?", s'est inquiété Jason McNeely, 35 ans, chef cuisinier à Bristol.
Le Manchester United Supporters' Trust, qui regroupe les principaux groupes de supporters mancuniens, a aussi évoqué dans un communiqué la question de l'équité sportive "compte tenu des liens extrêmement étroits entre ce candidat et les propriétaires d'autres clubs européens, dont le Paris Saint-Germain". Le MUST exige, en outre, des engagements sur les droits de l'homme, tout particulièrement contre la discrimination envers les femmes et les membres de la communauté LGBTQ+.
"On ne les fera pas entrer dans le 21e siècle en les repoussant. Qu'ils viennent (…) voir comment est la vie de ce côté du monde, et je pense que c'est quelque chose qu'ils adopteront", veut croire l'informaticien Darren O'Donough, décidément très optimiste.