Son absence pèse lourd pour le clan tricolore. Pour la première fois depuis 2008, Jo-Wilfried Tsonga ne disputera pas Roland-Garros, qui débute dimanche. Le meilleur Français de ces dernières années, double demi-finaliste en 2013 et en 2015, a dû renoncer à fouler la terre battue de la Porte d’Auteuil en raison d’une blessure insuffisamment guérie. Comme un symbole, ses compatriotes, de Lucas Pouille à Kristina Mladenovic en passant par Richard Gasquet, enchaînent les prestations décevantes ces dernières semaines. Dans ces conditions, le tennis tricolore aborde Roland-Garros sans assurance et sans grandes ambitions. A l’exception de Caroline Garcia, la seule à s’être rassurée avant de se rendre à Paris.
- Chez les hommes, la soupe à la grimace
Pas la peine de tourner autour du pot : voir un Français en deuxième semaine constituerait une réelle performance. Lucas Pouille, le n°1 français, enchaîne les contre-performances depuis plus d’un mois. Le 16ème joueur mondial avait pourtant bien débuté sa saison sur terre battue en remportant ses deux simples contre l’Italie, en Coupe Davis, début avril. Mais il a ensuite été éliminé au premier tour à Monte-Carlo, à Budapest et à Madrid, ne gagnant qu’un seul match à Rome (contre l’Italien Andreas Seppi), avant d’être éliminé dès le match suivant par le Britannique Kyle Edmund. Pouille pourra-t-il faire mieux que l’an passé, où il avait été sorti au troisième tour ? Pas sûr.
Adrian Mannarino, le n°2 français (27ème mondial), n’est, lui, pas un spécialiste de la terre battue. Richard Gasquet, quart de finaliste en 2016, offre davantage de garanties sur l’ocre. Le Bitterois (32ème mondial) a réussi à atteindre les quarts de finale à Monte-Carlo (battu par Zverev), mais il n’a ensuite remporté qu’un seul match, au premier tour à Madrid. Gaël Monfils (38ème mondial), le meilleur Français l’an passé (huitième de finaliste, éliminé par Wawrinka), n’a lui aussi remporté qu’une seule rencontre depuis son retour à la compétition début mai, après presque deux mois d’arrêt à cause d’une blessure au dos.
Enfin, Benoît Paire (50ème mondial), vainqueur de Pouille à Madrid et de Gasquet et de l’Argentin Schwartzmann à Rome, est capable du meilleur comme du pire. "Vu les résultats sur terre battue, c’est difficile chez les garçons. On manque de repères et de résultats. Mais en même temps ils vont être frais. Le soutien du public français va aussi compter", veut croire Thierry Champion, directeur du haut niveau à la Fédération française de tennis (FFT), interrogé par Europe 1. Et si, finalement, la surprise venait de Gilles Simon (75ème mondial) ? Le vétéran de 33 ans a atteint la finale à Lyon, samedi, battu seulement en trois sets par Dominic Thiem. On se rassure comme on peut...
- Chez les femmes, l’éclaircie Garcia
Chez les femmes, le constat n’est pas aussi déprimant. En effet, Caroline Garcia représente un beau coin de ciel bleu dans le paysage maussade du tennis français. La n°7 mondial aborde Roland-Garros en forme et avec confiance, dans la lancée de ses belles performances sur terre battue. Garcia a atteint les demi-finales aux tournois de Stuttgart et de Madrid (l’équivalent d’un Masters 1000 chez les hommes), battant au passage la Russe Maria Sharapova et surtout l’Ukrainienne Elina Svitolina, l’une des prétendantes au sacre à Roland-Garros. La n°1 française a cependant été corrigée par la Néerlandaise Kiki Bertens (en demies à Madrid) et par la n°1 mondiale Simone Halep (en quarts à Rome), toutes deux spécialistes de terre battue. Si Garcia veut faire mieux que son quart de finale de l’an dernier, il faudra élever encore d’un cran son niveau.
Kristina Mladenovic, elle aussi quart de finaliste l’année passée, est loin de bénéficier des mêmes assurances que sa compatriote. "Kiki" (30e mondial) n’a gagné que trois matches sur huit sur terre battue. Elle n’a pas rassuré la semaine dernière à Rome, abandonnant en raison de vertiges. Sera-t-elle remise à 100% pour Roland-Garros ? Alizé Cornet, elle, peut déjà se réjouir de sa participation au tournoi parisien. La 33ème mondial a en effet été blanchie alors qu’elle risquait une longue suspension pour trois "no show" aux contrôles antidopage. La voir à Roland est déjà, en soi, une vraie victoire.