Il est environ 22h37 au stade Santiago Bernabeu, les trois minutes de temps additionnel sont déjà largement dépassées et l'atmosphère est irrespirable. Si Cristiano Ronaldo inscrit le penalty qu'il s'apprête à tirer, il réduit l'écart à 3-1 avec la Juventus Turin et envoie le Real Madrid en demi-finales de Ligue des champions (victoire 3-0 au match aller). Quelques minutes plus tôt, Lucas Vazquez s'est écroulé dans la surface de réparation après un contact avec le défenseur Mehdi Benatia. Cristiano Ronaldo ne tremble pas face à Wojciech Szczesny, qui remplace aux cages un Gianluigi Buffon exclu pour protestation. Le Real Madrid est qualifié, mais la polémique est née.
"Il n'y a pas de discussion. Le penalty y est." Au lendemain de ce match au dénouement digne d'une tragédie grecque, les avis sont toujours partagés. Il y a d'abord ceux qui estiment qu'il n'y a rien à redire à cette faute du défenseur marocain. Les joueurs du Real Madrid, d'abord. "Oui, il y est (le penalty, NDLR)", assure Lucas Vazquez, victime de la faute. "Cristiano me la donne au point de penalty et, quand je vais finir, le défenseur central arrive de derrière et s'enroule sur moi. Il n'y a pas de discussion. Les protestations de la Juve ? C'est normal, c'est la dernière minute", estime le joueur. Marca, journal madrilène, n'a pas hésité à barrer sa une d'un très clair "C'était penalty !"
#LaPortada ¡Fue penalti! #ChampionsLeaguepic.twitter.com/ZXYOcM5uLd
— MARCA (@marca) 11 avril 2018
"Vol du siècle". Du côté de la Catalogne, on est tout aussi certains, mais pas du tout du même avis. "Le vol du siècle", écrit carrément Sport, quotidien qui soutient le Barcelone, rival historique du Real Madrid et éliminé la veille au terme d'une remontada parfaitement menée par la Roma.
"El robo del siglo" #PortadaSPORThttps://t.co/93D2BBX39x
— Diario SPORT (@sport) 11 avril 2018
Les journaux italiens oscillent, eux, entre "la colère et la fierté" d'un côté, pour La Gazzetta dello Sport, et l'injustice d'un "vol" selon Le Corriere della Serra.
Ecco la #primapagina: #ChampionsLeague, #Juve, che furto! #EuropaLeague, missione #Lazio; #Roma, applausi dal mondo intero; Leggi l'#edizionedigitale ➡️ https://t.co/pyES8JumtRpic.twitter.com/0GOpp0EXaO
— Corriere dello Sport (@CorSport) 12 avril 2018
Le défenseur parle d'un "viol". Le défenseur fautif, Mehdi Benatia, ose quant à lui le terme de "viol" : "C'est un viol, qu'est ce tu veux que je dise, c'est un viol." Avant d'expliquer qu'il n'est pas possible de siffler "un penalty comme ça à la 93e minute", manière de dire que le contexte doit influencer la décision arbitrale : "Il y a cette action à la dernière minute, ballon sur Ronaldo qui remet dans l'axe sur Vazquez, lui il veut faire contrôle poitrine pour mettre la tête, il ne me voit pas arriver de derrière, j'essaie de le contourner pour pas le toucher et avec mon pied gauche je touche le ballon. Lui, il joue bien le coup, il se laisse tomber et l'arbitre a le cran de donner penalty à la dernière minute. (…) Il n'y a pas de poussette, s'il y a un contact c'est avec ma cuisse et ça fait partie du football. Il n'y a jamais l'intention de le gêner, de le pousser."
Les arbitres aussi. Les avis divergents ne s'arrêtent pas là. Les arbitres aussi sont divisés. Comme l'ancien arbitre italien, Graziano Cesari, qui remet en cause la décision de l'homme en noir maudit par une partie de la planète football, Michael Oliver. Une preuve de plus que le penalty va continuer à diviser. "Il s'agit typiquement du genre d'action sur laquelle la moitié des arbitres du globe siffle péno, tandis que l'autre moitié laisserait jouer", résume parfaitement So Foot.
Sur Mediaset, Graziano Cesari (ancien arbitre) explique que selon lui il n’y a pas penalty. Avec Benatia qui touche le ballon selon lui. #RMAJUVpic.twitter.com/vsYP7ozrYv
— GuillaumeMP (@Guillaumemp) 11 avril 2018