Rafael Nadal s'est incliné 6-2, 1-6, 6-3 face à l'étoile montante Carlos Alcaraz, qui s'est tordu la cheville en plein match, vendredi en quarts de finale du Masters 1000 de Madrid, tournoi de reprise de l'ancien numéro 1 mondial un mois et demi après une fracture de fatigue à une côte. La veille, pour son deuxième match sur ocre en 2022 et à une quinzaine de jours de Roland-Garros (22 mai-5 juin), l'Espagnol avait bataillé pendant plus de trois heures et écarté quatre balles de match pour venir à bout de David Goffin. Alcaraz, entré dans le top 10 avant ses 19 ans - qu'il a fêtés jeudi -, va à présent défier le numéro 1 mondial Novak Djokovic pour la première fois samedi en demi-finale. Le Serbe a écarté sans difficulté le Polonais Hubert Hurkacz (14e) 6-3, 6-4 un peu plus tôt dans l'après-midi.
"Rafa" dépassé en défense
Pour son troisième face-à-face avec son illustre aîné, quasiment le double de son âge (36 ans le 3 juin), Alcaraz a eu la mainmise sur la partie pendant le premier set : il a dicté le jeu, puni Nadal dès qu'il jouait trop court et distillé des amorties assassines. De l'autre côté du filet, "Rafa" se débattait de toutes les forces qui lui restaient après son éprouvant combat de la veille, mais il était dépassé en défense. En difficulté sur tous ses jeux de service, le Majorquin n'a frappé que deux coups gagnants dans la première manche, contre 19 à Alcaraz.
Mais la physionomie du match a brutalement changé quand le jeune phénomène espagnol s'est tordu la cheville droite, sur le dernier point du troisième jeu du deuxième set, sur un changement de direction. Un cachet et un bandage plus tard, ce n'était plus le même Alcaraz. Appuis fuyants, déplacements empruntés, le protégé de Juan-Carlos Ferrero ne mettait plus du tout le même engagement dans ses frappes et a semblé souffrir aussi de la main droite. Quand le jeu a repris, "Carlitos" a lâché son service blanc, puis les trois suivants. Au total, il a perdu quatorze des seize points joués jusqu'à la fin du set.
"Que s'est-il passé ?"
Heureusement pour lui, de retour d'une pause aux vestiaires, il a retrouvé ses esprits - et sa force de frappe - dans la manche décisive. Assez pour s'échapper 3 jeux à 1, et reprendre définitivement le dessus sur le Nadal du jour. "Que s'est-il passé ?", a-t-il écrit, encore incrédule, sur la caméra à la fin du match. Sa prestigieuse victoire lui a valu les félicitations en personne du roi d'Espagne, Felipe VI, venu assister au duel entre les deux visages du tennis espagnol.
Quel bilan Nadal tire lui de son tournoi de reprise, avec Roland-Garros qui se profile ? "J'ai joué trois matches, alors que je suis arrivé ici avec une préparation inexistante. Ça n'a pas du tout été un désastre", a répondu l'actuel numéro 4 mondial.