Son entrée sur le court Philippe-Chatrier s'est faite à pas feutrés. Aucun signe au public quand son adversaire, Rafael Nadal, en adressait trois, presque mécaniques, de la main et avec sa raquette. Logique. Quentin Halys, 18 ans, a disputé mardi sur le central de Roland-Garros le premier match de sa carrière en Grand Chelem, et seulement le deuxième sur le grand circuit ATP (après un deuxième tour à Nice en début d'année), quand Nadal, lui, y foulait pour la 68e fois la terre ocre (pour 67 victoires). Le natif de Bondy, en banlieue parisienne, est davantage habitué au niveau Futures, type de tournoi de 3e niveau réservé aux talents en devenir. C'en est un : Il a achevé la saison dernière au 3e rang mondial chez les juniors avec une finale et deux demies en Majeur. Mais, mardi, il avait face à lui le n°1 de tous les temps à Roland-Garros, Rafael Nadal, nonuple vainqueur de l'épreuve. Le Majorquin a fait valoir la logique (6-3, 6-3, 6-4) en un peu moins de deux heures de jeu.
"J'ai l'impression qu'il y a eu un match." "J'ai réussi à faire mon match de mon côté et à ne pas me focaliser sur qui j'avais en face", a commenté le joueur tricolore, 296e joueur mondial seulement mais déjà très professionnel en conférence de presse. "J'ai eu cinq premiers jeux très tendus. Ça ne sortait pas bien de ma raquette et ensuite, j'ai pu faire mon match. Il a fait très peu de fautes. Il a été très solide, comme il a l'habitude de l'être. Mais j'ai eu l'impression qu'il y a eu un match, un combat à un moment, donc je suis assez satisfait."
Lors de ces cinq premiers jeux "très tendus", Halys a notamment signé un horrible jeu de service, avec trois doubles fautes. Mené 4-1, il a réussi à revenir dans le set en réalisant le break dans la foulée. "C'est la première fois que je joue contre quelqu'un qui frappe aussi fort et qui met autant d'intensité", a convenu Halys. "Il rate très peu, il retourne tout, il est vraiment très dur à jouer. Au début du second set, je me suis fait breaker à 3-2 et ça a été très vite, j'ai un peu baissé nerveusement sur ces deux jeux-ci mais après, je me suis trouvé bien, à la hauteur. Après ça n'a duré que trois sets, c'est sûr. En tout cas, sur ces deux heures, j'ai été capable de jouer avec beaucoup d'intensité." Et comment. Hormis quelques passages à vide, le Francilien a décoché quelques coups droits somptueux et n'a jamais semblé subir l'événement face à un Nadal concentré. "Je me suis senti plutôt bien, j'en avais beaucoup parlé avec mon entraîneur avant le match en se disant que c'était vraiment une chance de jouer sur "son" court entre guillemets. Le public a été génial aujourd'hui et j'ai vraiment adoré jouer ici", a ajouté Halys, d'une voix très posée.
En double sur le court n°16... Trois heures après sa première en Grand Chelem/sur le central/face à Nadal (ne rayez pas de mention), Halys a également participé au premier tour du double messieurs avec son compatriote Enzo Couacaud. Les deux jeunes tricolores n'ont pas fait le poids face au duo italien Fabio Fognini-Simone Bolelli, têtes de série n°6, vainqueurs 6-2, 6-2 en une heure de jeu, dans un cadre plus bucolique que le central, à savoir le court n°16.
"C'est Roland-Garros, donc on a a forcément envie de bien faire, que ce soit du simple, du double, sur n'importe quel terrain, c'est facile de s'y remettre", a commenté Halys en début de soirée. "On a fait notre maximum mais malheureusement, ils étaient plus forts que nous aujourd'hui (mardi). Cette journée va être inoubliable, à moi de travailler pour essayer un jour de battre ces joueurs (Nadal ou Fognini) et de me rapprocher en tout cas le plus possible d'eux." L'an prochain, Halys n'aura que 19 ans. C'est peu, c'est vrai. Mais c'est aussi l'âge auquel Nadal a remporté le premier de ses neuf Roland-Garros...